La commune d'Escoville touche un héritage de 2 millions d'euros

En novembre dernier, Christophe Cliquet est contacté par un notaire. Quand il se présente au rendez-vous avec sa secrétaire et son adjointe, le maire d’Escoville, ne sait qu’une chose. Sa petite commune de 850 habitants figure sur un testament. "Le notaire commence à nous dévoiler le contenu du testament avec des sommes, notamment comptes bancaires,... assurances vie, etc... Et là, commence l’énumération des maisons" raconte l'élu. La dame qui a légué sa fortune à Escoville possédait 10 maisons. En tout, l’héritage se chiffre à 2 millions d’euros. C’est 4 fois le budget annuel du village. Christophe Cliquet et son équipe ont eu du mal à y croire. "On s'est dit mais qu’est-ce qui nous arrive? J'étais décontenancé". Surnommée Monette, la bienfaitrice de la commune, dont l’identité reste encore secrète, est décédée à l’âge de 88 ans. Elle n'habitait pas Escoville, mais y a passé beaucoup de temps, enfant, dans la maison de ses grands-parents. "Je ne la connaissais, enfin seulement de réputation. Elle était propriétaire d'une maison qui était un café restaurant" raconte Monique Carpentier, conseillère municipale d'Escoville. "Je l’avais croisée quelques fois au cimetière, son geste est un geste du coeur" renchérit Ginette, elle aussi élue de la commune. "Elle était fidèle à Escoville, elle a voulu faire bénéficier la commune de ses biens, Merci Monette !" salue l'élue. Monette a fixé deux conditions à son héritage. La première : l’entretien des trois sépultures de sa famille, dont la sienne. Un souhait que le maire comprend parfaitement. "Quand vous n’avez pas de descendant, vous avez des tombes qui partent en désuétude. Là, la commune se doit d’entretenir éternellement tous les tombeaux". Monette était une femme très croyante. Pour toucher son héritage, la commune doit aussi rénover entièrement l'église d’Escoville. Rénovation des pierres, des soubassements, de l’autel, du clocher, le coût total des travaux pourrait s’élever à 600 000 euros. Dans un premier temps, l’héritage y sera entièrement consacré. "On ira jusqu’au bout de son souhait" promet Christophe Cliquet. "C’est une façon de préserver le patrimoine communal, on n’a plus que ça. La guerre a détruit le château d’Escoville". Une fois la rénovation terminée, la commune pourra puiser dans cet héritage inattendu pour financer d’autres projet grâce aux loyers des dix maisons de Monette, dont la mairie est désormais propriétaire. Quand son identité sera dévoilée, le parc de la commune pourra alors porter son nom.