Depuis le 1er février, aucun jeune ne peut débuter une mission de service civique, dans l’attente du vote du projet de loi de finances. Une nouvelle qui laisse les sénateurs dans l’incompréhension, alors que la loi spéciale a reconduit les crédits alloués au dispositif en 2024 et que le budget 2025 pourrait être adopté en milieu de semaine.
Rumeur en Seine-Saint-Denis : le mythe récurrent de la camionnette blanche
Par Yann Quercia
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C’est une véritable paranoïa qui a gagné une partie des départements de l’Ile-de-France pendant plusieurs jours. Une vague de menaces et parfois de violences sur fond de racisme anti-Roms. La rumeur affirme qu’un gang enlève des enfants en Île-de-France à bord d’une camionnette blanche.
Mardi, vingt personnes ont été interpellées en Seine-Saint-Denis après des violences visant des Roms, désignés par des rumeurs sur les réseaux sociaux comme étant à l’origine d’enlèvements d’enfants. Pour l’instant onze des interpellés sont toujours en garde à vue. Le dimanche 17 mars, deux hommes circulant à Colombes (Hauts-de-Seine) dans un véhicule de ce type en ont été extraits avant d’être « roués de coups par une vingtaine de jeunes », écrit le Parisien.
La Préfecture de police de Paris est catégorique. « Les rumeurs de kidnapping d’enfants avec une camionnette sont totalement infondées. Aucun enlèvement n’est avéré. Ne relayez plus cette fausse information, n’incitez pas à la violence », a-t-elle prévenu, hier soir.
Interrogé ce matin lors de son point après le conseil des ministres, Benjamin Griveaux parle d’une rumeur détestable : « C’est la démonstration de la nécessité de la lutte contre les Fake news. Il faut rappeler l’importance de l’information, de la qualité des sources, du travail des journalistes. C’est un travail auquel chacun d’entre vous s’attelle (…) C’est aussi le travail des responsables politiques de rappeler en permanence à la rationalité du débat. Quand on voit ce type de rumeurs, propagée de manière extrêmement virale sur les réseaux sociaux, ont pour conséquence de la violence, c’est détestable. C’est tout l’objet de la lutte contre les fake news et de ce que l’on va faire contre la violence en ligne. »
Un mythe récurrent qui se décline selon les pays
L’histoire de la camionnette blanche revient à intervalle régulier dans le paysage médiatique français. En 2011, le Parisien relate « une rumeur faisant état d’enlèvements d’enfants et d’un trafic d’organes » qui envahissait les cours des écoles dans l’Oise. Dans la Drôme, en 2014, la rumeur de la camionnette blanche explose sur les réseaux sociaux. France 3 indiquait au mois de janvier que la camionnette blanche avait été aperçu dans le Nord. Plus récemment, en 2017 Franceinfo rapportait que la fameuse camionnette circulait dans le Loiret.
Aurore Van de Winkel, spécialiste des légendes urbaines explique dans une interview, donnée au site Spokus, à l’occasion de la sortie de son livre « Les Légendes urbaines de Belgique » que le mythe de la camionnette blanche n’est pas propre à la France. « Sur les légendes d’enlèvements d’enfants par des camionnettes par exemple, on a pu observer qu’en France et en Belgique, elles faisaient référence à des camionnettes blanches alors qu’aux U.S.A, il s’agit plutôt de camions de glace. Un chercheur russe nous a indiqué qu’en Russie, c’était les Black Volga, les voitures utilisées par l’ex-KGB qui étaient visées ! On est face ici à des histoires similaires mais à des détails qui diffèrent suivant la culture du lieu. »
1969 : la folle rumeur d’Orléans
En mai 1969, une vague de calomnies sur fond d’antisémitisme a déferlé sur la ville. D'après la rumeur, il existerait un réseau de traite des blanches organisé par des commerçants juifs et plusieurs femmes auraient disparu, transportées par de mystérieux souterrains jusqu'à la Loire où attend un sous-marin. L’histoire est fausse mais cette rumeur d’Orléans a agité la ville pendant près de deux mois, en pleine période électorale pour l’élection présidentielle.