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Incursion ukrainienne : « L’opération permet de déstabiliser les Russes qui mènent une offensive dans la région de Donetsk », analyse un ancien général

Depuis mardi 6 août, l’armée ukrainienne livre une offensive dans la région russe de Koursk, la première en deux ans et demi de combats. Tournant stratégique ou technique de diversion, les buts de l’offensive ne sont pas encore clairs mais pourraient déstabiliser l’armée russe.
Henri Clavier

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« La Russie a apporté la guerre à notre pays et devrait en ressentir » les effets, a déclaré le président ukrainien Volodymyr Zelensky, ce jeudi 8 août. Depuis mardi 6 août, l’armée ukrainienne mobilise un peu plus de mille soldats, appuyés par une dizaine de chars et une vingtaine de véhicules blindés dans la région de Koursk. En parallèle, plusieurs attaques de drones ont été effectuées dans les régions de Lipetsk, à 300 km de la frontière ukrainienne, et de Belgorod. Une contre-attaque majeure au moment où l’armée russe progressait dans la région de Donetsk, laissant craindre un effondrement des défenses ukrainiennes.

Surtout, pour la première fois l’Ukraine est en mesure de porter la guerre sur le sol russe, un véritable succès pour l’état-major qui réclame depuis plusieurs mois l’autorisation d’utiliser le matériel fourni par les Occidentaux pour frapper le sol russe. Une demande jusque-là refusée par les Etats-Unis.

La guerre portée sur le sol russe

Malgré ces incursions, le gouvernement russe se veut rassurant. « L’opération de destruction des formations de l’armée ukrainienne se poursuit », annonçait jeudi le ministère russe de la Défense, assurant empêcher les forces de « pénétrer profondément » dans la région. Dans une intervention à la télévision russe, Vladimir Poutine a évoqué une « provocation à grande échelle ». En dépit de ces déclarations, les forces ukrainiennes semblent progresser au sein du territoire russe. Selon l’Institut pour l’étude de la guerre, un centre de recherche basé aux Etats-Unis qui dresse un bilan quotidien de l’évolution du front, les troupes ont réussi à s’enfoncer jusqu’à 35 km à l’intérieur du territoire ennemi. « Les Russes ont été très surpris, les Ukrainiens subissent de lourdes pertes mais d’une part le symbole est fort, le sol russe est en guerre et d’autre part cela semble désorganiser la logistique de l’armée russe », analyse le général Dominique Trinquand, ancien chef de la mission militaire de la délégation française aux Nations Unies.

Ralentir la percée dans la région de Donetsk

Au-delà du symbole, l’opération poursuit des objectifs à court et moyen terme permettant de rééquilibrer le rapport de force entre les deux armées. Depuis plusieurs mois le front n’évolue pas et les tentatives de contre-offensive ont toutes échoué. « L’opération ukrainienne permet de déstabiliser les Russes qui sont en train de mener une offensive dans la région de Donetsk. Cela contraint les Russes à engager les réserves pour contenir l’offensive ukrainienne et donc à ralentir la percée dans la région de Donetsk », rapporte le général Trinquand. A minima, l’incursion en territoire russe permet donc de faire gagner du temps aux Ukrainiens sur le reste du front. En effet, vendredi 9 août au matin, la Russie a affirmé déployer des renforts dans la région de Koursk pour faire cesser la progression des troupes ukrainiennes.

Néanmoins, malgré leurs progrès les Ukrainiens pourraient payer le prix fort pour cette offensive. « Cela peut considérablement fragiliser la ligne de front et les Russes, s’ils ont suffisamment de réserves pourraient étirer le front et mettre en difficulté l’Ukraine qui n’a pas de défense dans ces zones », prévient le général Trinquand.

« C’est un coup osé de la part des Ukrainiens »

En tout état de cause, l’opération ukrainienne fait office de révélateur pour l’armée russe, prise à revers sur son territoire. Alors que les gouverneurs des régions de Koursk et de Lipetsk ont déclaré l’état d’urgence, plusieurs dizaines de milliers d’habitants ont dû être déplacées. Dès lors, selon le général Trinquand, deux options s’offrent à la Russie. Exercer une pression diplomatique et demander aux Etats-Unis, qui refusaient que l’Ukraine frappe directement le sol russe, de contenir les Ukrainiens. L’autre option consiste à une contre-offensive militaire à plus grande échelle, mais là encore la question des réserves de l’armée russe et de sa capacité à mobiliser ses troupes loin des zones de combats interroge. « C’est un coup osé de la part des Ukrainiens, quoi qu’il en soit, ce sera un révélateur majeur sur les capacités de l’armée russe à tenir mais également à se mobiliser », souligne le général Trinquand.

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