Fin décembre l’Assemblée nationale a voté largement le projet de loi olympique, permettant, entre autres, aux sponsors du CIO (Conseil international olympique) de s’afficher pendant 3 mois sur les monuments historiques ou sites classés. Discuté en commission au Sénat mardi 30 janvier, ce projet de loi sera soumis au vote à la Haute assemblée début février.
« Une très grande fête des sponsors au lieu d’une fête du sport »
Danielle Simonnet, conseillère de Paris et oratrice nationale de la France Insoumise, seul groupe politique à n’avoir pas soutenu ce projet à l’Assemblée nationale, déplore la situation : « Dans la réalité, on va avoir une très grande fête des sponsors au lieu d’une fête du sport. L’organisation des Jeux Olympiques sous leur forme actuelle, c’est une manifestation pharaonique pour laquelle finalement la France n’a fait aucune pression pour exiger que la loi française s’impose au CIO (…) On a, au contraire, un rapport inverse. La loi olympique va permettre d’imposer le non-respect de la loi française.
Et au final, vous verrez que ce sont les contribuables qui paieront la facture. Et la facture sera salée. D’ores et déjà, il y a un certain nombre d’équipements qui répond à l’intérêt général, qui [est] mis de côté parce que la priorité doit être, les équipements exigés pour les Jeux Olympiques. Et en plus tous les budgets des Jeux Olympiques ont toujours été, à chaque fois, explosés, dépassés. Et ce sera hélas, le cas cette fois-ci encore. Ce n’est pas pour rien qu’ils ne demandent pas l’avis des citoyens et des citoyennes. »
Le sport, « un vaste spectacle »
« Le sport est devenu un vaste spectacle » lui répond Jean-Raymond Hugonet, sénateur (LR) de l'Essonne et membre du groupe d'études pratiques sportives et grands événements sportifs. « Or, comment peut-on répondre aux enjeux du sport-spectacle planétaire, que sont les Jeux Olympiques entre autres, sans avoir recours, justement pour ne pas solliciter les fonds publics, à des sponsors ? Tony Estanguet [président du comité d’organisation des Jeux Olympiques Paris 2024 – NDLR] est venu en audition de la commission culture expliquer les choses de façon très intelligente et très posée pour justement (…) montrer qu’il est possible d’organiser un tel évènement, sans que cela soit une gabegie d’argent public » explique le sénateur.
Interrogé sur la possibilité de voir des affiches Coca-Cola sur l’Arc de Triomphe, Antoine Panicali, responsable développement du think tank Sport et Citoyenneté, répond : « Sur le papier, oui, c’est possible (…) Charge au COJO [ Comité d’organisation des Jeux Olympiques -NDLR] de faire en sorte, en bonne intelligence avec les marques, que l’affichage soit le plus intégré possible, le moins tape-à-l’œil possible. Mais arrêtons de penser que les marques ne cherchent que de la visibilité. Ce n’est plus vrai. Aujourd’hui les marques cherchent à raconter des histoires autour des Jeux Olympiques (…) Cette loi olympique n’est qu’une première étape. La deuxième étape, qui sera la plus importante, ce sera de réfléchir, avec ces marques, à l’activation davantage sur des thèmes sociaux et citoyens. »
De son côté, Pierre Rondeau, économiste du sport, estime que le CIO pourrait mettre beaucoup plus la main à la poche : « Le CIO a bon dos de nous faire croire que les sponsors vont permettre de financer ces JO (…) Il y a d’autres sources de financement que les sponsors (…) [Le] CIO réalise plusieurs milliards de bénéfices à chaque olympiade (…) Il apporte une partie des financements mais je pense qu’il pourrait même en apporter encore plus. (…)
La France est un paradis fiscal sportif et le CIO, tout comme l’UEFA [Union européenne des associations de football-NDLR] à l’Euro 2016, sera exonéré d’impôts (…) S’il dégage plus d’un milliard de bénéfices, on aurait pu espérer que le CIO participe un peu plus à cette organisation, sans que l’on passe par ces sponsors, qui risquent peut-être de dénaturer la ville de Paris. »
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JO 2024 : A la fin c’est toujours la pub qui gagne ?