Si l’épidémie de covid-19 est passée au second plan dans l’actualité, éclipsée notamment par la guerre en Ukraine puis la campagne présidentielle, la situation hospitalière en France reste particulièrement tendue. 120 services d’urgence limitent aujourd’hui leur activité ou s’y préparent, faute de moyens et de personnels soignants, selon une liste établie par l’association Samu-Urgences de France (SUdF). « La situation est extrêmement inquiétante. Je ne connais pas un seul service d’urgence en France qui puisse me dire que tout va bien », explique vendredi au micro de « Bonjour chez vous », la matinale de Public Sénat, le LR Philippe Juvin, anesthésiste-réanimateur et chef de service des urgences de l’hôpital européen Georges-Pompidou.
« Vous avez des burn-out et des démissions partout en France »
« C’est très compliqué pour deux raisons. La première : comme la médecine de ville va mal, le seul endroit ouvert matin, midi et soir, même les jours fériés, ce sont les urgences. Tout dysfonctionnement de la médecine de ville se répercute sur les urgences. Deuxième raison : c’est un métier d’une dureté inimaginable, physiquement et moralement », pointe celui qui est également maire de La Garenne-Colombes. « Vous avez des burn-out et des démissions partout en France, même dans les grands centres. »
Face à cette situation, certaines personnalités, comme l’urgentiste Patrick Pelloux, plaident pour une réintégration des soignants non-vaccinés contre le covid-19. « Cela n’est pas une solution », objecte Philippe Juvin. « Ils sont très peu nombreux, ça ne va rien changer au système ».
Filtrer l’accès aux urgences
Monsieur santé de Valérie Pécresse durant la campagne présidentielle, Philippe Juvin plaide pour une réforme importante des modalités d’accès aux urgences hospitalières. « Il n’est pas normal que l’on puisse aller aux urgences librement, à deux heures du matin, parce qu’on a un bouton sur la fesse droite depuis trois mois. » s’agace-t-il.
Il évoque ainsi la mise en place d’un système de filtrage « à la danoise ». « Au Danemark vous devez prendre votre téléphone avant d’aller aux urgences », explique Philippe Juvin. Selon la gravité des symptômes décrits, les patients sont ensuite orientés, soit vers les urgences, soit vers un praticien de ville. « Je crois qu’il faut trier les arrivées aux urgences, il ne faut pas permettre à tout le monde d’y aller. »