Ubérisation : une proposition de loi PS pour asseoir les droits des travailleurs précaires

Ubérisation : une proposition de loi PS pour asseoir les droits des travailleurs précaires

Dans une proposition de loi déposée le 8 mars, plusieurs sénateurs socialistes entendent mettre fin à la précarité rencontrée par certains travailleurs sous contrat avec des plateformes numériques, en considérant qu’il s’agit de salariés et non de travailleurs indépendants. Le texte est débattu en séance le 27 mai.
Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Mettre fin aux pratiques abusives de certaines plateformes numériques. C’est l’ambition portée par la proposition de loi déposée, ce lundi, par les sénateurs Olivier Jacquin, Monique Lubin, Franck Montaugé, et Didier Marie. Ce texte fait suite à plusieurs décisions européennes venant renforcer le droit des « cyberprécaires ». Au Royaume-Uni, la Cour suprême a décidé, le vendredi 19 février, de requalifier les chauffeurs VTC d’Uber en « workers » et celle du parquet de Milan de procéder le mercredi 24 à la même requalification concernant la situation de 60.000 livreurs à vélo de différentes plateformes. « Ce texte s’inscrit dans la continuité de la précédente proposition de loi, que nous avions déposée en décembre avec cinquante sénateurs socialistes », détaille Olivier Jacquin. Alors que le Sénat est particulièrement attentif à la question de la précarité touchant les travailleurs des plateformes numériques, et que plusieurs textes portés par une multitude de bords politiques ont déjà vu le jour, les sénateurs ont souhaité « profiter du contexte pour taper du poing sur la table avec un texte très pragmatique et court. »

La proposition de loi cible ainsi les plateformes numériques qui « sous couvert de statuts dévoyés d’auto et de microentrepreneurs condamnent des milliers de travailleurs à la précarité et les privent de droits sociaux ». A travers ses trois articles principaux, le texte se saisit de la question de la requalification des travailleurs ubérisés, et du contrôle de la place de l’algorithme dans les relations entretenues avec les plateformes. « Il s’agit d’abord de renverser la charge de la preuve en faisant peser sur les plateformes l’engagement d’une action en justice », explique Olivier Jacquin. L’article 2 du texte consacre le principe que ces travailleurs sont bien des salariés, et qu’il appartient à la plateforme de prouver aux Prud’hommes qu’il s’agit de travailleurs indépendants ».

Permettre la requalification de groupe

Par ailleurs, les Prud’hommes pourraient désormais demander aux plateformes de rendre transparent leur algorithme, dans le cadre de la procédure judiciaire, pour vérifier la nature du lien de subordination entre la plateforme et le travailleur. « Un moyen de mettre un taquet qui oblige les plateformes à modifier leur modèle économique », commente Olivier Jacquin. Enfin, toujours dans l’esprit de renforcer les droits sociaux de ces travailleurs, le texte prévoit la possibilité d’opérer à des requalifications par action de groupe, ce qui permettrait, selon les sénateurs, de « mutualiser les moyens, d’aller plus vite, et de taper plus fort en évitant de faire subir le coût d’une telle procédure juridique à des travailleurs déjà précaires ».

 

Dans la même thématique

Illustration: justice tibunal,administration penitenciaire.
6min

Société

Qu’est-ce que le « contrôle coercitif », cette notion au cœur des débats sur la proposition de loi contre les violences sexuelles ?

L’intégration dans le Code pénal de cette notion, développée dans les années 1970 pour décrire certains aspects des violences conjugales, a nourri de vifs débats au Sénat jeudi 3 avril. Les élus ont renoncé à la faire entrer strico-sensu dans la loi, mais ils s’en sont inspirés pour revoir la définition pénale du harcèlement sur conjoint.

Le

European Union defence : ‘rearming Europe’ project
6min

Société

Kit de survie : « Quand une population est préparée, elle n’est pas en mode panique », salue le sénateur Olivier Cadic

Pour que les populations soient préparées en cas de crise, la Commission européenne conseille aux citoyens d’avoir un « sac de résilience » avec tout ce qu’il faut pour tenir, en cas de catastrophe naturelle… ou de guerre. « Le but n’est pas de faire peur aux gens », soutient le sénateur LR Cédric Perrin, mais « d’anticiper les situations ». La France prépare un livret de survie, sur le modèle suédois.

Le

Ubérisation : une proposition de loi PS pour asseoir les droits des travailleurs précaires
4min

Société

« Sur le handicap, le regard de la société a progressé plus vite que celui des institutions » se réjouit Eglantine Eméyé

Mannequin, animatrice de télévision et comédienne. Elle a médiatisé le combat de son second fils Samy, atteint d’autisme sévère, pour alerter sur le manque de prise en charge des enfants handicapés, mais aussi la solitude des mères et des parents. Malgré la disparition de son fils en 2023, elle a décidé de poursuivre le combat. Cette semaine, Rebecca Fitoussi reçoit Eglantine Eméyé dans « Un monde, un regard » sur Public Sénat.

Le