Le pari n’était pas gagné d’avance. Entré à l’âge de 20 ans dans la société Holophane, Laurent a fait toute sa carrière comme ouvrier-verrier dans cette PME spécialisée dans les optiques de phares pour l’automobile basée aux Andelys, dans l’Eure. Il passera 33 ans dans la même société, plus de la moitié de sa vie. Mais en 2021, l’usine doit faire face à une première crise : celle de l’industrie automobile qui frappe de plein fouet les sous-traitants. L’entreprise subit un premier redressement judiciaire et réussit tant bien que mal à s’en sortir mais le sort s’acharne. Deux ans plus tard, la crise de l’énergie fait à nouveau chanceler la société fragilisée. Pertes financières, recherche de repreneurs, dépôt de bilan, en décembre 2023 la liquidation judiciaire est prononcée, suivi d’un plan social. Laurent se retrouve sur le carreau avec 230 de ses collègues.
« J’ai senti les choses arriver, depuis un an je préparais mon business-plan pour la crêperie »
L’ouvrier-verrier sent très vite le vent tourner. Dès la première alerte en 2021, il commence à réfléchir à une reconversion. À 53 ans, le pari est osé mais Laurent ne fait pas les choses à moitié. Poussé par les événements, il envisage non pas une, mais deux reconversions : le travail du verre et surtout la cuisine, sa deuxième passion. Son projet : devenir consultant en verrerie et ouvrir une crêperie avec son fils.
« les aides existent, on ne sait pas où aller les chercher, il faut un guichet unique »
Commence alors un nouveau combat : trouver son chemin au milieu du mille-feuilles administratif. Laurent découvre les affres de la création d’entreprise avec ses lourdeurs et la solitude de l’entrepreneur néophyte. Pour Pauline Martin sénatrice LR du Loiret « les aides existent, on ne sait pas où aller les chercher, alors je prône simplification et la création d’un guichet unique » . Pas de quoi le décourager. Ce projet, il en rêvait depuis des années. Ses indemnités de licenciement lui permettent de réaliser l’investissement nécessaire pour le restaurant. Soutenu par sa femme et son fils, Laurent s’accroche et, presque un an jour pour jour après son licenciement, les premières galettes sont servies « aux délices de William ». Aujourd’hui, deux mois après l’ouverture de la crêperie, les clients sont au rendez-vous. Laurent et sa famille ont réussi leur pari : convertir un coup du sort, en opportunité.
La salle et les galettes sont complètes…
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