À la demande de la France, le Conseil de l’Europe a retiré des réseaux en début de semaine la campagne lancée quelques jours plus tôt pour promouvoir la diversité, autour du slogan : « La liberté dans le hijab ». Sur les visuels de cette campagne, plusieurs jeunes femmes apparaissaient avec une partie du visage voilée, accompagnées du slogan : « La beauté est dans la diversité comme la liberté est dans le hijab ». La polémique autour de ces images s’est invitée jusque dans l’hémicycle du Sénat où le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a été interpellé par la sénatrice LR Valérie Boyer en milieu de semaine. « J’ai été extrêmement choquée par cette campagne », a réagi vendredi, sur le plateau d’« Extra Local », l’émission de Public Sénat, la secrétaire d’État chargée de la Jeunesse et de l’Engagement Sarah El Haïry.
« Je lutterai toujours contre les discriminations qui peuvent exister, mais ce n’est pas le résultat de la campagne », estime cette responsable gouvernementale. « Elle utilise un symbole religieux, le hijab, illustre le fait que ce voile est un objet communautaire et en fait la promotion. C’est contraire aux positions de la France, aux positions que nous défendons dans toutes les institutions internationales », martèle Sarah El Haïry. « Ce n’est plus la liberté de religion qui est défendue, mais un symbole religieux. »
« Ma grand-mère était une femme libre et portait le voile »
Pour autant, peut-on être une femme libre et porter le voile ? « Absolument ! », répond la secrétaire d’État. « Ma grand-mère était une femme libre et portait le voile. Il ne faut pas instrumentaliser ou pervertir la laïcité. La laïcité ne combat pas la croyance, elle pose juste une règle : la loi de la République est au-dessus de tout », soutient Sarah El Haïry.
« La laïcité régente la neutralité des agents publics, elle pose le fait qu’il y a des endroits que l’on sacralise, comme l’école où l’on accompagne l’esprit critique. Les signes religieux n’y ont donc pas leur place. Mais elle permet également de protéger celles et ceux qui portent des signes religieux dans l’espace public, que ce soit une croix, un voile ou une kippa », développe l’ex-députée de Loire-Atlantique.
Mercredi, en marge d’une audition au Sénat consacrée au budget 2022, le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, a estimé que « l’incident n’était pas clos », pointant le fait que « des structures qui ne vont pas dans le sens des valeurs de la République réussissent à s’insinuer dans des institutions parmi les plus importantes ». Un peu plus tôt, Jean-Yves Le Drian avait indiqué aux sénateurs que cette campagne avait été conçue par « des membres de la société civile » dans le cadre d’un atelier organisé par le Conseil de l’Europe contre les discriminations.
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