Suite à trois recours déposés contre le choc des savoirs, dont un par la sénatrice écologiste Monique de Marco, le rapporteur public du Conseil d’Etat demande d’annuler la mise en place des groupes de niveau au collège, soit le cœur de la réforme portée par Gabriel Attal. S’il faut encore attendre la décision du Conseil d’Etat, son avis pourrait être suivi.
Le bac sert-il encore à quelque chose ?
Par Public Sénat
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Avec le démarrage des épreuves du bac, cette année lundi 18 juin, se pose à chaque fois la question de l’intérêt véritable de cet examen. Utile ? Pas utile ?
« C’est une clé qui permet de poursuivre des études, pour la plupart des jeunes » estime le sociologue Michel Fize. « Mais il est évident que si vous en restez au niveau du bac, pour une insertion professionnelle, vous n’allez pas très loin. C’est l’illusion qu’avec le bac vous êtes richement doté en diplôme, ce qui n’est pas le cas ». Il ajoute : « C’est la question du diplôme qui devrait être interrogé aujourd’hui (…) Moi, je suis pour la suppression du bac et l’instauration d’une évaluation positive, à partir d’un contrôle continu, intégral. »
Pour Maxime Legrand, président du think tank « Révolution Éducative », le bac est une étape : « Dans un pays où les premiers de cordée ont la cote, ça correspond à une étape dans l’alpinisme de l’enseignement supérieur français. Donc c’est bien aussi que les jeunes dans ce pays aient des moments de satisfaction. Ils auront au moins une journée, pour ceux qui sont admis. Mais après ça ouvre vers d’autres portes, même si le sujet de l’orientation n’est pas pris en compte (…) au moment du bac. Il pourrait y avoir (…) une note spécifique, qui correspondrait (…) [à] la préparation de l’orientation. »
Le bac : « un bon socle »
« Ne pas avoir le bac (…) c’est souvent difficile » rappelle Louise Tourret, journaliste et productrice de l’émission « Rue des écoles » sur France Culture. « On est une société (…) qui donne beaucoup d’importance aux diplômes. Donc ce premier diplôme qui, lui, ne donne pas accès à grand-chose, ne pas l’avoir, ne pas le passer, c’est peut-être se confronter à de grandes difficultés. D’autant qu’on sait qu’on va devoir souvent changer de travail, dans son parcours professionnel. Le bac, c’est quand même un bon socle. »
Sophie de Tarlé, rédactrice en chef du Figaro étudiant, se dit moins optimiste que les autres invités sur le plateau : « Ce qui est terrible, c’est qu’(…) aucune note du bac ne compte pour l’admission dans le supérieur (…) C’est uniquement, pour l’instant le dossier scolaire (…) Et puis le pourcentage au bac est très élevé, le taux de mention « très bien » a explosé. »
Un nouveau bac est en préparation, avec « la réforme Blanquer », qui sera mis en place en 2021 : introduction d’un contrôle continu qui comptera pour 40% de la note finale, création d’un grand oral de 20 minutes et fin des séries L, ES et S remplacées par des spécialités, sont les principales nouvelles mesures.
Maxime Legrand, ne montre pas un grand enthousiasme devant cette énième réforme : « On ne s’est pas posé la question, par rapport à la réforme actuelle, de quelles étaient les compétences attendues, pas simplement par les entreprises à court terme. Mais de quoi avaient besoin nos jeunes pour vivre dans le monde de demain, pour pouvoir se développer dans le monde de demain (…) Ils vont changer entre 10 et 14 fois de métiers avant l’âge de 38 ans (…) il faut les préparer aux mouvements du monde (…) Le bac d’aujourd’hui est utile ne serait-ce que parce qu’il y a une épreuve de philosophie. »
Vous pouvez voir et revoir le débat sur le bac, en intégralité :