Passionnée de littérature, admiratrice de Stendhal, Muriel Beyer s’invite dans le milieu de l’édition sur les conseils de Jean Dutourd, un monde qui n’était pas le sien. Après 40 ans de métier, celle qu’on décrit comme la « papesse du livre » défend avec ardeur le travail des maisons d’édition : « on ne peut pas imaginer qu’un auteur écrive son livre et hop ça passe en fabrication, ça n’existe pas. « Je ne suis pas coursier », insiste-t-elle. Elle dresse la liste de toutes les fonctions impliquées : « Il faut toujours un correcteur, un maquettiste, la commande du papier, il y a tous les services de promotion, les services marketing ».
« Nicolas Sarkozy, c’est une jolie histoire »
En 2012, Nicolas Sarkozy quitte la présidence de la République. « Je l’ai pas mal vu, il y a un lien qui s’est tissé » confie Muriel Beyer, qui lui propose d’écrire un ouvrage pour Plon. Nicolas Sarkozy lui accorde sa confiance mais impose sa méthode et son rythme : « il m’appelle quand il a fini, il me demande de venir à son bureau pour lire le texte et il me dit toujours, si ça ne vous plaît pas vous me le dites » conte-t-elle, un sourire en coin. Forte de son expérience, l’éditrice raconte orienter les auteurs : « il y a parfois du travail sur le plan, sur la structure, des choses un peu maladroites ». A la question « qui a la meilleure plume en politique ? », elle répond : « François Bayrou écrit très bien ».
« Je ne publie pas des extrêmes qui me dérangent »
En seulement 6 ans, les Editions de l’Observatoire se sont imposées dans la publication d’ouvrages de penseurs et de personnalités politiques. Y a-t-il des auteurs qu’elle ne publie pas ? « J’ai mes limites, elles sont totalement subjectives, je les assume » explique Muriel Beyer, qui reconnaît n’éditer « ni l’extrême gauche, ni l’extrême droite ». Elle dit vouloir rester « dans un cadre moralement acceptable et républicain ».
L’édition menacée ?
Au sujet de la concentration de l’édition entre les mains de quelques grands groupes, Muriel Beyer soutient que « le danger serait que Vincent Bolloré fasse une concentration médias, adaptations, édition ». Toutefois, elle en relativise les conséquences. De la même façon qu’il y a aujourd’hui « 2 types de médias », elle imagine qu’il y aura « des éditions du clash » mais que subsistera le « livre qui a une vraie pensée, qui propose un débat d’idées ». Quand on l’interroge sur la potentielle dangerosité de Chat GPT, elle s’exclame : « c’est bluffant », mais s’empresse d’ajouter : « ce que n’aura jamais Chat GPT ? C’est la création ».
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