Raisin, cerise, pamplemousse, céleri, endive, pomme de terre, haricot…. Parmi les 52 fruits et légumes non biologiques, recensés dans le rapport de générations futures, 41% des légumes et 73% des fruits portent des traces de résidus de pesticides. Présenté ce mardi par l’association, le rapport reprend les données récoltées par la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) entre 2012 et 2016. En tout, 19 fruits et 33 légumes qui composent « le tout-venant du marché », sans prendre en compte leur provenance, ont été sélectionnés et étudiés.
Les critiques d’une sénatrice LR vis-à-vis de Générations futures : « C’est un peu cuistre de faire ça »
La sénatrice LR, Sophie Primas, qui était à la tête d’une mission d’information sur les pesticides en 2012, met en doute la méthode de travail réalisée par l’association. « On est dans le pré-salon de l’agriculture et donc fort opportunément comme d’habitude, Générations futures, pour attiser la peur…. (…) Je suis fâchée par la méthode. Quand on veut faire changer les agriculteurs de modèle, on ne s’y prend pas comme ça. Ce sont des techniques de provocation et je trouve que c’est un peu cuistre de faire cela » a-t-elle lâché au micro de Public Sénat. (voir la vidéo)
Pesticides: Sophie Primas, sénatrice LR conteste l'étude de Générations futures
Le sénateur écologiste, Joël Labbé met en avant « le principe de précaution. Avec les pesticides, il y a des effets négatifs sur notre santé, sur l’environnement, sur la qualité de l’eau. Il est donc important de légiférer là-dessus. D’autant plus, qu’il y a des alternatives. Plus ça va, plus il va falloir interdire certaines molécules, les molécules qui sont neurotoxiques, cancérogènes, mutagènes…. Toutes ces molécules à enjeu grave, il va falloir s’en passer » plaide Joël Labbé, auteur d’une proposition de loi en 2014, encadrant l’utilisation des produits phytosanitaires en France.
« Le pire serait de ne plus manger de fruits et légumes chaque jour »
Côté fruits, les raisins arrivent en tête des produits à éviter, avec 89% de résidus de pesticides contenus dans les échantillons testés. 88% pour les clémentines et des cerises, 86% pour les pamplemousses, 83% pour les nectarines et les pêches. Les kiwis (27%) et les avocats 23%, sont au contraire, à privilégier
Côté légumes, ce sont les céleris (84,6%), les herbes fraîches (74,5%) et les endives (72,7%) qui figurent en tête des plus impactés.
Dans ces conditions faut-il toujours manger 5 fruits et légumes par jour ? « Le pire serait de ne plus manger de fruits et légumes chaque jour. Nous, on veut le beurre et l’argent du beurre. On veut les vitamines et l’absence de résidus de pesticides » insiste François Veillerette, président de Générations futures.
Des taux de pesticides supérieurs aux limites maximales de résidus (LMR)
Plus inquiétant encore, un certain nombre de fruits et légumes testés présentent des taux de pesticides supérieurs aux limites maximales de résidus (LMR) (seuils fixés par l’Union européenne) en premier lieu les herbes fraîches (29,4%), le céleri branche (16%), ou encore les cerises (6,6 %), les mangues/papayes (4,8 %) et les oranges (4,4 %). « Les chiffres ne mentent pas. Ils ne montrent pas une diminution du nombre de résidus de pesticides dans les fruits et légumes. Nous, ce qu’on souhaite, c’est qu’on se retrouve dans 5 ans et qu’on voit les courbes baisser » ajoute François Villerette. Un rapport qui pourrait donner du grain à moudre au gouvernement qui prépare un plan de réduction des produits phytopharmaceutiques dans l’agriculture pour la fin du mois de mars. Une des demandes de l’association consisterait à afficher les traitements utilisés lors de la récolte du fruit ou du légume.
Autre sujet d’interrogation à la lecture de ce rapport concerne la DGCCRF, régulièrement brocardée pour son manque de moyens, notamment lors du scandale Lactalis (voir notre article). Générations futures a dû écarter 4 légumes de son recensement (l’ail, l’échalote, le fenouil et le chou de Bruxelles) car ils présentaient moins de 30 échantillons analysés ces 5 dernières années. « Le seuil de 30 est considéré par la DGCCRF comme un seuil en deçà duquel le nombre d’échantillons n’est pas considéré comme représentatif ».