Suite à trois recours déposés contre le choc des savoirs, dont un par la sénatrice écologiste Monique de Marco, le rapporteur public du Conseil d’Etat demande d’annuler la mise en place des groupes de niveau au collège, soit le cœur de la réforme portée par Gabriel Attal. S’il faut encore attendre la décision du Conseil d’Etat, son avis pourrait être suivi.
Skippeuses du Vendée Globe : « Nous avons fait nos preuves ! »
Par Alexis Vallée
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« Malgré nos petits gabarits, nous avons des résultats proportionnellement équivalents à ceux des hommes et ce, malgré la différence de force physique », soutient la skippeuse Isabelle Joschke. Tous les quatre ans en novembre, une trentaine de participants s’élance des Sables-d’Olonne, en Vendée, pour réaliser un tour du monde à la voile, en solitaire et sans escale. En novembre 2020, six femmes — Pip Hare, Miranda Merron, Alexia Barrier, Isabelle Joschke, Samantha Davies et Clarisse Crémer — y ont pris le départ, dans les mêmes conditions que les hommes. Cinq skippeuses sur les six invitées par la délégation aux droits des femmes ont ainsi pu donner leur ressenti sur l’égalité dans le monde sportif.
Un sport « presque » mixte
Premier constat, sur terre comme sur mer, en équipe ou en solitaire, la parité reste imparfaite dans le sport professionnel. D’un point de vue économique, les skippeuses remarquent qu’il leur est plus facile de trouver un sponsor du fait de leur infériorité numérique. « Ça efface la dure réalité du machisme. Par exemple, si un homme disparaît en mer c’est une tragédie, si une femme disparaît en mer c’est une catastrophe », témoigne Alexia Barrier. Les conséquences de ces choix portent par exemple sur le matériel à disposition. « Aucune de nous n’avait des armes égales aux favoris. Ils avaient des bateaux neufs qui vont plus vite, c’est donc plus facile pour gagner la course », décrit Samantha Davies. Pendant la table ronde, Miranda Merron ajoute que le manque de participantes influence aussi les performances. Moins sélectionnées que les hommes lors de compétitions, les skippeuses possèdent ainsi moins d’expérience lors les grands enjeux.
« Il faut éduquer pour faire bouger les choses »
A travers son association Horizon mixité, Isabelle Joschke veut sensibiliser les plus jeunes sur l’égalité dans le sport professionnel. « On a envie de faire rêver les petites filles et les femmes qui estiment que ce n’est pas un métier fait pour elle », souhaite-t-elle. D’autres skippeurs, hommes comme femmes, interviennent dans des écoles pour déconstruire les préjugés. « Je pense que l’on tend vers quelque chose de plus universel, mais il y a encore du chemin à faire. Ça nécessite des étapes dont la première est de trouver sa place dans un monde très masculin », ajoute la skippeuse. Un point de vue que partage la Britannique Pip Hare : « La proportion de femmes dans les courses n’a pas évolué depuis que j’ai débuté. Des gens s’émerveillent encore de voir des skippeuses remporter des compétitions mais il n’y a pas de quoi s’extasier, car ce n’est pas encore normal. »
« Les problématiques dans le sport restent les mêmes »
Il y a trois ans, la délégation aux droits des femmes s’intéressait déjà à ces questions à travers les footballeuses professionnelles, qui allaient disputer la coupe du monde en 2019. L’événement du Vendée Globe était l’occasion de donner la parole aux skippeuses. « A travers leurs témoignages, on voit que c’est important d’être une femme. Ça apporte des différences et des challenges. C’est bien de parler d’égalité mais c’est aussi bien de l’appliquer », défend Annick Billon, sénatrice de la Vendée et présidente de la délégation. Un constat que partage aussi Samantha Davies : « Je pense qu’on a fait nos preuves et je suis confiante pour que des partenaires trouvent des solutions à l’avenir. »
Plus qu’un travail, c’est une fierté de recevoir ces cinq sportives. Avant la table ronde, de nombreux membres du Sénat posent avec elles pour des photos. Personne ne reste insensible aux compétitrices y compris le président du Sénat, Gérard Larcher, qui s’est lui-même déplacé pour les accueillir avant la table ronde. « Ce sont des femmes normales mais qui ont accompli quelque chose d’extraordinaire. Elles ont décidé de vivre leur rêve, elles ont décidé d’affronter les difficultés à travers un exploit qui n’existe nulle part ailleurs : un tour du monde sans escale et sans assistance », se réjouit la sénatrice. De leur côté, les skippeuses espèrent que le prochain Vendée Globe, prévu en 2024, comprendra plus de femmes parmi les compétiteurs.