Fusion des ports du Havre, Rouen et Paris : « Au bout de quatre ans de quinquennat Macron, il était temps », réagit la socialiste Martine Filleul

Fusion des ports du Havre, Rouen et Paris : « Au bout de quatre ans de quinquennat Macron, il était temps », réagit la socialiste Martine Filleul

Le premier ministre Jean Castex a annoncé au Havre la « fusion des ports de l’axe Seine ». De quoi « développer le commerce » et réduire le « flux de camions », salue la sénatrice PS Martine Filleul, auteure d’un rapport sur les ports. Mais elle pointe une annonce trop tardive et peu concrète.
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CIMer. Le Havre – et son maire Edouard Philippe – peuvent dire merci à Jean Castex d’avoir organisé le comité interministériel de la mer, le CIMer donc, dans la ville portuaire de Seine-Maritime, ce vendredi. Une belle photo pour la presse, sur fond d’immenses grues et de containers, pour présenter la fusion des ports du Havre, de Rouen et de Paris dans un nouvel établissement commun, Haropa.

Investissement de 1,4 milliard d’euros

Cette « fusion des ports de l’axe Seine » est « une nouvelle étape majeure stratégique. Une étape, cher Edouard, que vous avez portée et à laquelle vous êtes particulièrement attaché » a souligné le premier ministre. « Depuis des décennies, on en parlait, nous le faisons », s’enorgueillit Jean Castex, « cette décision prendra effet le 1er juin. Les trois métropoles du Havre, de Rouen et de Paris siégeront ensemble au Conseil de surveillance ». Cette annonce est doublée d’un « plan d’investissement à hauteur de 1,4 milliard d’euros sur 2021/2027, soit un doublement des investissements dans les trois implantations » précise le premier ministre. Il ajoute : « Ces trois ports vont former un axe reliant la capitale, le fleuve et la mer. Un grand axe fluvial et maritime, […] comme si la perspective du Louvre se poursuivait jusqu’aux grands quais du Havre ».

Le locataire de Matignon affiche une « ambition collective qui va bien au-delà » avec une « démarche très offensive de reconquête des parts de marché sur les ports concurrents étrangers ». Sans oublier que les ports sont aussi une « question de souveraineté ». « 650 millions d’euros » du plan de relance sont ainsi consacrés à « la politique maritime de la France de demain ».

« Les ports français doivent travailler le plus possible ensemble dans un esprit de coopération »

Au Sénat, le sujet de la gouvernance des ports a fait l’objet d’une mission d’information (lire notre article), puis du dépôt d’une proposition de loi. Son auteure, la sénatrice PS Martine Filleul, est partagée, suite aux annonces du jour. « C’est déjà très bien d’organiser ce comité interministériel et cette fusion des ports du Havre, de Rouen et de Paris », commence par saluer la sénatrice du Nord. « On se réjouit. J’étais vraiment favorable à la fusion des ports d’un point de vue logistique et stratégique, par rapport au canal Seine-Nord. Cela va permettre à cet axe de développer le commerce et d’avoir une dimension environnementale beaucoup plus importante, d’économiser des flux de camions », souligne Marine Filleul. « Mais au bout de quatre ans de quinquennat Macron, il était temps. Enfin ! Car depuis le début du quinquennat, on demandait des décisions qui soient prises pour conforter les ports de France », pointe la socialiste. « Cette déclaration du premier ministre arrive non seulement tardivement, mais il y a peu de choses concrètes et précises. On attend de savoir comment toutes ces annonces vont se décliner », ajoute encore Martine Filleul.

La sénatrice PS défend par ailleurs « plus de coopération entre les différents ports. « Dans le rapport que j’ai rendu au Sénat, j’ai insisté sur ça. Les ports français doivent travailler le plus possible ensemble dans un esprit de coopération et non de compétition entre eux ». Elle aurait aimé aussi des « engagements plus forts pour les autres ports. Je pense à Boulogne-sur-Mer et Calais, mais aussi à Marseille, Dunkerque, Bordeaux, Nantes et Saint-Nazaire. Ils méritent un engagement du gouvernement pour se développer ».

Développement de l’éolien français en mer et exploitation des ressources des fonds marins

Le premier ministre ne s’est pas déplacé au Havre pour parler uniquement des ports. Jean Castex a rappelé le rôle essentiel des 18.000 km de côtes françaises, sur le plan touristique ou économique, ou encore dans leur dimension environnementale. Le « déploiement des énergies marines renouvelables » est aussi dans le viseur de l’exécutif, avec l’accélération du « développement de l’éolien français en mer », par le lancement officiel du « projet de parc éolien au large d’Oléron, portant sur 300 km2 ».

Jean Castex insiste également sur « l’exploitation des ressources minérales des grands fonds marins. Cette exploitation doit nous permettre d’augmenter notre connaissance des ressources naturelles et minérales sous-marines », tout en « amplifiant les efforts de protection des fonds marins » pour « mieux les valoriser ». « Longtemps considérée comme inépuisable, la mer montre des signes d’essoufflement » ajoute Jean Castex. Un « en même temps » typique macroniste qui laisse dubitatif Martine Filleul. Vouloir préserver les fonds marins tout visant leur exploitation, « ça paraît un peu contradictoire… » constate la socialiste. Mais Jean Castex défend sa ligne et profite des circonstances pour évoquer, indirectement, le gros temps dans lequel navigue à vue le gouvernement depuis des mois : « Au milieu des plus grandes tempêtes, l’essentiel est de fixer un cap et de parvenir à le garder ». Attention aux déferlantes quand même.

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