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Guerre en Ukraine : « A la création d’une juridiction spéciale, je préfère la Cour pénale internationale » affirme Robert Badinter
Par Lucille Gadler
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« L’histoire nous enseigne que les dictateurs au pouvoir ne sont pas jugés »
Pour l’ancien garde des Sceaux, Vladimir Poutine, comme l’ensemble des oligarques et généraux russes doivent être condamnés.
Mais pour Robert Badinter, personne ne viendra chercher au Kremlin un dictateur comme Poutine : « l’histoire nous enseigne que les dictateurs au pouvoir ne sont pas jugés ».
Pour lui, l’essentiel est, aujourd’hui, la réunion de l’ensemble des preuves des crimes de guerre perpétrés par la Russie : « C’est très important que les juristes ukrainiens et internationaux s’en préoccupent, dès maintenant ». Essentiel également pour l’ancien homme d’Etat, le déclenchement des poursuites envers les oligarques et généraux russes : « Il ne faut pas attendre. Il faut montrer une volonté politique et internationale très forte pour punir ces criminels ».
Juger les crimes de guerre : « Il y a un besoin de vengeance qui doit être transcendé sous la forme de justice »
« Il y a un besoin de vengeance qui doit être transcendé sous la forme de justice » a affirmé Robert Badinter au cours de cet entretien. Néanmoins, pour celui qui a cofondé la Cour pénale internationale, nul besoin de la création d’une juridiction internationale spéciale comme le souhaite le président Volodymyr Zelensky. Au contraire, cette multiplication de juridictions aurait, selon lui, pour effet de desservir la justice internationale : « à la création d’une juridiction spéciale, je préfère que la cour pénale internationale s’en saisisse ». « Ces crimes suscitent tellement de douleur que la conscience universelle ne doit pas le supporter. Il faut veiller à ce que ces auteurs de crimes soient jugés comme cela a été le cas à Nuremberg, selon toutes les règles protectrices de la justice et du droit » insiste-t-il.
Aussi, « ce n’est pas du côté des Nations Unies qu’il faut espérer quoi que ce soit », explique-t-il, car la Russie siège au Conseil de sécurité. D’après lui, les juridictions nationales ukrainiennes ont tout leur rôle à jouer dans le jugement de ces crimes de guerre.
« La conscience universelle ne doit pas supporter ces crimes, et les auteurs doivent être jugés par la justice internationale. […] Il ne faut pas que ce soit le règlement de compte de celui qui l’a emporté à l’encontre de celui qui est vaincu. Il faut que ce soit la Justice, sur le plan international, qui l'emporte.» a conclu l’ancien garde des Sceaux.