Au premier coup d’œil rien ou presque ne distingue cet immeuble d’un autre. Sauf que pour habiter ici il faut avoir plus de 60 ans. Un projet commun, voulu et construit par tous ses habitants pour faire face au vieillissement. Chacun y dispose de son propre logement et de larges espaces communs, une salle polyvalente, des chambres d’amis et même une buanderie partagée. Ce type de résidence coopérative permet de vivre chacun chez soi mais dans un cadre collectif. Pour Janine 72 ans, le fait d’habiter dans un deux-pièces entièrement aménagé pour les personnes âgées lui permet de vivre sa retraite loin des EPHAD, une solution qu’elle refuse. Un sentiment de liberté et d’indépendance qu’elle recherche, « On décide ensemble, il n'y a personne au-dessus (…) de toute façon je veux finir ma vie ici, et ne pas aller en maison de retraite ».
S’imaginer un avenir
Une solution déjà très développée en Suisse et en Norvège qui permet de faire face au vieillissement de la population , une alternative à la prise en charge traditionnelle pour Armelle de Guibert, de l’association des Petits frères des Pauvres « il faut être très imaginatif car les personnes concernées sont les plus à même de construire ces solutions (…) il y a une demande des personnes âgées car la solution EHPAD de 80 -90 places est souvent mal vécue par les personnes âgées, il faudrait que des dispositifs entre l’EHPAD et le domicile puissent se développer car elles sont souvent moins coûteuses qu’une place dans une maison de retraite et correspondent mieux aux besoins des personnes ».
Ici, pas de directeur, pas d’aides soignantes ni d’animateurs mais une petite communauté de retraités qui partagent le même désir de vivre en autonomie. Ce sentiment d’autonomie est doublé d’un loyer bon marché comparé au coût des maisons de retraites médicalisées. Il faut compter entre 600 et 800 euros, plus un ticket d’entrée de 30 000 euros qu’on récupère à son départ.
Une solution meilleur marché que l’EHPAD
La solution Ehpad comme source de contraintes
C’est Patrick qui voulu lancer ce projet malgré un véritable parcours du combattant pendant 9 ans pour convaincre architectes, assureurs et surtout les banques pour obtenir un prêt sur 50 ans « Au début il fallait qu’on explique que les Barges c’était le nom du quartier et non pas le nom qu’on s’est donné. Au début on n’y croyait pas et c’est petit à petit que cela s’est fait ». Une somme raisonnable comparée au coût de revient des maisons de retraites traditionnelles.
Pour Armelle de Guibert, « Avec l’âge, les besoins financiers sont importants soit on a une retraite très confortable où on peut voir venir et se payer tous les services, mais les financements publics sont insuffisants pour les personnes qui ont des retraites entre 1200 et 3500 euros, s’ils n’ont pas mis de côté ils n’ont pas les moyens suffisants pour se payer une maison de retraite ».
« Je veux finir ma vie ici, pas dans une maison de retraite » Janine, 77 ans.
Reculer l'échéance
Parmi ces retraités, Monique est « la cadette » de l’immeuble. À tout juste 62 ans elle n’est pas encore à la retraite mais anticipe déjà ce moment. Pour elle « c’est la possibilité de vieillir dans un autre cadre et ne pas vieillir toute seule et difficilement » qui l’a poussé à entrer dans un projet qui selon elle permet « de reculer l’échéance le plus tard possible face aux pathologies les plus lourdes comme l’Alzheimer ». Et Patrick de conclure plein d’espoir « être dans ce projet, va permettre de retarder le moment où l’on devient dépendant ».