32% d’augmentation « en zone gendarmerie », 36% à Paris, ce sont les chiffres annoncés jeudi soir, sur France 2, par le ministre de l’Intérieur, interrogé sur les violences conjugales dont le confinement, comme on pouvait s’en douter, est un terrain propice.
Dans les conditions actuelles, il est plus difficile pour les femmes victimes de violences de se déplacer au commissariat ou à la gendarmerie pour porter plainte, raison pour laquelle, le gouvernement compte mettre les pharmacies à contribution. « Faire en sorte que dans la pharmacie, au moment où la femme qui peut être battue se rend sans son mari, elle puisse donner l’alerte. Et qu’à ce moment-là, nous puissions intervenir immédiatement pour la protéger » a précisé Christophe Castaner assurant vouloir prendre en compte « cet enfermement qui empêche de parler »
« J’espère que les préconisations arriveront dans les pharmacies plus vite que les masques »
Une démarche saluée par la sénatrice socialiste de l’Oise et ancienne ministre du droit des femmes, Laurence Rossignol. « C’est très bien. Bravo Christophe Castaner pour cette initiative ». Mais l’élue se presse d’ajouter. « Ce sera une mission difficile pour les pharmaciens. J’espère que les préconisations arriveront dans les pharmacies plus vite que les masques ».
Il s’agit d’un dispositif calqué sur celui pratiqué en Espagne, pays lui aussi confiné, intitulé « Mascarilla-19 », en Français « Masque-19 ». Commander un masque 19 en pharmacie équivaut à un nom de code, entraînant l’alerte du pharmacien aux autorités.
Quel sera le dispositif en France ? Contacté par publicsenat.fr, l’ordre des pharmaciens indique qu’un communiqué commun avec le ministère de l’Intérieur devrait être publié incessamment.
« En période de confinement, on ne peut pas sortir mais on peut fuir »
À la délégation du droit des femmes du Sénat, une tribune intitulée « Coronavirus et confinement : femmes et enfants en danger » cosignée par 169 parlementaires va être publiée dans le journal Libération. « Ce dispositif de signalement dans les pharmacies, c’est une bonne chose. Mais il faut garder en tête que nous sommes dans une situation spéciale et en appeler à la responsabilité individuelle de chacun. Voisins, collègues… Tout le monde doit se sentir concernés » demande Annick Billon, la présidente centriste de la délégation aux droits des femmes. La sénatrice de Vendée ajoute : « En période de confinement, on ne peut pas sortir mais on peut fuir. Mais le problème, c’est que qu’avec 32% d’augmentation des signalements, les associations sont débordées. En raison de risques de contagion, elles ne peuvent plus prendre en charge les femmes et les enfants dans les foyers d’hébergement mais dans des hôtels c'est-à-dire sans accompagnement. Dans les départements, l’aide sociale à l’enfance va être débordée. Le temps n’est pas aux polémiques sur le manque des moyens, mais à terme il faudra aider les collectivités » conclut-elle.