Le dernier baromètre Odoxa pour Public Sénat et la presse régionale revient sur les actualités qui ont marqué les Français en 2024. Pour 34 % des sondés, c’est la crise politique provoquée par la dissolution qui arrive en tête des évènements les plus importants de l’année.
Peut-on être heureux au travail ?
Par Priscillia Abereko
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50% des Français en activité ne sont pas heureux au travail*. Olivier Bourgine a été l’un d’eux. Cet ex-ingénieur de l’aéronautique qui a travaillé sur des projets aussi ambitieux que l’A380, ne s’épanouissait plus dans son travail. Au fil des années, une reconversion professionnelle devenait nécessaire. « Lorsque je rentrais chez moi le soir dans mon beau costume, je me disais que ce n’était pas moi. Avoir les mains dans le ciment, ça c’était moi ! » témoigne-t-il. À 53 ans, il troque son costume pour un bleu de travail et embrasse la carrière d’ébéniste. Un changement de travail bénéfique et choisi, qui n’est pourtant pas l’affaire de tous. En France, 56% des actifs ont déjà changé de métier. Derrière ce chiffre, se cache pourtant une majorité de reconversions subies. Licenciement, rupture de contrat, plans sociaux, tout le monde ne choisit pas sa reconversion. Une réalité dont a bien conscience Olivier Bourgine. « Financièrement je peux m’offrir ce luxe de tenter cette nouvelle vie » admet-il. Un parfait exemple de reconversion professionnelle permettant d’être heureux dans un nouveau travail.
Le "Burn-out" la maladie professionnelle du siècle
Le bonheur au travail est également lié à la santé mentale des travailleurs. En France, 24% d’actifs se sentent pourtant en situation de « burn-out », le syndrome d’épuisement professionnel. Arnaud Dupuis, ancien chef d’entreprise, en a été victime. « Un matin, j’ai voulu me lever pour aller travailler, mais mon corps ne répondait plus. Mon corps et mon esprit étaient déconnectés. Je suis allé jusqu’au burn-out et à l’épuisement ».
"Un matin, j'ai voulu me lever pour aller travailler. Mon corps et mon esprit étaient déconnectés. J'étais allé jusqu'au burn-out"
Fatigue, douleurs musculaires, sentiment d’incompétence, qualifient en partie ce mal du siècle. Interrogé sur le sujet, le psychiatre Patrick Legeron spécialiste du mal-être au travail exerçant à l’hôpital Sainte-Anne à Paris, explique les raisons de cette maladie : « le monde du travail, dans son accélération des changements, des réorganisations et de la pression financière des résultats met à mal le psychisme humain ». Aujourd’hui, Arnaud Dupuis reconnaît qu’il « existe une brutalité dans le monde du travail ». Un constat poignant, qui fait écho aux 25% de français qui se rendent chaque jour au travail, la boule au ventre.
Chief Happiness Officer, le métier du bonheur
Certaines entreprises ont pourtant fait du bonheur, une priorité. À Issy-les-Moulineaux, dans les Hauts-de-Seine, l’entreprise Sodexo a mis en place depuis près d'un an un tout nouveau poste : le CHO. Charlotte, la Chief Happiness Officer, a pour mission de rendre heureux les salariés au travail. Séance de pédicure, mise en place d’une conciergerie et d’une fun room, tout est conçu selon Charlotte pour le bien-être du salarié. Mais en l’espèce, une stratégie globale bien rodée qui semble porter ses fruits : un salarié heureux serait plus efficace au travail, moins absent et plus attaché à l’entreprise. De quoi ravir les entreprises.
Retrouvez l'intégralité de l'émission "Peut-on être heureux au travail ?" samedi 14 octobre à 21h30.
(*) Enquête réalisée du 9 au 13 octobre 2017, par la Fabrique Spinoza, sur la qualité de vie au travail.