Andreï Makine et Jean-Claude Grumberg, deux destins du XXe siècle
C’est à la fois la grande histoire et l’intimité volontiers tragique des destins individuels qui seront évoqués par Claire Chazal dans ce nouveau numéro de « Au bonheur des livres », en accueillant Andreï Makine et Jean-Claude Grumberg, deux auteurs passionnants... et deux fortes personnalités ! Le premier est né (en 1957) dans ce qui était al...ors l’URSS, s’est installé ensuite en France et en a adopté la langue pour ses nombreux romans, a obtenu le prix Goncourt puis est entré à l’Académie française : il publie aujourd’hui un nouveau livre, « Prisonnier du rêve écarlate » (Ed. Grasset). C’est un peu l’histoire de son pays d'origine que raconte ainsi l’écrivain, dans cette vaste fresque où l’on suit l’itinéraire d’un jeune communiste français qui part pour Moscou en 1939, et reviendra à Paris trente ans plus tard, après avoir vécu le stalinisme de l’intérieur, pour retrouver à sa grande surprise une forme d’hypocrisie occidentale. Si ce destin est fictif, celui que raconte Jean-Claude Grumberg dans « Quand la terre était plate » (Ed. du Seuil) est en revanche bien réel : c’est celui de sa mère, Suzanne, et à travers elle le parcours de nombreux Juifs d’Europe centrale et de l’Est qui ont subi les chaos terribles du XXe siècle, et dont le point d’arrivée fut parfois Paris, où est né l’auteur (en 1939), qui n’aura de cesse dans son œuvre de revenir - au théâtre, au cinéma ou dans ses livres - sur l’histoire de sa famille, avec un humour et une fantaisie formidables, souvent teintés de désespoir. Deux regards d’artistes authentiques sur la façon qu’a l’Histoire d’infléchir les destins, en faisant naître parfois des vocations d’écrivain.