Arrêté en 2022 pour avoir dénoncé l’invasion en Ukraine, condamné à 25 ans de prison pour « haute trahison », plusieurs fois empoisonné, l’opposant politique russe Vladimir Kara-Mourza était auditionné au Sénat ce 10 avril. Après avoir livré sa perspective sur la société russe, l’opposition au Kremlin et la guerre en Ukraine, le vice-président de la fondation Russie Libre a aussi été interrogé sur sa vision de la politique française.
« De vos yeux de Russe, pouvez-vous expliquer pourquoi l’extrême gauche et l’extrême droite, dans nos pays européens et notamment en France, sont aujourd’hui pro-Poutine et anti-Zelensky ? », lui a ainsi demandé le président du groupe Les Indépendants Claude Malhuret.
Une référence au « crédit bancaire du Front national »
« Quand je parle devant les parlements des pays européens, chaque fois que des députés d’extrême droite et d’extrême gauche s’expriment, ils pourraient parler sur la première chaîne de la télévision russe, parce qu’ils utilisent les mêmes mots », pointe Vladimir Kara-Mourza. « Les plus grands amis de monsieur Poutine dans les pays occidentaux sont soit à l’extrême gauche, soit à l’extrême droite », ajoute-t-il.
Pour l’opposant russe, la sympathie de certains partis occidentaux à l’égard du chef du Kremlin s’explique notamment par des intérêts financiers. « Je suis sûr que, lorsqu’il y aura un changement politique en Russie et que les archives seront publiées, nous allons trouver pas mal d’informations intéressantes sur les liens financiers entre le régime de Poutine et les partis d’extrême gauche et d’extrême droite », observe-t-il.
Sans s’étendre davantage sur le sujet, Vladimir Kara-Mourza a tout de même cité « le crédit bancaire du Front national ». Une référence au prêt contracté par le FN auprès d’une banque russe, la First Czech Russian Bank, pour financer la campagne du parti aux élections régionales et départementales de 2015. De son côté, Marine Le Pen s’est toujours défendue d’entretenir des liens avec le Kremlin, même si elle a été reçue officiellement par Vladimir Poutine en 2017. La cheffe de file du RN assure n’avoir eu d’autre choix que de recourir à des emprunts de banques étrangères, face à la frilosité des banques françaises à soutenir son parti. Devenu de plus en plus encombrant depuis l’invasion russe en Ukraine, le Rassemblement national a finalement remboursé en 2023 son prêt de plus de 6 millions d’euros.