A quelques jours de l’audience qui devait avoir devant la cour de justice de le République, Noël Le Graët, par la voix de son avocat a annoncé retirer sa plainte pour diffamation contre l’ancienne ministre des Sports. Invitée dans l’émission Sport etc, Amélie Oudéa-Castéra réagit en exclusivité à cette annonce au micro d’Anne-Laure Bonnet.
Législatives, dissolution, alliances…Ce qu’il faut retenir de la conférence presse d’Emmanuel Macron
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« J’y vais pour gagner », a martelé Emmanuel Macron dans Le Figaro Magazine, après avoir dissous l’Assemblée nationale. Si plusieurs cadres de la majorité souhaitent qu’Emmanuel Macron, dont l’impopularité a été lourdement sanctionnée aux Européennes, se fasse discret, c’est raté. Ce mercredi, il présentera son programme et sa stratégie destinée à « tendre la main à tous ceux qui sont prêts à venir gouverner » avec lui et excluant toute démission quelle qu’en soit l’issue du scrutin.
Quelle part Emmanuel Macron prendra-t-il dans la campagne ? Quels pas est-il prêt à faire vers les LR et le centre gauche ? Et si le RN arrivait à Matignon ? Autant de questions qui l’attendent mercredi matin à partir de 11 heures lors d’une conférence de presse au Pavillon Cambon Capucines dans le 1er arrondissement de Paris. Un évènement ici.
« Non à l’esprit de défaite, oui à l’éveil, au sursaut républicain »
Dans sa conclusion, le président de la République a lancé plusieurs appels, incitant les électeurs à ne pas se désespérer : « Non à l’esprit de défaite, oui à l’éveil, au sursaut républicain ! », lance-t-il, expliquant que « nos compatriotes sont des républicains, des femmes et des hommes de bonne volonté ». « L’esprit de défaite est toujours venu des élites », vilipende-t-il, justifiant avoir « fait le choix de faire confiance en nos compatriotes, plutôt que dans les combines et l’esprit de démission et de défaite », sous les applaudissements des ministres.
« Je suis confiant dans la France, son avenir », tente-t-il de rassurer. « Il ne s’écrit pas dans le rétrécissement de ses valeurs, de sa devise, il s’écrit avec exigence en étant lucide sur la défaite de dimanche dernier, sur la colère exprimée par nos compatriotes », continue-t-il. « Il faudra de toute façon, gouverner différemment, avec calme, avec respect, avec dignité au service de notre pays. Je crois que ce chemin est non seulement possible, il est souhaitable et il est à conquérir », termine-t-il son intervention.
« Qui est candidat du bloc d’extrême-gauche et associés ? C’est Monsieur Mélenchon », estime Emmanuel Macron
Interrogé sur la nomination du futur Premier ministre à la suite des élections législatives, le chef de l’Etat a d’abord estimé « bon que chaque projet soit porté », sous-entendant vouloir reconduire Gabriel Attal en cas de victoire aux élections : « La majorité présidentielle, c’est le Premier ministre », clarifie-t-il.
Emmanuel Macron a ensuite dénoncé l’absence de clarté à gauche sur le candidat naturel au poste de Premier ministre : « Je vous invite à vous poser la question de qui est candidat du bloc d’extrême-gauche et associés ? C’est Monsieur Mélenchon », répond-il. « L’accord qui a été signé, c’est 300 circonscriptions LFI. Il faut être clair sur qui dirige », avance-t-il.
Emmanuel Macron reconnaît « une responsabilité » dans l’échec de son camp aux élections européennes face à l’extrême droite.
Interrogé sur la défaite de sa majorité et sur le score du RN, le Président de la République déclare : « Oui, j’ai une responsabilité, j’ai une responsabilité dans le fait que sans doute je n’ai pas apporté de réponses assez rapides et radicales à des inquiétudes légitimes qu’avaient nos compatriotes. » Il a reconnu avoir manqué de réponses « au malaise qui existe dans la ruralité », « au sentiment de perte de contrôle, de dépossession, aux peurs qui existent, au sentiment aussi de déclassement qu’il y a dans certains de nos quartiers ».
Emmanuel Macron affirme qu’Eric Ciotti « a fait un pacte avec le diable »
Interrogé sur de possibles alliances avec des candidats de droite et de gauche ne souhaitant pas être associés avec les extrêmes, le chef de l’Etat d’abord affirmé que ce n’était pas « son rôle de rentrer dans des logiques d’appareil et de consigne de vote ». Il en a néanmoins profité pour donner son analyse sur le coup de tonnerre qui a frappé Les Républicains, dont le président, Éric Ciotti a annoncé un accord avec le RN malgré l’opposition de la quasi-totalité des cadres. « Ils ont un président qui a fait un pacte du diable […] le président du Sénat, la totalité des sénateurs LR et la quasi-totalité des députés LR ont été claires. Ils ne se retrouvent pas dans la ligne de leur parti. Donc ils vont avoir un élément de clarification à faire. Mais, on ne peut pas habiter à tous les étages. Donc, ils auront un candidat RN en face d’eux […] Mettons-nous d’accord sur deux ou trois idées clés et à ce moment-là il faudra assumer des choix », a-t-il déclaré sous entendant que des accords de désistement pourraient avoir lieu.
De même à gauche, Emmanuel Macron estime que des députés socialistes, écologistes et communistes « n’ont rien à faire avec LFI ». « Et donc c’est le même dialogue qui doit être engagé. Ils ne peuvent se retrouver dans cette alliance qui n’est même pas baroque mais indécente. S’il y en a un qui doit se retourner dans sa tombe, c’est Léon Blum en pensant qu’on a appelé Front populaire, une alliance électorale qui permettra de donner 300 circonscriptions à LFI, à des gens qui ont assumé de ne pas condamner l’antisémitisme ». « Les masques tombent. On ne peut pas faire des alliances de boutiques en étant d’accord sur tout », a-t-il conclu.
Emmanuel Macron suspend la réforme du corps électoral en Nouvelle Calédonie
A propos du projet de loi constitutionnelle sur la réforme du code électoral en Nouvelle-Calédonie, Emmanuel Macron annonce « le suspendre pour donner toute sa force au dialogue sur place et au retour à l’ordre ».
Emmanuel Macron assume la réforme de l’Assurance chômage
La campagne des législatives sera portée par Gabriel Attal
Alors que certains membres de la majorité, comme l’ex-Premier ministre Edouard Philippe, demandent au chef de l’Etat de rester en retrait dans la séquence électorale qui s’ouvre, Emmanuel Macron assure qu’il n’incombe pas au président de la République pour les législatives. « Le président de la République, il doit donner un cap, une vision, mais il n’est pas là pour faire campagne aux législatives. Donc je ne ferai pas campagne aux législatives. De la même manière que je ne l’ai pas fait en 2022 et en 2017, cela n’a pas changé », a-t-il assuré.
« Le président n’a pas à faire campagne. C’est le Premier ministre qui va porter cette campagne avec les responsables de la majorité qui sont là à ses côtés », a-t-il souligné. Emmanuel Macron a également évacué l’hypothèse d’un nouveau débat avec Marine Le Pen. « J’ai compris que Madame Le Pen voulait rejouer la présidentielle en disant que si elle faisait un débat avec moi, il fallait ensuite que je démissionne. Je l’invite à relire la Constitution de notre République. Donc non. »
Emmanuel Macron exclut la possibilité de démissionner
Interrogé sur une éventuelle démission en cas d’arrivée au pouvoir du Rassemblement national, le chef de l’Etat a balayé cette hypothèse. « Je vais tordre le cou à ce canard qui n’a jamais existé, c’est absurde. Je crois en la force de nos institutions. Ecoutez, je me suis soumis à deux reprises au suffrage des Françaises et des Français », a rappelé Emmanuel Macron.
« J’entends tout ce qu’on dit sur ma pomme. On le disait il y a deux ans. Il se trouve que je suis allé aux élections, et que l’on m’a tout de même choisi, donc ça ne doit pas être si terrible que certains le décrivent. Après, qu’il y ait des ambitions personnelles des uns et des autres qui soient contrariées par les mouvements actuels… Dont acte. »
« La fédération de projets, ce n’est pas qui m’aime me suive »
En conclusion de son long propos introductif, Emmanuel Macron relance son appel à étendre la majorité présidentielle aux partis les plus proches. « Nous sommes prêts à intégrer des propositions de sociaux-démocrates, comme de responsables venant de la droite gaulliste ou des écologistes, soit en matière d’ordre républicain, de justice sociale, d’écologie », a insisté le président de la République. Il a ciblé en particulier « toutes celles et tous ceux qui ne peuvent pas se retrouver dans les alliances avec les extrêmes des deux côtés », « tous ceux qui défendent sans ambiguïté les valeurs de la République, qui veulent le progrès et la justice. »
Et de préciser : « La fédération de projets, ce n’est pas qui m’aime me suive, ça n’est pas vous viendrez vous y mettre et l’appliquer à l’issue, c’est la volonté sincère et humble de bâtir des consensus et de tisser des compromis. »
Évoquant une « refondation de la vie politique », Emmanuel Macron invite son Premier ministre et les responsables de la majorité à bâtir « dans les 18 jours qui viennent » et durant l’entre-deux-tours cette « fédération de projets ».
« Le travail doit mieux payer », défend Emmanuel Macron, qui confirme que « les retraites seront bien indexées sur l’inflation »
Expliquant avoir centré son action autour de « l’efficacité », le chef de l’Etat reconnaît cependant que la vie des Français « ne s’est pas assez améliorée ». » Le travail doit mieux payer », explique-t-il, appelant à « être plus ambitieux », notamment sur la nécessité de « partager les revenus du travail et de la richesse », proposant le développement de « primes sans charge ni impôts pour les indépendants ». « Nous devons rouvrir ce chantier qui n’est pas coûteux sur les finances publiques », martèle-t-il. Le chef de l’Etat fait également son « mea culpa » sur l’accès au logement des jeunes, et appelle à « ouvrir le sujet du temps partiel subi ».
Sur les retraites, Emmanuel Macron estime que « nos anciens veulent vivre avec quiétude ». « Nous avons agi en augmentant les pensions », défend-il, confirmant que « les retraites seront bien axées sur l’inflation ». « La majorité est la seule à proposer ça clairement », assure-t-il. « Que proposent les autres ? Mettre le système des retraites en banqueroute », étrille le chef de l’Etat, pour qui, il n’y a « pas de recette miracle ». « Le seul projet responsable est celui qui correspond à l’éthique de responsabilité », jugeant le projet des oppositions comme étant « incompatible avec la préservation du pouvoir d’achat ».
Emmanuel Macron souhaite « l’interdiction des téléphones avant 11 ans » et « des réseaux sociaux avant 15 ans »
Dans son propos liminaire avant les questions des journalistes, Emmanuel Macron dessine le programme du parti présidentiel et de ses potentiels alliés pour ces élections législatives. Il formule ainsi un troisième axe de campagne autour de « la lutte contre les inégalités de destin ».
Parmi les propositions formulées dans cet axe social, « l’accès à la santé et la lutte contre les déserts médicaux », la « rebâtir l’aide sociale à l’enfance », « rebâtir l’école républicaine ». Le président de la République affirme également que le programme du parti présidentiel répondra à « la question des écrans », « pour protéger nos enfants en ne permettant pas l’usage des téléphones avant 11 ans et l’accès aux réseaux sociaux avant l’âge de 15 ans ».
Economie et écologie, « le cap que je donne unit toutes les forces de la majorité »
Le chef de l’Etat a opposé son bilan et son programme à venir à ceux de l’extrême droite et de la gauche en matière de réindustrialisation et de transition énergétique. « Ce ne sont pas des propos d’estrade. Nous avons un bilan », a-t-il affirmé. « Nous avons créé plus de 7 millions d’emplois, commencer à réindustrialiser le pays, renforcer sa souveraineté agricole et industrielle […] renforcer la simplification pour les entrepreneurs […] et nous sommes de ceux qui n’opposent pas économie et écologie ». Il rappelle que la création de huit nouveaux réacteurs nucléaires est au programme à venir. « Le cap que je donne est clair et unit toutes les forces de la majorité », assure-t-il. En face, « l’extrême droite « c’est un renoncement au projet écologique et il n’y a pas de projet de renforcement économique », a-t-il opposé. « Quant à l’extrême gauche, par sa politique de taxation déraisonnable et de sortie du nucléaire […] elle est tout à la fois l’impossibilité de suivre un chemin écologique crédible et un appauvrissement du pays ».
Emmanuel Macron prône « l’autorité républicaine à tous les étages »
Le Président de la République a poursuivi son propos liminaire en posant des éléments programmatiques. Il a estimé que « le sentiment de dépossession » qui s’était exprimé dimanche aux européennes, à travers le score du Rassemblement national, appelait des réponses régaliennes. « L’autorité républicaine à tous les étages », a-t-il martelé. « Beaucoup a été fait : recrutement de policiers, de gendarmes et de magistrats de manière inédite, lutte contre les séparatismes, le trafic de drogue, l’immigration illégale. Nous devons continuer d’agir pour plus de fermeté et de sécurité, mettre en œuvre les textes qui ont été votés », a déclaré Emmanuel Macron.
Il a évoqué la question des mineurs délinquants, précisant notamment que la prise en charge des mineurs non accompagnés serait dorénavant gérée par l’Etat, et non plus au niveau des collectivités locales. Sur le plan judiciaire, il promet « des peines plus rapides, plus sûres et plus lisibles ».
« Ce que nous proposons, c’est plus de fermeté, mais dans le cadre de la République et de ses valeurs. C’est aussi cela qui nous oppose aux deux blocs des extrêmes ; ce qui est proposé par l’extrême gauche, c’est une réponse par la communautarisation, ce qui est proposé par l’extrême droite, c’est une réponse par la sortie de la République, de ses valeurs et de son socle même », a-t-il taclé.
Emmanuel Macron propose un « grand débat sur la laïcité »
Il a également évoqué une « généralisation » du service national universel à la rentrée 2026, et un renforcement de la lutte contre les discriminations, à travers notamment la relance d’une « intégration républicaine qui est, par aujourd’hui, trop défaillante ».
Emmanuel Macron souhaite que les dirigeants de la majorité présidentielle dialoguent avec des forces « qui n’en sont pas membres aujourd’hui »
Après avoir critiqué les alliances « contre-nature » aux deux extrêmes, qualifiant l’accord entre le RN et des députés LR, ou encore le Front populaire de « bricolages d’appareils », le président a défendu la cohérence de sa majorité. Une majorité qu’il a qualifiée de « bloc central, progressiste, démocratique et républicain ».
Le chef de l’Etat demande aux cadres de sa majorité d’entamer un dialogue avec les forces politiques qui n’en sont pas membres, et qui « auront ensemble su dire non aux extrêmes ». « D’ici à l’élection et une fois l’élection passé, nous pourrons, nous devons et nous devrons avoir un dialogue exigeant, constructif et ouvert, et réfléchir à la meilleure manière de travailler ensemble », a-t-il expliqué, évoquant une « fédération de projets ».
Emmanuel Macron a cité les sociaux-démocrates, les radicaux, les démocrates chrétiens ou encore les gaullistes.
Emmanuel Macron dénonce des « alliances contre nature aux 2 extrêmes », souhaitant « apporter une réponse démocratique »
Défendant le bilan de ces deux dernières années, le chef de l’Etat reconnaît que la composition de l’Assemblée nationale a rendu son « action moins lisible », qui n’a « pas permis de bâtir des coalitions durables ». « L’équation parlementaire devenait difficilement tenable », constate Emmanuel Macron, qui explique avoir « pris acte d’un blocage qui empêchait le gouvernement d’agir », qu’il qualifie de « dangereux pour la France ». Le président de la République en profite pour critiquer « l’attitude des députés LFI qui ont créé un désordre constant dans l’Assemblée nationale ».
« L’équation parlementaire devenait difficilement tenable », constate Emmanuel Macron, qui explique avoir « pris acte d’un blocage qui empêchait le gouvernement d’agir », qu’il qualifie de « dangereux pour la France ».
« Le vote de dimanche soir était clair. Les suffrages exprimés ont placé les forces d’extrême droite à plus de 40% et les extrêmes à plus de 50% », analyse-t-il, qu’il justifie étant donné les « inquiétudes sur la sécurité, l’immigration, le pouvoir d’achat et l’émotion ressentie face aux drames de l’actualité ». Décrivant des sentiments de « colère » et de « ressentiment », il estime nécessaire d’apporter « une réponse démocratique ».
En cela, il juge que « la dissolution permet de clarifier les choses », estimant qu’il s’agit d’un « acte de confiance dans notre peuple, dans le bon sens national ». Parlant d’un « moment historique pour notre pays », cette décision a permis selon lui, la « clarté des choix proposés ». « Les masques tombent et la bataille des valeurs éclate au grand jour », torpille-t-il, tançant d’un côté « ceux qui veulent faire prospérer leur boutique et ceux qui veulent faire prospérer la France ».
L’occasion pour les chefs de l’Etat de s’en prendre aux « alliances contre nature des 2 extrêmes », il s’en prend d’abord à Eric Ciotti, qu’il accuse de « tourner le dos à l’héritage du général de Gaulle, de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy ». Avant de critiquer l’alliance à gauche : « la gauche républicaine vient de s’allier avec l’extrême-gauche qui s’est rendue coupable d’antisémitisme, d’antiparlementarisme et de rupture avec beaucoup de valeurs de la République ».
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