L’opération « vérité » du Premier ministre sur l’état des finances publiques et les grandes orientations pour remédier au « surendettement du pays » est loin de faire l’unanimité chez les parlementaires ou les partenaires sociaux. Le chemin vers un budget de redressement s’annonce long.
A l’issue de la première réunion du comité d’alerte sur les finances publiques, le Premier ministre a tiré le constat de la gravité de la situation budgétaire et économique de la France. Il lance une mobilisation avec les parlementaires, les partenaires sociaux ou encore les collectivités locales pour aboutir à de « grandes orientations » au début de l’été.
François Bayrou organise ce mardi un grand raout pour tenter de partager un constat d’« état d’urgence » sur les finances publiques. Un préalable pour préparer les esprits aux économies qui se préparent dans le budget 2026. Alors que les collectivités pourraient être mises à contribution, le rapporteur du budget au Sénat, Jean-François Husson, en a « assez qu’on se défausse les uns sur les autres ». Le sénateur LR n’écarte pas en revanche une mesure sur les retraités : « Ils sont conscients qu’il y aura un effort à faire », quitte à « revoir certains acquis ».
À peine sorti du tunnel budgétaire, le gouvernement remet l’ouvrage sur le métier et commence à préparer le projet de loi de fiances 2026 avec, comme ligne de mire, 40 à 50 milliards d’économies. Dans ce cadre, l’effort qui pourrait être demandé aux collectivités, qui se voient déjà imposer une économie de 2,2 milliards cette année, soulève de vives inquiétudes chez les élus.
Dans une période de grande incertitude liée au séisme des droits de douane américains, le gouvernement a annoncé ce mercredi 5 milliards d’euros d’effort supplémentaire. Cette décision doit permettre de tenir la cible de déficit mais également de réallouer des moyens aux dépenses militaires. « On arrive dans une période clé », juge le sénateur Jean-François Husson.
Après une pétition au succès fulgurant, déposée sur son site, la chambre haute ouvre une mission flash sur la question de la réforme des franchises de TVA pour les petites entreprises. L’abaissement de plusieurs seuils dans la loi de finances, aujourd’hui suspendu, avait provoqué la colère des autoentrepreneurs.
Pour le rapporteur général (LR) de la commission des finances du Sénat, comme pour le chef de file des socialistes Thierry Cozic, le plan d’action gouvernemental pour améliorer le pilotage des finances publiques va dans le bon sens. Mais l’un et l’autre s’interrogent sur les effectifs pléthoriques du comité d’alerte.
Le ministre de l’Economie et la ministre des Comptes publics ont présenté un plan d’action ce 3 mars dans le but d’améliorer le suivi de l’application du budget mais également le travail de prévision. Ils estiment qu’il s’agit d’une « méthode inédite ».
Invité de la matinale de Public Sénat, le député LIOT et rapporteur général de la commission des finances à l’Assemblée nationale Charles de Courson s’est exprimé sur l’état des finances publiques en France et a pointé du doigt la responsabilité de l’ancien ministre de l’Économie, alors que l’enquête sur le dérapage du déficit public se poursuit à la Chambre basse.
Annoncée par François Bayrou à la mi-janvier, la future taxe anti-optimisation fiscale des plus fortunés est toujours en cours d’élaboration. Elle doit être proposée au Parlement dans les prochains mois. Bercy n’exclut pas de la soumettre avant la présentation du budget 2026.
Le groupe LR veut lancer un travail de contrôle parlementaire dans les prochains mois sur le millier d’opérateurs et agences qui dépendent de l'État. Son président, Mathieu Darnaud, souhaite identifier les doublons, pour aboutir à des économies.
Avec la censure du gouvernement Barnier, la France n’a pas pu se doter d’un nouveau budget avant le début de l’année 2025. Dans ce contexte, le vote d’une loi spéciale a reconduit les dépenses de 2024, en l’attente de l’adoption d’un projet de loi de finances. Une situation qui pourrait être avantageuse pour les dépenses publiques, mais ne saurait être prolongée trop longtemps.