Les Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS) ont diligenté une enquête administrative pour « faire la lumière » sur la prise en charge par le SAMU d'une jeune femme de 22 ans, raillée au téléphone par deux opératrices des secours avant de décéder peu après son hospitalisation.
Dans un enregistrement audio, publié il y a quelques jours sur le site d’information local alsacien Heb’di, on entend une jeune femme qui contacte le SAMU pour des douleurs et recevoir moqueries de la part des répondantes. « J'ai mal au ventre », « J'ai mal partout », « Je vais mourir» déclare Naomi Musenga. Elle reçoit pour réponse : « Vous allez mourir, certainement un jour comme tout le monde ». Redirigée avec retard vers le SAMU, elle est emmenée à l'hôpital et sera victime d'un infarctus puis transférée en réanimation avant de décéder à 17 h 30.
Ce décès ravive la polémique autour des urgences hospitalières. En Septembre 2017, un rapport d’information du Sénat de Mmes Laurence COHEN, Catherine GÉNISSON et M. René-Paul SAVARY était intitulé : « Les urgences hospitalières, miroir des dysfonctionnements de notre système de santé ».
« On peut penser à un dysfonctionnement de régulation »
Joint par téléphone, René-Paul Savary, sénateur de la Marne, souhaite une meilleure formation pour les assistants régulateurs des urgences : « Nous avons fait un rapport pour améliorer le fonctionnement des services d’urgences hospitaliers, suite à la visite de délégations de petites structures et de grands CHU. Le métier d’assistant régulateur est important, et nous avons préconisé que les gens soient bien formés ».
Le sénateur pose la question de la capacité des régulateurs des urgences à apprécier certaines situations : « Il faut attendre les résultats de l’enquête, mais visiblement on peut penser à un dysfonctionnement de régulation, ces assistants étant tenus d’appréhender l’urgence ou non. Il faut attendre les conclusions de cette affaire et en tirer les conséquences ».
Il conclut en espérant que ce rapport pourra trouver un écho après ce décès: « J’espère que le Ministère de la santé pourra tenir compte de notre rapport et qu’il s’en servira pour améliorer les conditions de traitements de ces appels d’urgence ».
Une indispensable professionnalisation de l’assistance à la régulation médicale
Une partie du rapport fait fortement écho au possible dysfonctionnement dans « l’affaire Naomi ». Les rapporteurs estiment que la fonction d’ARM (assistant de régulation médicale) est insuffisamment valorisée et encadrée. Les sénateurs parlent « d’un métier très difficile et extrêmement stressant, que l’on fait pourtant bien souvent exercer par des personnes manquant d’expérience, quand ce n’est pas tout simplement d’une formation initiale ». Ils proposent de mettre en place une formation initiale standardisée d’au moins deux ans, sanctionnée par la délivrance d’un diplôme obligatoire pour l’exercice de la profession d’ARM.