Alors qu’Emmanuel Macron n’a pas de majorité absolue à l’Assemblée, le ministre Eric Dupond-Moretti évoque l’idée d’« avancer ensemble » avec le RN. Il n’est pas le seul. La députée LREM Céline Calvez veut « aller chercher » leurs voix, et l’ex-ministre Barbara Pompili et le député Sylvain Maillard sont prêts à « discuter » avec le RN. Des propos contraires à « l’ADN » macroniste, qui passent très mal chez certains marcheurs…
La première ministre Elisabeth Borne a remis sa démission au chef de l’Etat, qui l’a refusée. Un acte qui n’est pas lié à la situation politique et à l’échec de la majorité aux législatives. Explications.
Après les mauvais résultats de la majorité aux législatives, la question du maintien de la première ministre à Matignon « se pose », au sein de la majorité, au profit d’un profil plus politique. Mais après sa victoire aux législatives, d’autres la jugent « légitime ». D’autant que la présidence du groupe à l’Assemblée et le perchoir sont des « enjeux plus forts » et plus urgents pour Emmanuel Macron.
Avec la défaite surprise de Richard Ferrand, le perchoir est libre. Il faut vite lui trouver un remplaçant ou une remplaçante. Au sein de la majorité, l’ex-ministre de la Transition écologique entend jouer un rôle. Elle est « en train d’y réfléchir ».
Majorité relative pour Emmanuel Macron, qui devra trouver des majorités au cas par cas, les LR en position de groupe pivot, grosse poussée du RN et la Nupes qui réussit en partie seulement son pari : les législatives 2022 resteront dans les annales. Les points essentiels à retenir.
Face à une « situation inédite », qui « constitue un risque pour notre pays », la première ministre, reconnaît que « les sensibilités multiples devront être associées, et les bons compromis bâtis ». Les macronistes n’auront pas d’autres choix pour trouver des majorités à l’Assemblée.
Selon nos premières estimations, Ensemble n’a pas de majorité absolue au soir du second tour. Emmanuel Macron devra donc trouver des voix, plutôt du côté de LR, qui limitent bien la casse. Jean-Luc Mélenchon est moins haut qu’espéré, mais la Nupes réussit néanmoins un beau score.
Face au risque de se retrouver sans majorité absolue, Emmanuel Macron a dramatisé l’enjeu pour les législatives, en multipliant les attaques contre Jean-Luc Mélenchon. Le leader de la Nupes, dont le pari de devenir premier ministre semble compromis, devrait néanmoins devenir la première force d’opposition. Les LR pourraient eux devenir la force pivot, si le Président est affaibli par les résultats.
Emmanuel Macron s’est rendu à Kiev et s’est engagé à soutenir « le statut de candidat immédiat à l’adhésion » de l’Ukraine à l’Union européenne. De quoi « ouvrir un champ d’espérance à la population » souligne le sénateur LR Christian Cambon, qui alerte sur la longueur du processus qui « pourrait désespérer ». Face à ce déplacement du Président, les sénateurs saluent « un beau symbole », mais certains s’étonnent du « timing », à trois jours du second tour des législatives.
Alors qu’Emmanuel Macron pourrait n’avoir qu’une majorité relative à l’Assemblée, il a rencontré discrètement Gérard Larcher lundi. Au sein du gouvernement, on prédit que le Palais du Luxembourg « sera la chambre apaisée », à côté du « bazar » de l’Assemblée. Les sénateurs sont prêts à jouer le jeu du « partenariat », sur certains textes. Mais ils attendent de voir en pratique.
Si En Marche a besoin des voix des députés Horizons, le parti d’Edouard Philippe, pour former la majorité à l’issue des législatives, l’ancien premier ministre pourrait en tirer profit. De quoi renforcer la machine électorale qu’il met en place pour 2027. Si « la guerre de succession a déjà commencé », les philippistes n’entendent pas pour autant jouer le rôle de « frondeurs ».
Face à la menace d’une majorité relative à l’Assemblée, qui risquerait de lui lier les mains, Emmanuel Macron a pris la parole pour dénoncer, sans la citer, la Nupes. « Rien ne serait pire que d’ajouter un désordre français au désordre mondial », prévient le chef de l’Etat, avant de s’envoler pour la Roumanie voir les forces françaises.