Le train à moins de 4h plutôt que l’avion : Djebbari consultera les élus locaux

Le train à moins de 4h plutôt que l’avion : Djebbari consultera les élus locaux

Le secrétaire d’État chargé des transports ne « tranche pas » la proposition de la Convention citoyenne, de supprimer les vols intérieurs en cas d’alternative en train réalisable en moins de quatre heures. Mais il met en garde contre les problèmes d’aménagement du territoire.
Public Sénat

Par Public Sénat

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

La fin des vols intérieurs, en cas d’alternative ferroviaire de moins de deux heures trente, fait partie des conditions imposées par le gouvernement dans le cadre du sauvetage d’Air France. Ce week-end, la Convention citoyenne pour le climat est allée plus loin, en proposant d’étendre la fin de ces dessertes aériennes, d’ici 2025, à toutes les lignes où « il existe une alternative bas carbone satisfaisante en prix et en temps », c’est-à-dire un trajet réalisable en quatre heures. Un spectre beaucoup plus large sur le territoire national.

Invité de l’émission Audition publique, sur les chaînes parlementaires, en partenariat avec Le Figaro Live, le secrétaire d’État chargé des transports, Jean-Baptiste Djebbari, a rappelé que ce sujet n’était pas seulement environnemental mais qu’il posait aussi des questions d’aménagement du territoire et d’attractivité pour ces villes. « Il y a aussi la réalité des territoires », a expliqué l’ancien fonctionnaire de l’Aviation civile, anticipant la réaction des élus et parlementaires de ces départements. Selon lui, ces mesures « nécessitent d’être débattues territorialement par ceux qui sont concernés », raison pour laquelle il « ne tranche pas cette mesure ». « Nous devons entendre ces voix-là », a-t-il insisté.

« Ils diront qu’il y a une France à deux vitesses et qu’il y aura des territoires oubliés si cette mesure est faite »

« Ça posera forcément une question d’attractivité des territoires, d’installation des entreprises et je sais ce que diront les élus. Ils diront qu’il y a une France à deux vitesses et qu’il y aura des territoires oubliés si cette mesure est faite », a-t-il mis en garde, avant de rappeler l’état du ferroviaire pour certaines parties du pays. « Vous aurez le Grand Massif central, les villes comme Limoges, Brive, Castres, Aurillac, Clermont-Ferrand, qui n’ont pas aujourd’hui l’alternative ferroviaire vraiment robuste. Aller à Limoges c’est 3h30 de train et beaucoup de retard et beaucoup de travaux. »

Sur la décision du gouvernement de mettre fin aux vols courts et d’interdire à toute compagnie de s’implanter sur les dessertes abandonnées par Air France, Jean-Baptiste Djebbari s’est montré confiant sur la conformité avec le droit européen, notamment pour une justification environnementale. « Mes services me disent qu'il est possible, par voie réglementaire […] d'empêcher, alors qu'un opérateur se retire, un autre opérateur aérien de venir s'y implanter. »

Dans la même thématique

Paris : illustrations of assize court of Paty s trial
5min

Société

Procès de l'assassinat de Samuel Paty : tous les accusés ont été reconnus coupables

Les deux amis de l’assassin du professeur Samuel Paty, Naïm Boudaoud et Azim Epsirkhanov, ont été reconnus coupables de complicité d’assassinat et condamnés à 16 ans de réclusion criminelle. Le verdict a été accueilli par des cris et des pleurs de la part de la famille de Naïm Boudaoud, âgé de 22 ans. « Ce soir, c’est la République qui a gagné », s’est félicité Thibault de Montbrial, avocat de Mickaëlle Paty, une des sœurs du professeur assassiné. La cour a également déclaré coupables d’association de malfaiteurs terroriste les deux auteurs de la « campagne de haine « qui ont fait de Samuel Paty une « cible » : Brahim Chnina, 52 ans et le prédicateur islamiste Abdelhakim Sefrioui, 65 ans, ont écopé respectivement de 13 et 15 ans de réclusion criminelle. « J’ai compris que vous avez fait de la politique, pas de la justice », s’est exclamé depuis son box Abdelhakim Sefrioui avant d’être sèchement interrompu par le président, tandis que la famille de Brahim Chnina, très nombreuse sur les bancs du public, éclatait en sanglots et cris de désespoir. Vincent Brengarth, un des avocats d’Abdelhakim Sefrioui, a annoncé aussitôt que son client faisait appel de sa condamnation. Ouadie Elhamamouchi, autre avocat du prédicateur, a estimé que son client était désormais « un prisonnier politique ». « Je me désolidarise de ces propos-là », a cependant nuancé Me Brengarth, montrant des failles dans la défense du prédicateur. Avocat de la compagne de Samuel Paty et de leur fils, présent à l’audience, Francis Szpiner s’est félicité d’un « verdict équilibré ». Le fils de Samuel Paty, âgé seulement de 9 ans, a compris que « justice a été rendue pour son père », a-t-il ajouté. Si le quantum des peines n’est pas très différent de ce que réclamait le parquet, la cour présidée par Franck Zientara a choisi de maintenir l’infraction de « complicité » pour les deux amis d’Abdoullakh Anzorov, un islamiste radical tchétchène de 18 ans, abattu par la police peu après son acte. Les quatre autres accusés, dont une femme, appartenant à la « jihadosphère » qui était en contact avec Anzorov sur les réseaux sociaux, ont également tous été condamnés à des peines de prison ferme ou avec sursis. Pour deux d’entre eux (Ismaël Gamaev et Louqmane Ingar) la cour a retenu l’association de malfaiteurs terroriste tandis qu’elle a déclaré coupable Priscilla Mangel de provocation au terrorisme et Yusuf Cinar d’apologie du terrorisme. La veille de l’attentat, Naïm Boudaoud et Azim Epsirkhanov avaient accompagné Anzorov à Rouen pour y acheter un couteau (pas celui qui a servi à décapiter Samuel Paty) qui sera retrouvé sur la scène de crime. A l’audience, Boudaoud et Epsirkhanov ont répété qu’Anzorov leur avait expliqué que ce couteau était « un cadeau » pour son grand-père. Le jour de l’attentat, le 16 octobre 2020, Boudaoud, le seul sachant conduire, avait accompagné le tueur dans un magasin de pistolets airsoft puis l’avait déposé à proximité du collège où enseignait Samuel Paty. « Volonté de s’attaquer à l’intégrité physique d’un tiers » Les deux jeunes gens « avaient conscience de la radicalité » d’Anzorov et qu’il « avait la volonté de s’attaquer à l’intégrité physique d’un tiers », a estimé la cour. Cependant, a souligné le président Zientara, « il n’est pas démontré que (les deux jeunes gens) étaient avisés de l’intention d’Anzorov de donner la mort à Samuel Paty ». Les magistrats du Pnat avaient requis 14 ans de réclusion assortie d’une période de sûreté des deux tiers contre Boudaoud et 16 ans de réclusion également assortie d’une période de sûreté des deux tiers contre Epsirkhanov. La cour n’a cependant pas retenu la période de sûreté des deux tiers à leur encontre. Brahim Chnina, père de la collégienne qui a menti en accusant le professeur d’avoir discriminé les élèves musulmans de sa classe lors d’un cours sur la liberté d’expression où il a présenté une caricature de Mahomet, avait lui posté des messages et une vidéo hostile au professeur dès le 7 octobre. Quant à Abdelhakim Sefrioui, fondateur de l’association (aujourd’hui dissoute) pro-Hamas « Collectif Cheikh-Yassine », il avait qualifié Samuel Paty de « voyou » dans une autre vidéo. Mais rien ne prouve qu’Anzorov avait vu la vidéo d’Abdelhakim Sefrioui, avaient mis en avant ses avocats, ajoutant que leur client n’avait pas rencontré l’assassin de Samuel Paty. « La cour a considéré que (MM. Chnina et Sefrioui) avaient préparé les conditions d’un passage à l’acte terroriste », a indiqué M. Zientara. (Avec AFP)

Le