Écologie, accessoire politique par temps de campagne ?

Écologie, accessoire politique par temps de campagne ?

Alors que les pics de pollution atteignent des taux record dans les grandes villes, l’écologie semble en recul dans le discours politique. Grande absente du débat lors des primaires des Républicains, la question environnementale est-elle cependant une des clefs de l’élection présidentielle ou au contraire peut-on être élu à l’Elysée sans être un écologiste convaincu ? Comment les politiques abordent l’écologie en temps électoral ? Déshabillons-les revient sur le refroidissement politique du discours écologique.
Public Sénat

Par Estelle Ndjandjo

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Candidat fraichement déclaré à la primaire citoyenne du Parti Socialiste, Manuel Valls cite soudain l’écologie en tête de ses objectifs. Pourtant l’ancien Premier ministre semblait, comme le souligne Corinne Lepage, d’avantage connu pour ses positions autoritaires, notamment autour de la construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes.

Pour cette ancienne ministre de l’environnement de Jacques Chirac, Manuel Valls est inconstant sur les sujets environnementaux : « Il cherche à s’attribuer le mérite de la COP21 pour le bien de sa campagne. C’est un productiviste qui n’a pas de sensibilité écologiste ».

Fillon, la fibre du nucléaire

Un autre ancien locataire de Matignon s’est lui aussi montré réticent face aux politiques écologiques dîtes « punitives ». Pour Daniel Boy, politologue au Cevipof et spécialiste des écologistes, François Fillon n’est pas un fervent supporter de l’environnement. Il explique : « J’ai lu son programme, il y a là des convictions anti-écologistes affirmées. Son socle, c’est le nucléaire et c’est pour lui intouchable ».

Le principe de précaution mis en place dans la constitution en 2005, à l’initiative de Jacques Chirac ne fait pas l’unanimité au sein de la droite. Et selon Daniel Boy, ce malaise n’est pas nouveau chez les Républicains, « à l’époque la majorité des parlementaires de droite y étaient complètement opposés. Ça a été un coup de force de Jacques Chirac. La droite n’a jamais été convaincue par le principe de précaution ».

Le climato-scepticisme à l’américaine

Et si être « anti-écolo » était un moyen de réaffirmer sa différence avec la gauche ?  
Aux États-Unis en tout cas, l’« écolo-bashing » semble être devenu un sport apprécié des candidats républicains. Donald Trump, le président-élu en tête.
Climato-sceptique assumé, il a à plusieurs reprises remis en question le réchauffement climatique, allant même jusqu’à affirmer vouloir annuler les accords signés à Paris, en 2015, lors de la COP21.

Pour le politologue Jérôme Sainte-Marie, ce discours s’inscrit dans une logique électoraliste, « Donald Trump a remporté des voix dans des États où il y a des problèmes d’emplois dus à la baisse de l’activité minière ». Un discours récemment nuancé par Donald Trump qui s’est entretenu avec le prix Nobel de la paix et écologiste reconnu, Al Gore.

En cette fin 2016 et à la veille d’une campagne présidentielle, climato-scepticisme et remise en question du principe de précaution semblent donc annoncer une nouvelle ère. L’écologie ne serait pas un outil très efficace en période électorale. C’est ce que souligne Daniel Boy : « L’écologie ne représente que 5% des préoccupations des français ».

Retrouvez Déshabillons-les samedi 10 décembre 2016 à 15h.

Dans la même thématique

Palais de Justice de Nice
5min

Société

Liste d’avocats « à éliminer » : « C’est symptomatique d’une libération de la parole d’extrême droite », dénonce le Syndicat des avocats de France

Le 3 juillet, un site d’extrême-droite a publié une liste de noms d’avocats qui avaient signé une tribune contre le RN, intitulée « Liste (très partielle) d’avocats à éliminer ». Elle a provoqué l’indignation unanime de la profession et du ministre de la Justice. Cette liste, publiée entre deux tours de législatives très tendues, revêt un caractère encore plus symbolique, alors que se pose la question de la potentielle arrivée au pouvoir du Rassemblement national à l’issue du scrutin de dimanche.

Le

Écologie, accessoire politique par temps de campagne ?
4min

Société

Michelle Perrot observe un retour du masculinisme qui « risque de s’imposer dans toute la société »

Alors que le masculinisme prospère sur les réseaux sociaux, Michelle Perrot, figure du féminisme, alerte sur les droits des femmes qui restent fragiles. Si elle salue le combat des féministes aujourd’hui, elle dit aussi comprendre le désarroi de certains hommes. Cette semaine, Rebecca Fitoussi reçoit l’historienne au Dôme Tournon du Sénat dans l’émission « Un monde un regard ».

Le

Paris : march against anti-semitism
8min

Société

Lutte contre le racisme : « Un niveau sans précédent » de l’antisémitisme en France, pointe un rapport de la CNCDH

Dans son 34e rapport annuel, la Commission nationale consultative pour les droits de l’Homme (CNCDH) pointe notamment, dans le contexte des attaques terroristes du 7 octobre et la riposte israélienne qui s’en est suivie, « un nombre d’actes antisémites exceptionnellement élevé, qui rappelle de manière brutale la persistance de l’antisémitisme dans notre pays ».

Le

Cannabis Plants in Nonthaburi, Thailand – 20 Jun 2024
5min

Société

Drogues : « Près d’1 adulte sur 10 a déjà consommé au moins une fois de la cocaïne », alerte l’Observatoire français des drogues

Dans son dernier rapport publié ce 26 juin, l’organisme public alerte sur « l’expérimentation » de drogues. Cocaïne, ecstasy, ou encore champignons hallucinogènes, sont en « nette hausse » depuis 2017. « Ces augmentations s’inscrivent dans un contexte de disponibilité accrue des drogues, en France comme en Europe », souligne par ailleurs le rapport dans ses conclusions. Un constat inquiétant, mais guère surprenant, quelques semaines après le rapport de la commission d’enquête sénatoriale sur le narcotrafic.

Le