Modes de production d’énergie, transports polluants, rôle des collectivités locales dans la transition énergétique, implication du secteur de la finance pour lutter contre le changement climatique… Le menu des tables rondes organisées dans le cadre du colloque de Climate chance, l’association que préside le sénateur écologiste Ronan Dantec, est copieux.
Cet évènement, qui réunit de nombreux acteurs, fait suite à la publication la semaine passée du premier rapport de l’Observatoire mondial de l’action climatique non-étatique. Son constat est amer, comme celui dressé il y a un mois par le Giec (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). « Au niveau mondial, on s‘éloigne chaque jour davantage des trajectoires que nous proposent les scientifiques pour stabiliser le climat », déplore Ronan Dantec sur Public Sénat.
« Un fourmillement d’actions incroyables dans le monde »
Le rapport, qui se veut « l’un des panoramas les plus complets sur l’évolution des émissions mondiales de gaz à effet de serre », s’est appuyé sur près de 1000 rapports mondiaux établis par des think thank, des ONG, des organisations intergouvernementales, ou encore sur des articles de presse spécialisés et des revues scientifiques. Autant d’écrits qui, au-delà d’alarmer sur un changement climatique sans précédent, font la preuve d’ « un fourmillement d’actions incroyables dans le monde », relève le sénateur. Avant d’expliquer que « c’est quand il y a une cohérence entre les politiques nationales et les dynamiques d‘acteurs non étatiques qu’on a les meilleurs résultats ». Or force est de constater, qu’en France, à l’heure actuelle, ce n’est pas vraiment le cas. La grogne des Gilets jaunes se fait entendre depuis plus de deux semaines, en réaction à la hausse de la taxe sur les carburants décidées par le gouvernement. Ceux-ci manifestent pour leur pouvoir d’achat, réduit, selon eux, à peau de chagrin du fait, entre autres, de cette fiscalité écologique.
« Il ne faut pas revenir en arrière »
« Il faut des mesures d’accompagnement », convient Ronan Dantec. Le sénateur considère qu’ « il ne faut pas revenir en arrière », mais plutôt « maîtriser les coûts du logement, et mieux répartir les emplois sur le territoire. » « Ça va se jouer là, et pas sur une ou deux mesures qu’on abandonne », renchérit-il. Une position qui tranche avec celle de ses collègues de la majorité sénatoriale, vent debout contre la hausse de la taxe sur les carburants. Leur président Bruno Retailleau accusait ce week-end, dans le Journal du Dimanche, le gouvernement de faire de cette mesure « un alibi du matraquage fiscal ». Il appelle à la suppression de la mesure et son groupe a d'ailleurs obtenu gain de cause ce lundi, puisque elle a été adoptée à l’occasion de l’examen du projet de loi de finances 2019.
« Les péages urbains, c’était la double peine »
Si Ronan Dantec ne souhaite pas l’annulation de la hausse de la taxe sur les carburants, il se réjouit du renoncement de l’exécutif à l’instauration de péages urbains, « pour ne pas accentuer la fracture sur les territoires » : « C’était une mauvaise idée car il y a déjà le sentiment de ne plus pouvoir vivre en ville étant donné que les logements sont trop chers, donc les péages urbains, c’était la double peine. » Le colloque organisé par le sénateur, entouré d’experts tels les climatologues Jean Jouzel et Valérie Vasson-Delmotte, mais aussi par de nombreux acteurs dont plusieurs issus du monde l’entreprise, devrait passer en revue toutes ces problématiques. Reste à dégager des solutions viables, tant pour les citoyens que pour la planète.