Avec un paysage politique désormais scindé en trois grands blocs, les tractations à l’œuvre d’une formation à l’autre pour permettre l’élection d’un président à l’Assemblée nationale, le 18 juillet, pourraient, en creux, dessiner les contours d’une future majorité de gouvernement.
Nouveau Front populaire (76)
Après le choc de la dissolution annoncée par Emmanuel Macron le soir des résultats des élections européennes, le 13 juin 2024 le Parti socialiste, la France insoumise, le Parti communiste et les Ecologistes, ainsi que plusieurs autres petits partis de gauche, ont scellé leur accord, actant la naissance du Nouveau Front populaire pour faire face au Rassemblement National. Retrouvez ici tous nos articles.
Alors que les tractations entre les partis battent leur plein pour former une majorité solide dans une Assemblée nationale morcelée entre trois grands blocs, aucune coalition, pour l’heure, ne se détache. Benjamin Morel, politiste et constitutionnaliste, souligne un jeu politique très instable et une stratégie calculée de La France Insoumise à long terme.
Nouveau Front populaire : les frondeurs de La France insoumise lancent leur mouvement
Baptisée L’Après, l’association a été lancée par Clémentine Autain, Alexis Corbière, Raquel Garrido, Danielle Simonnet et Hendrik Davi. Pour ces personnalités « purgées » de La France insoumise, l’objectif est de servir d’ « outil politique » pour « cimenter le Nouveau Front populaire ».
Alors que le Nouveau Front populaire est toujours en quête d’une figure consensuelle pour Matignon, les sénateurs de gauche souhaitent peser davantage dans les négociations. L’enjeu est de taille, surtout pour les parlementaires socialistes, qui dépasseraient alors numériquement, et de loin, leurs collègues de La France insoumise.
Pour le sénateur socialiste, la lettre d’Emmanuel Macron adressée aux Français après les législatives « abime la démocratie ». Rachid Temal appelle le président de la République à « reconnaitre les résultats des élections ».
Elections législatives : qui à gauche pour Matignon ?
Arrivé en tête au second tour des législatives anticipées, avec 182 députés le Nouveau front populaire est bien loin de la majorité absolue (289 sièges de députés). Les différentes composantes du NFP continuent de plaider pour un Premier ministre issu de ses rangs, et elles promettent de proposer le nom d’un candidat pour le poste, d’ici à la fin de la semaine ou en début de semaine prochaine. Alors même que les Républicains, divisés, réfléchissent à un accord avec Emmanuel Macron pour gouverner le pays.
Pour l’heure, il n’y a toujours aucune lisibilité à l’Assemblée nationale sur la mise en place d’une coalition de gouvernement. La gauche a besoin de s’élargir pour confirmer son avance et s’émanciper du risque de censure. Au centre, certains responsables de la majorité sortante appuient pour un rapprochement avec les LR, au risque de fracturer ce qui reste du camp présidentiel.
Les parlementaires socialistes sont de plus en plus nombreux à évoquer, pour pouvoir gouverner, une extension du Nouveau Front populaire vers le bloc central. Ce qui impliquerait d’amender le programme porté par la gauche, au risque de fracturer une alliance fragile et de décevoir leurs électeurs.
François Hollande et les soutiens d’Hélène Geoffroy attendus au Sénat
L’ancien président de la République doit participer ce mardi 9 juillet à une réunion autour d’Hélène Geoffroy, la maire de Vaulx-en-Velin, dont le courant, minoritaire au sein du PS, constitue l’un des principaux mouvements d’opposition à la ligne politique défendue par Olivier Faure, l’actuel Premier secrétaire.
Les réunions s’enchaînent du côté du Nouveau Front populaire depuis la courte victoire du bloc de gauche aux législatives. Les partis doivent désormais s’accorder sur le candidat qu’ils souhaitent envoyer à Matignon, avec le risque, dans un contexte de forte fracturation parlementaire, de ne pas pouvoir appliquer leur programme.
Si la Bourse de Paris se maintient ce lundi face à l’absence de majorité absolue pour l’alliance de gauche et le RN, les patrons de TPE et de PME font part de leur « inquiétude » à l’idée de voir le programme du Nouveau Front Populaire (NFP) appliqué. Dans un communiqué, le Medef a appelé les responsables politiques à « faire le choix du pays plutôt que celui des intérêts partisans ».
Au lendemain des résultats des élections législatives, la question de la personne qui sera nommée Premier ministre reste en suspens. Les membres du Nouveau Front populaire sont actuellement en discussion pour désigner un candidat au poste de chef de gouvernement. Pour Mélanie Vogel, cela devra être « une personne consensuelle » qui mènera plusieurs réformes, dont une réforme institutionnelle permettant d’assurer « la transition démocratique de la France vers un régime parlementaire ».