Younous Omarjee : « Le racisme est mon quotidien et celui de millions de personnes »
« Ces policiers m’ont traitée de façon violente et humiliante ». C’est par ces mots que l’eurodéputée allemande Pierrette Herzberger-Fofana a raconté, en pleine séance du parlement européen, l’arrestation violente qu’elle a subie le 16 Juin dernier. Interrogé par Europe Hebdo, l’eurodéputé Younous Omarjee y voit un constat alarmant : l’Europe doit prendre des mesures fortes contre le racisme et les violences policières.
Par Arthur Bamas
Temps de lecture :
0 min
Publié le
Pierrette Herzberger-Fofana - "Ces policiers m'ont traité de fçon violente et humiliante"
00:58
«C'est le quotidien de millions de personnes»
« Lorsque je prends le train pour venir au Parlement, je suis moi-même régulièrement victime de contrôles aux faciès ». En témoignant de son expérience personnelle du racisme, Younous Omarjee affirme que l’eurodéputée Herzberger-Fofana est loin d’être la seule de ses collègues à subir de telles discriminations. C’est pourquoi il considère que sa prise de parole dans l’hémicycle est salutaire : elle aurait ainsi dénoncé le quotidien de millions de personnes qui, à causes de leurs origines ou de leur couleur de peau sont toujours suspectées. Surtout, ces dénonciations permettraient de révéler l’existence de ce que l’eurodéputé de la France insoumise qualifie de « racisme structurel ».
Younous Omarjee - "C'est le quotidien de millions de personnes"
00:55
Combattre le racisme "raffiné"
Quelques minutes après la déclaration de Pierrette Herzberger-Fofana, Ursula von der Leyen, Présidente de la Commission européenne, a appelé le Parlement à « parler ouvertement du racisme ». Younous Omarjee y voit un symbole fort qui fait de l’Union Européenne une institution de premier plan dans la lutte contre les discriminations. Cependant, il considère également qu’il faut aller au-delà de ce symbole. À ses yeux, la première étape doit être celle du combat contre le manque de diversité qui règne au sein de nos institutions : « Pour lutter efficacement contre le racisme, il faut tout d’abord s’extirper du racisme raffiné, de ce continent mental de condescendance et de paternalisme ». Un appel qui consiste à donner aux victimes de racisme le pouvoir de le combattre elles-mêmes.
Un jour de deuil national aura lieu, lundi 23 décembre, en hommage aux victimes du cyclone Chido qui a dévasté l’archipel la semaine dernière. A 11 heures, tous les Français seront notamment invités à se recueillir.
Les deux amis de l’assassin du professeur Samuel Paty, Naïm Boudaoud et Azim Epsirkhanov, ont été reconnus coupables de complicité d’assassinat et condamnés à 16 ans de réclusion criminelle. Le verdict a été accueilli par des cris et des pleurs de la part de la famille de Naïm Boudaoud, âgé de 22 ans. « Ce soir, c’est la République qui a gagné », s’est félicité Thibault de Montbrial, avocat de Mickaëlle Paty, une des sœurs du professeur assassiné. La cour a également déclaré coupables d’association de malfaiteurs terroriste les deux auteurs de la « campagne de haine « qui ont fait de Samuel Paty une « cible » : Brahim Chnina, 52 ans et le prédicateur islamiste Abdelhakim Sefrioui, 65 ans, ont écopé respectivement de 13 et 15 ans de réclusion criminelle. « J’ai compris que vous avez fait de la politique, pas de la justice », s’est exclamé depuis son box Abdelhakim Sefrioui avant d’être sèchement interrompu par le président, tandis que la famille de Brahim Chnina, très nombreuse sur les bancs du public, éclatait en sanglots et cris de désespoir. Vincent Brengarth, un des avocats d’Abdelhakim Sefrioui, a annoncé aussitôt que son client faisait appel de sa condamnation. Ouadie Elhamamouchi, autre avocat du prédicateur, a estimé que son client était désormais « un prisonnier politique ». « Je me désolidarise de ces propos-là », a cependant nuancé Me Brengarth, montrant des failles dans la défense du prédicateur. Avocat de la compagne de Samuel Paty et de leur fils, présent à l’audience, Francis Szpiner s’est félicité d’un « verdict équilibré ». Le fils de Samuel Paty, âgé seulement de 9 ans, a compris que « justice a été rendue pour son père », a-t-il ajouté. Si le quantum des peines n’est pas très différent de ce que réclamait le parquet, la cour présidée par Franck Zientara a choisi de maintenir l’infraction de « complicité » pour les deux amis d’Abdoullakh Anzorov, un islamiste radical tchétchène de 18 ans, abattu par la police peu après son acte. Les quatre autres accusés, dont une femme, appartenant à la « jihadosphère » qui était en contact avec Anzorov sur les réseaux sociaux, ont également tous été condamnés à des peines de prison ferme ou avec sursis. Pour deux d’entre eux (Ismaël Gamaev et Louqmane Ingar) la cour a retenu l’association de malfaiteurs terroriste tandis qu’elle a déclaré coupable Priscilla Mangel de provocation au terrorisme et Yusuf Cinar d’apologie du terrorisme. La veille de l’attentat, Naïm Boudaoud et Azim Epsirkhanov avaient accompagné Anzorov à Rouen pour y acheter un couteau (pas celui qui a servi à décapiter Samuel Paty) qui sera retrouvé sur la scène de crime. A l’audience, Boudaoud et Epsirkhanov ont répété qu’Anzorov leur avait expliqué que ce couteau était « un cadeau » pour son grand-père. Le jour de l’attentat, le 16 octobre 2020, Boudaoud, le seul sachant conduire, avait accompagné le tueur dans un magasin de pistolets airsoft puis l’avait déposé à proximité du collège où enseignait Samuel Paty. « Volonté de s’attaquer à l’intégrité physique d’un tiers » Les deux jeunes gens « avaient conscience de la radicalité » d’Anzorov et qu’il « avait la volonté de s’attaquer à l’intégrité physique d’un tiers », a estimé la cour. Cependant, a souligné le président Zientara, « il n’est pas démontré que (les deux jeunes gens) étaient avisés de l’intention d’Anzorov de donner la mort à Samuel Paty ». Les magistrats du Pnat avaient requis 14 ans de réclusion assortie d’une période de sûreté des deux tiers contre Boudaoud et 16 ans de réclusion également assortie d’une période de sûreté des deux tiers contre Epsirkhanov. La cour n’a cependant pas retenu la période de sûreté des deux tiers à leur encontre. Brahim Chnina, père de la collégienne qui a menti en accusant le professeur d’avoir discriminé les élèves musulmans de sa classe lors d’un cours sur la liberté d’expression où il a présenté une caricature de Mahomet, avait lui posté des messages et une vidéo hostile au professeur dès le 7 octobre. Quant à Abdelhakim Sefrioui, fondateur de l’association (aujourd’hui dissoute) pro-Hamas « Collectif Cheikh-Yassine », il avait qualifié Samuel Paty de « voyou » dans une autre vidéo. Mais rien ne prouve qu’Anzorov avait vu la vidéo d’Abdelhakim Sefrioui, avaient mis en avant ses avocats, ajoutant que leur client n’avait pas rencontré l’assassin de Samuel Paty. « La cour a considéré que (MM. Chnina et Sefrioui) avaient préparé les conditions d’un passage à l’acte terroriste », a indiqué M. Zientara. (Avec AFP)
L’Union européenne doit faire face à de nombreuses crises ces dernières années, mais elle peut également se vanter de quelques réussites comme la protection des consommateurs. Ce qui fonctionne au sein de l’Europe, c’est le sujet cette semaine de l’émission Ici l’Europe, sur France 24, LCP et Public Sénat.
La cour d’assises spéciale de Paris rend son verdict vendredi soir à l’encontre des huit accusés impliqués dans l’assassinat de Samuel Paty. Quatre ans après le choc, quelles mesures ont été prises pour protéger les enseignants ?