Dans une tribune publiée chez nos confrères du Monde, Sylvie Salles et Jean-Jacques Urvoas dénoncent l’effacement du Parlement depuis 7 ans, en dépit de deux dernières années marquées par un contexte de majorité relative. « En optant en permanence pour une optimisation extensive des mécanismes au détriment des contre-pouvoirs et au bénéfice de l’exécutif, est née une habitude délétère en ce qu’elle banalise la perte du sens constitutionnel », étrillent les deux auteurs.
Alexis Graillot (186)
Auditionnés au Sénat ce mercredi dans le cadre de la Commission des affaires étrangères, constitutionnalistes et hauts fonctionnaires ont été interrogés sur les relations entre les deux têtes de l’exécutif sur les questions de défense nationale et d’affaires étrangères, en particulier en temps de cohabitation. De manière unanime, ils estiment que le Président de la République garde toujours « le dernier mot » par rapport à son Premier ministre, même en cas de désaccord politique avec ce dernier.
A l’initiative de la sénatrice écologiste des Français de l’étranger, Mélanie Vogel, le texte se veut « répondre à la crise démocratique que nous connaissons », dans l’objectif d’ « embrasser une culture parlementaire ».
Dans une lettre adressée à la presse quotidienne régionale, ce mercredi 10 juillet, le Président de la République affirme vouloir que cette nouvelle majorité se construise « autour de quelques grands principes pour le pays, de valeurs républicaines claires et partagées, d’un projet pragmatique et lisible ». Une condition sine qua non pour que le chef de l’Etat, nomme le futur Premier ministre.
Si le texte de la Constitution donne un pouvoir « discrétionnaire » au président de la République dans la nomination de son Premier ministre, le chef de l’Etat se retrouve cependant contraint par une réalité politique qui réduit son champ d’action.
Arrivé en 2e position à l’issue des élections législatives, Gabriel Attal, mis en minorité à l’Assemblée, a annoncé dans la foulée, remettre sa démission à Emmanuel Macron, qui a décidé de le maintenir en fonction « pour le moment » afin « d’assurer la stabilité du pays ». Pour Anne-Charlène Bezzina, constitutionnaliste et maître de conférences en droit public, « si le gouvernement dispose théoriquement de sa « pleine compétence », c’est politiquement qu’il est dans les affaires courantes ».
Si la Bourse de Paris se maintient ce lundi face à l’absence de majorité absolue pour l’alliance de gauche et le RN, les patrons de TPE et de PME font part de leur « inquiétude » à l’idée de voir le programme du Nouveau Front Populaire (NFP) appliqué. Dans un communiqué, le Medef a appelé les responsables politiques à « faire le choix du pays plutôt que celui des intérêts partisans ».
Le président LR du Sénat a publié ce matin, un communiqué dans lequel il se montre sévère à l’égard du chef de l’Etat, quant à la dissolution de l’Assemblée nationale du 9 juin dernier. Le troisième personnage de l’Etat dans le protocole décrit ainsi un « sentiment d’amertume », à la suite de ces élections législatives anticipées, qui ont vu la victoire du Nouveau Front Populaire, devant la majorité présidentielle.
Si la plupart de nos confrères étrangers font part d’un certain soulagement face au verdict des urnes, tous alertent sur la crise de régime qui pourrait s’ensuivre. « Si les forces démocratiques françaises qui ont sauvé l’essentiel ce dimanche», n’arrivent pas à « dépasser leurs discours clivants », ce front républicain ne sera qu’un pansement provisoire », alerte le quotidien belge, Le Soir.
Législatives : comment expliquer la « revitalisation » du « front républicain » ?
Alors que beaucoup d’analystes et de sondeurs avaient plus ou moins enterré le « barrage républicain » contre le RN à l’aune des dernières élections, le parti d’extrême-droite n’a finalement obtenu qu’entre 138 et 145 députés, loin derrière l’alliance de gauche et la majorité présidentielle. « Cet enjeu de contrer la possible victoire du RN a été extrêmement mobilisateur », souligne Erwan Lestrohan, directeur conseil chez Odoxa.
Législatives 2024 : le « front républicain », grand vainqueur des élections
Selon une estimation Ipsos Talan, les électeurs du NFP et d’Ensemble ont massivement joué le jeu du « front républicain ». 72% des électeurs de l’alliance de gauche se sont ainsi reportés sur les candidats de la majorité présidentielle lorsque ceux-ci affrontaient un candidat RN. Quant aux électeurs d’Ensemble, ils ont voté 2 fois plus pour un candidat LFI qu’un candidat RN (43% vs 19%), et encore plus massivement pour un candidat PS, EELV ou PCF (54% vs 15%).
Législatives : François Ruffin réélu dans la Somme avec plus de 53% des voix
L’ancien journaliste, qui briguait un 3e mandat dans la 1e circonscription de la Somme, a réussi (ou échoué) son pari, en glanant plus de 53% des suffrages. Devancé de 7 points lors du 1e tour par la candidate RN, Nathalie Ribeiro Billet (40,69%), le député sortant, qui avait réuni 33,92% des voix, a pu bénéficier du report des voix de la candidate Renaissance, qui s’était désistée dès dimanche soir dernier en faveur de l’ex-insoumis.