Sebastien Lecornu : Conference de Presse

Sébastien Lecornu « n’exclut pas » de contraindre les industriels pour produire plus d’armes et de munitions

Face à la faiblesse de la production d’armement et de munitions de l’industrie de la défense française, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, « n’exclut pas » de contraindre les industriels par des « réquisitions ». L’objectif est de répondre aux besoins de l’armées et d’aider davantage l’Ukraine. Pour le sénateur LR Cédric Perrin, c’est la preuve que « nous ne sommes pas en économie de guerre ».
François Vignal

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Il agite la menace. Face à un niveau de production encore loin des attentes du gouvernement, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, est prêt à contraindre l’industrie de la défense pour accélérer les choses.

« Pour la première fois, je n’exclus pas d’utiliser ce que la loi permet au ministre et au délégué général pour l’armement (DGA) de faire, c’est-à-dire, si le compte n’y était pas en matière de cadence et de délais de production, de faire des réquisitions le cas échéant ou de faire jouer le droit de priorisation », a affirmé ce mardi le ministre, lors d’une conférence de presse en présence de tous les chefs d’état-major, rapporte l’AFP. Pour l’exécutif, l’enjeu est autant de pouvoir assurer ses engagements en matière d’aide à l’Ukraine, notamment en munitions, que de répondre aux besoins de l’armée française.

Ces réquisitions, permises par la loi de programmation militaire, adoptée l’automne dernier, peuvent être de « personnels, de stocks ou d’outils de production », a rappelé le ministre. « Ce n’est pas l’outil prioritaire au moment où je vous parle, mais je vous dis que ça existe parce que ça crée de la lisibilité aussi pour tout le monde, il n’y aura pas de surprise », prévient Sébastien Lecornu.

« S’il veut faire cela, il rentre effectivement dans le système d’économie de guerre »

Des déclarations qui ne surprennent pas Cédric Perrin, président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat. « Cela veut dire que nous ne sommes effectivement pas en économie de guerre », souligne le sénateur LR du Territoire de Belfort, « je ne cesse de le dire ».

« Je l’ai dit sur tous les plateaux. Nous ne sommes pas en économie de guerre, puisqu’il n’y a ni réquisition d’entreprise, ni de personnels, ni aide massive aux entreprises pour produire plus vite », pointe du doigt le président de la commission, alors qu’Emmanuel Macron a répété à plusieurs reprises, depuis 2022, que la France était en « économie de guerre ». Si Sébastien Lecornu met ses menaces à exécution, la donne changera en revanche. « S’il veut faire cela, il rentre effectivement dans le système d’économie de guerre », souligne Cédric Perrin.

Après un déplacement en Ukraine, fin 2023, un rapport de la commission, signé par Cédric Perrin, le sénateur centriste Olivier Cigolotti, le sénateur LR Ronan Le Gleut et le sénateur PS Jean-Marc Vayssouze-Faure, soulignait déjà ce décalage entre les déclarations de l’exécutif et la réalité. « Si notre pays a répondu présent face à l’agression subie par l’Ukraine, force est aujourd’hui de constater que le passage à l’économie de guerre, pourtant revendiqué, n’a pas eu lieu et que nous n’avons pas assez inscrit notre aide dans la durée et dans la production de volumes suffisants », remarque le rapport.

Imposer des niveaux minimaux de stocks

Pour passer à la vitesse supérieure, le ministre des Armées envisage aussi, « dans les toutes prochaines semaines », d’imposer à certains industriels des niveaux minimaux de stocks, afin de produire plus rapidement. Sébastien Lecornu pense aussi accorder la priorité à la commande militaire face aux besoins civils. Le ministre vise notamment les délais de livraison du missile anti-aérien de longue portée Aster, produits entre la France et l’Italie par MBDA, trop longs aux yeux du ministre.

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