« Nous avons le sentiment que les éleveurs et les acteurs de l’environnement n’ont pas été entendus par le gouvernement », constate Cyril Pellevat, sénateur (Les Républicains) de la Haute-Savoie. Ce dernier est l’auteur du rapport du groupe de travail du Sénat sur le plan loup du gouvernement (2018-2023), présenté en février. Ce plan prévoit la progression de la population des canidés tout en fixant des quotas d'abattages, de l’ordre de 10 à 12% de la population totale.
Réhabituer le loup à la prédation de l’homme
Pour Cyril Pellevat, un quota de loups à abattre n’est pas efficace pour réguler la population des loups : « il y a parfois des attaques concentrées avec des déplacements de meute ». Selon son rapport d’information, « il faut réhabituer le loup à la prédation de l’homme : le loup s’est fait à la présence de l’homme et considère que les troupeaux de brebis lui sont dûs. Capturer certains loups, puis les relâcher, permettrait de recréer cette peur du prédateur. »
Donner une définition juridique du loup claire face aux chiens errants
Loup : le Sénat veut une définition juridique claire
Pour le sénateur, le premier enjeu réside dans le fait de donner une définition claire du loup. « Nous demandons une définition juridique claire du loup », explique Cyril Pellevat. « Il faut faire la différence entre les loups et les hybrides, des chiens errants qui ont 99% de gènes en commun avec les loups. » Selon le sénateur, ces chiens errants sont plus dangereux que les loups et sont responsables de nombreuses attaques. « On ne sait pas si les éleveurs attaqués par ces chiens errants vont être indemnisés. »
Le coordinateur du plan loup auditionné au Sénat
Stéphane Bouillon, coordinateur du plan Loup « Le sujet est extrêmement sensible. »
Le groupe d’études du Sénat sur le développement économique de la montagne a auditionné, ce mardi, Stéphane Bouillon, préfet de la région Auvergne-Rhône-Alpes et chargé de la coordination du plan Loup 2018-2023. Le préfet Stéphane Bouillon a rappelé les règles relatives au loup. Une manière de recentrer un débat souvent passionné.
Interdiction de tuer des loups mais des dérogations
« Avec le loup, on est dans le cadre de la directive Habitats de la convention de Berne, qui liste les espèces protégées, donc la règle de base, c’est interdiction de tuer un seul de ces spécimens. Cependant, pour prévenir les dommages aux troupeaux, mes collègues préfets ont la possibilité d'octroyer des dérogations encadrées. »
Un objectif : moins de 12 000 brebis tuées
Stéphane Bouillon est revenu sur l’originalité de son rôle de préfet coordinateur : “Je dois harmoniser l’action des autres préfets à l’échelle d’une zone. Je dois gérer le quota de prélèvements qui m’est alloué en “bon père de famille”. Le préfet se fixe un objectif ambitieux, diminuer le nombre de brebis tuées alors que la population des canidés augmentera. « Je souhaite infléchir la courbe des pertes et avoir cette année moins de 12 000 brebis tuées. »