Alors que les tractations entre les partis battent leur plein pour former une majorité solide dans une Assemblée nationale morcelée entre trois grands blocs, aucune coalition, pour l’heure, ne se détache. Benjamin Morel, politiste et constitutionnaliste, souligne un jeu politique très instable et une stratégie calculée de La France Insoumise à long terme.
Elections législatives 2024 (324)
A l'issue des élections européennes dimanche 9 juin 2024 marquées par la débâcle de la majorité présidentielle et la victoire historique du RN, Emmanuel Macron a annoncé la dissolution de l'Assemblée nationale. Des élections législatives anticipées ont eu lieu les 30 juin et 7 juillet. A l'issue des résultats, la France se retrouve dans une situation inédite avec une Assemblée, sans majorité absolue, divisée en 3 blocs et le spectre d'un pays ingouvernable. Retrouvez ici tous nos articles.
Nouveau Front populaire : les frondeurs de La France insoumise lancent leur mouvement
Baptisée L’Après, l’association a été lancée par Clémentine Autain, Alexis Corbière, Raquel Garrido, Danielle Simonnet et Hendrik Davi. Pour ces personnalités « purgées » de La France insoumise, l’objectif est de servir d’ « outil politique » pour « cimenter le Nouveau Front populaire ».
Alors que le Nouveau Front populaire est toujours en quête d’une figure consensuelle pour Matignon, les sénateurs de gauche souhaitent peser davantage dans les négociations. L’enjeu est de taille, surtout pour les parlementaires socialistes, qui dépasseraient alors numériquement, et de loin, leurs collègues de La France insoumise.
Présidence de l’Assemblée nationale : les « ministres députés » pourront-ils voter ?
Le 18 juillet, jour de l’ouverture de la nouvelle législature, se tiendra l’élection du prochain président de l’Assemblée nationale. Une élection particulièrement incertaine au regard de la tripartition de la chambre basse. Et si la majorité sortante veut peser dans le scrutin, elle aura besoin des voix des ministres élus ou réélus à l’Assemblée. Dans l’hypothèse où la démission du gouvernement Attal était acceptée par le chef de l’Etat avant le 18, les anciens ministres pourraient-ils participer au vote ?
Face à une Assemblée nationale privée de majorité, quel sera le rôle du Sénat ?
Devant une Assemblée nationale potentiellement paralysée par le tripartisme, le Sénat s’affirme comme un pôle de stabilité parlementaire, même s’il ne peut, à lui seul, conduire le processus législatif à son terme. Par ailleurs, ses missions de contrôle pourraient être utilisées par la majorité sénatoriale comme le poil à gratter du prochain exécutif.
Dans une tribune publiée chez nos confrères du Monde, Sylvie Salles et Jean-Jacques Urvoas dénoncent l’effacement du Parlement depuis 7 ans, en dépit de deux dernières années marquées par un contexte de majorité relative. « En optant en permanence pour une optimisation extensive des mécanismes au détriment des contre-pouvoirs et au bénéfice de l’exécutif, est née une habitude délétère en ce qu’elle banalise la perte du sens constitutionnel », étrillent les deux auteurs.
Invité de la matinale de Public Sénat, le ministre délégué chargé de l’Europe, Jean-Noël Barrot a tenu la ligne du bloc central, plaidant pour une coalition des modérés. Une idée appuyée par Emmanuel Macron dans une lettre adressée aux Français.
Gérard Larcher appellera à « censurer » un gouvernement issu du Nouveau Front populaire
Le président du Sénat appelle à laisser passer la période estivale avant la formation d’un nouveau gouvernement. Farouchement opposé à une arrivée au pouvoir du bloc de gauche, il s’est lui-même exclu d'une éventuelle nomination à Matignon, rumeur agitée depuis plusieurs jours comme possible porte de sortie face à l’absence de majorité claire à l’Assemblée nationale.
Élections législatives : le groupe Renaissance menacé d’implosion
Les députés du parti présidentiel traversent de fortes turbulences depuis la campagne des législatives. La recherche d’une coalition législative et l’incertitude politique achèvent de semer le trouble chez les survivants de la dissolution. Sur son aile gauche, le groupe est menacé de départs, qui mettent en lumière les fragilités du parti présidentiel.
Pour le sénateur socialiste, la lettre d’Emmanuel Macron adressée aux Français après les législatives « abime la démocratie ». Rachid Temal appelle le président de la République à « reconnaitre les résultats des élections ».
Elections législatives : qui à gauche pour Matignon ?
Arrivé en tête au second tour des législatives anticipées, avec 182 députés le Nouveau front populaire est bien loin de la majorité absolue (289 sièges de députés). Les différentes composantes du NFP continuent de plaider pour un Premier ministre issu de ses rangs, et elles promettent de proposer le nom d’un candidat pour le poste, d’ici à la fin de la semaine ou en début de semaine prochaine. Alors même que les Républicains, divisés, réfléchissent à un accord avec Emmanuel Macron pour gouverner le pays.
Si le patron des sénateurs LR, Bruno Retailleau, a été catégorique, mardi, en réunion de groupe en balayant tout accord avec la majorité sortante en vue d’un futur gouvernement, il plaide désormais pour la nomination d’un « Premier ministre d’intérêt public », que les Républicains pourraient soutenir afin « d’éviter le blocage du pays ».