Pauvreté : un étudiant sur deux ne mange pas à sa faim depuis le début de la crise sanitaire

Pauvreté : un étudiant sur deux ne mange pas à sa faim depuis le début de la crise sanitaire

Une jeune association, Co’p1-Solidarités étudiantes, vient de réaliser une enquête inédite sur la précarité qui frappe les étudiants depuis le début de la crise sanitaire. 79 % des étudiants interrogés déclarent avoir eu recours à une aide alimentaire pour la toute première fois cette année. Les représentants de l’association seront reçus au Sénat le 6 mai prochain.
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« On s’est rendu compte qu’on manquait de chiffres sur la précarité étudiante. Nous en avions besoin pour connaître le profil et les besoins de ceux qui sollicitent une aide alimentaire », explique Ulysse Guttmann-Faure, président de l’association Co’p1-Solidarités étudiantes.

D’abord frappé par les difficultés liées à la crise sanitaire et économique qui touchent de plus en plus lourdement les étudiants, Ulysse Guttmann-Faure, étudiant en droit, lance à la rentrée 2020 avec 5 autres cofondateurs, l’association Co’p1-Solidarités étudiantes.

Grace à des collectes réalisées auprès de certaines associations comme la Croix rouge, la fondation Abbé Pierre, les Restos du cœur, des entreprises ou encore la mairie de Paris, cette jeune structure de 450 bénévoles, tous étudiants, vient en aide à 750 étudiants toutes les semaines (jeudi, vendredi et samedi). Les distributions ont lieu dans un immeuble non loin de la place de la Bastille (XIe arrondissement de Paris) et depuis peu dans des nouveaux locaux vers la porte de Vanves (XIVe arrondissement).

Outre leur action caritative, les membres de cette association ont ensuite réalisé, par eux-mêmes, entre octobre et décembre, une grande enquête sociologique auprès de 1 122 étudiants dont les résultats sont éloquents.

67 % des bénéficiaires sont des femmes

Premier enseignement, 79 % des bénéficiaires répondants, ont sollicité une aide alimentaire pour la toute première fois à la rentrée universitaire 2020-2021. Les femmes sont également surreprésentées et composent 67 % des bénéficiaires. « De connaître ces données, ça nous permet d’adapter le besoin en accompagnement. Nous savons que les femmes sont majoritaires, c’est la raison pour laquelle nous avons ajouté des produits d’hygiène à nos colis », souligne Ulysse Guttmann-Faure.

« On réalise que les difficultés s’additionnent »

Le plus frappant reste ce chiffre : un étudiant sur deux, estime ne pas avoir mangé à sa faim de façon répétée depuis le début de l’année universitaire. On apprend aussi que la précarité alimentaire touche principalement les étudiants internationaux (67 %) et des jeunes en fin de cursus qui ne vivent plus leurs parents (92 %). 52 % des répondants ne peuvent pas compter sur leur entourage pour une aide matérielle ou financière. « On réalise que les difficultés s’additionnent. Certains ont perdu leur job, ont des parents qui ont perdu leur emploi ou sont en chômage partiel et ne peuvent plus venir en aide à leurs enfants », précise le président de l’association.

Parmi les conséquences de cette précarité, plus de 23 % affirment avoir eu à renoncer à une aide médicale. 57 % affirment que le confinement a eu un effet négatif sur leur santé psychique et 76 % déclarent être « préoccupés, tourmentés ou anxieux ».

Les membres de l’association indiquent n’avoir eu pour le moment aucun retour sur cette étude de la part le ministère de l’Enseignement supérieur. Mais seront auditionnés le jeudi 6 mai par la mission d’information du Sénat sur « les conditions de la vie étudiante en France ».

Ces derniers mois, la mission a auditionné des représentants des syndicats étudiants, des associations d’aide alimentaire ou encore différents responsables de l’habitat des étudiants qui ont également fait part de signaux alarmants.

Pierre Ouzoulias : « On est dans un pays en voie de sous-développement »

« Vous avez des nouvelles de la ministre de l’Enseignement supérieure, vous ? » raille le président communiste de la mission, Pierre Ouzoulias qui salue cette initiative locale. « Ce sont des chiffres terribles qui démontrent que notre pays est incapable d’offrir une perspective à sa jeunesse. On est dans un pays en voie de sous-développement », lâche-t-il.

Suite à la médiatisation de l’affluence étudiante aux portes des banques alimentaires, le gouvernement a lancé repas à 1 euro, fin janvier. Une initiative qui reste insuffisante pour le président de la mission sénatoriale. « Beaucoup de restaurants universitaires ne sont pas ouverts le soir. Donc, le repas à 1 euro, c’est surtout un repas par jour à condition de ne pas s’éloigner des grandes métropoles », note Pierre Ouzoulias qui déplore « le désengagement de l’Etat ». « Ce gouvernement qui pourtant se montre très militant pour renforcer les principes républicains, s’aligne sur le modèle Anglo-saxon. L’idée républicaine de la Nation apprenante, un pays qui considère que l’ensemble d’une classe d’âge doit accéder à des études supérieures, est abandonnée » conclut-il.

Frédérique Vidal sera auditionnée par la mission d’information sénatoriale au mois de juin.

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