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Vaccination contre le covid-19 : plusieurs élus appellent à « ouvrir largement » y compris aux jeunes
Par Public Sénat
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D’un extrême à l’autre. En début d’année, la France n’avait que très peu de vaccins. Aujourd’hui, le pays a parfois trop de doses et pas assez de Français prêts à se faire piquer. Le nombre de créneaux disponibles est en effet au plus haut : 280.948 selon le site « vite ma dose », réalisé par l’auteur de CovidTracker, Guillaume Rozier.
A Paris, on trouve facilement des centaines de créneaux disponibles dans les centres de vaccination. En Seine-Saint-Denis, le vaccinodrome du Stade de France ne manque pas de places non plus. Pas encore de quoi mettre à mal la stratégie vaccinale du gouvernement. Mais ces péripéties posent quelques questions.
Les rendez-vous ouverts à tous à partir de la mi-juin
A commencer par le calendrier du rythme de vaccination. L’exécutif travaille par classe d’âge et personnes fragiles. La vaccination est jusqu’ici ouverte au plus de 55 ans et aux personnes plus jeunes atteintes de comorbidités. Des créneaux sont aussi réservés pour les professionnels les plus exposés de plus de 55 ans. Pour l’heure, l’exécutif s’en tient à sa stratégie : vacciner les plus à risque. Or ce n’est pas terminé. « Si on se fixe une cible de 80 % d’une tranche d’âge qui doit être vaccinée pour être protégée, il y a encore 4,3 millions de Français qui relèvent de la vaccination qui n’ont pas encore été vaccinés », a souligné le ministre de la Santé, Olivier Véran, à l’issue d’une visite mardi de la cellule de crise de l’ARS Ile-de-France, à Saint-Denis, rappelant sa volonté de vacciner « par priorisation de tranche d’âge ».
Alain Fischer, le Monsieur vaccin du gouvernement, a aussi écarté ce matin sur Europe 1 l’ouverture de la vaccination pour tous. « La priorité doit aller aux personnes qui en ont le plus besoin, celles qui ont le plus de risques d’êtres malades, hospitalisées, de mourir », a-t-il insisté. Mais le président du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale a cependant annoncé une première évolution : l’ouverture prochaine de la vaccination pour les personnes obèses de moins de 50 ans.
Pour rappel, Emmanuel Macron avait fixé le 31 mars le calendrier : « A partir du 15 mai, les premiers rendez-vous seront ouverts pour nos concitoyens qui ont entre 50 et 60 ans. Et à partir de la mi-juin, les rendez-vous seront ouverts à l’ensemble des Français de moins de 50 ans ». Soit dans un mois et demi. Le chef de l’Etat s’exprimera vendredi sur la situation sanitaire et le déconfinement.
« Il faut de la souplesse et ne pas gaspiller »
Mais des élus demandent d’aller plus loin et d’accélérer les choses. Ils veulent ouvrir aux plus jeunes dès maintenant. C’est le cas de la maire PS de Paris, Anne Hidalgo. « Depuis fin janvier, je demande que l’on puisse ouvrir la vaccination aux enseignants, à toutes les professions en première ligne, et plus largement, je crois qu’il faut débrider la question de l’âge », a-t-elle déclaré aujourd’hui sur France Info. Elle estime que « c’est quand même un scandale que des doses ne soient pas utilisées alors que beaucoup de gens souhaitent se faire vacciner ».
Même demande du côté de la droite sénatoriale. « Il faut de la souplesse et ne pas gaspiller. Il faut des priorités, mais il faut ouvrir. Ce n’est pas acceptable que toutes les doses ne soient pas utilisées, ce n’est pas concevable, si on veut sortir rapidement de cette pandémie », soutient le sénateur LR René-Paul Savary, qui était vice-président de la commission d’enquête du Sénat sur le covid-19. « Il faut s’assurer que toutes les personnes fragiles puissent être vaccinées. Il faut ensuite vacciner les plus exposés : forces de l’ordre, enseignants, restaurateurs, ceux qui travaillent dans les lieux accueillant du public, car il y a des transmissions sur le lieu de travail », détaille le sénateur de la Marne, et « s’il y a des doses, il ne faut pas hésiter à vacciner ceux qui sont plus jeunes ».
Pour Philippe Laurent, maire UDI de la ville de Sceaux, dans les Hauts-de-Seine, et secrétaire général de l’Association des maires de France, il faut ouvrir, mais de façon contrôlée. « Ouvrir largement, il faut le faire. Mais on ne peut pas le faire non plus en disant c’est open bar et faire ce que vous voulez. Ça va être le bordel ! » lance l’élu local, selon qui « il faut continuer à ouvrir à des professions particulières, à tous ceux en contact avec des personnes, tous les métiers de terrain ».
« Il y a du favoritisme » en faveur de certains départements, pointe Philippe Laurent de l’AMF
En réalité, certains n’ont pas attendu pour ouvrir la vaccination. Dans les Alpes-Maritimes, elle est déjà autorisée pour les plus de 40 ans. Ce qui peut surprendre. Il est même possible de prendre un rendez-vous si vous avez 20 ans. Les anciens sont toujours prioritaires, mais les autorités locales justifient ce choix pour ne pas gâcher des doses. Le maire LR de Nice, Christian Estrosi, a appelé à « ouvrir la vaccination à tous les actifs, sans condition d’âge ». Le maire LR de Cannes, David Lisnard, assume aussi cette ouverture. « Il serait quand même curieux d’estimer […] qu’on n’a pas le droit (de vacciner), de respecter la hiérarchie définie par l’Etat avec les doses définies par l’Etat, et de ralentir notre vaccination parce que nous irions plus vite que les autres. Ce serait un nivellement par le bas », a-t-il mis en garde sur France info.
Une situation qui étonne Philippe Laurent. « J’ai entendu les maires de Nice et de Cannes dire qu’ils vaccinaient les moins de 40 ans. Mais pourquoi dans d’autres départements, on n’a pas vacciné tous les plus de 60 ans ? Et Pourquoi ils ont des doses ? C’est bien qu’il y a du favoritisme », pense le secrétaire général de l’AMF. « David Lisnard et Christian Estrosi disent qu’ils vaccinent les enseignants. Mais chez nous, c’est refusé, car il n’y a pas d’instruction en ce sens. Les instructions sont nationales », rappelle le maire de Sceaux. Il ajoute :
C’est très surprenant qu’on ait des taux de vaccination beaucoup plus élevés dans certains départements que dans d’autres.
« Parfois, il y a 10 points d’écart ou plus. Donc ils ont eu plus de doses. Ce n’est pas la population qui a refusé. J’ai le sentiment que des départements sont mieux lotis. Ou alors je n’en sais rien, il faut râler ou être copain avec le Président… », lâche encore Philippe Laurent. « A l’AMF, on a des retours qui montrent une très grande hétérogénéité de situations. Il apparaît que dans certaines villes, comme Nice, il y a des doses à profusion, alors que dans certains départements, en Ile-de-France, c’est beaucoup moins le cas, comme dans les Hauts-de-Seine ou en Seine-Saint-Denis, où il y a visiblement moins de doses, car le taux de vaccination est moins élevé qu’ailleurs », ajoute le responsable de l’AMF, qui constate pour sa propre ville cette pénurie : « Chez nous, dans notre centre partagé par trois communes, il y a des créneaux qui ne sont pas utilisés par manque de doses ».
« Certains territoires sont encore en retard »
Disparités qu’on constate en effet dans les chiffres. 40% de la population des Alpes-Maritimes a reçu au moins une dose de vaccin, contre 20,4% en Seine-Saint-Denis et en Seine-et-Marne, et 23,9% dans les Hauts-de-Seine, selon les données compilées par un ingénieur du CNRS pour L’Humanité. Un nombre plus élevé de doses pour une ville comme Nice peut cependant s’expliquer. Sa population est plus âgée que la moyenne nationale et l’incidence y a été élevée pendant des semaines.
« Certains territoires sont encore en retard », confirme le sénateur René-Paul Savary. « Je le vois dans la Marne, où je suis en rapport avec le centre de vaccination. Il y a encore des listes d’attente. Mais elles vont se résorber rapidement », croit le sénateur LR.
Le sénateur René-Paul Savary va donner « un coup de main » et « vacciner à partir de mai/juin »
La solution passe par plus d’agilité, selon René-Paul Savary. « Il faut localement avoir de la souplesse. Ne pas recevoir les doses qu’on nous impose mais pouvoir commander les doses dont on a besoin. Il faut inverser l’organisation. C’est un tournant de la vaccination, qu’il faut bien prendre » soutient le sénateur. « Il faut plus de marge de manœuvre locale », pense aussi Philippe Laurent, « et faire une distribution plus équitable ».
En attendant, René-Paul Savary entend faire avancer les choses, à son échelle. « Comme je suis médecin, et mon épouse aussi, je vais aider, je vais vacciner à partir de mai/juin. Je vais m’inscrire sur le planning de mon centre de vaccination, il va y avoir un renforcement. Tous les médecins retraités donnent des coups de main », raconte le sénateur de la Marne. Et alors qu’on « constate quelques personnes qui résistent pour être vaccinées à l’AstraZeneca – conséquence de précautions excessives prises avec la suspension, une arme à double tranchant car après, il y a des suspicions », René-Paul Savary appelle à se vacciner sans crainte : « Il faut faire comprendre que dans la vie, on prend toujours des risques, comme quand on prend le volant. Mais dans la balance risques/bénéfices, il y a beaucoup plus de bénéfices dans la vaccination ».