Un jour de deuil national aura lieu, lundi 23 décembre, en hommage aux victimes du cyclone Chido qui a dévasté l’archipel la semaine dernière. A 11 heures, tous les Français seront notamment invités à se recueillir.
Avec ou sans fusil, décryptage de la communication des chasseurs
Par Quentin Poirier
Publié le
Rentrée 2020, la Fédération Française de la Chasse diffuse 8 spots sur YouTube et les réseaux sociaux. Au menu, des petites scénettes interprétées par des jeunes, des femmes, des couples d’amoureux… Avec légèreté et un brin d’humour, les chasseurs interpellent le public avec cette question : « Pourquoi pas vous ? ».
Pour le communicant Gilles Masson, l’intention stratégique est bonne : « Les chasseurs dont le crédo était, depuis des décennies, pour vivre heureux vivons cachés, ont été confrontés à un retour de boomerang ». Stigmatisés, ils ont été obligés de réagir en investissant notamment sur le digital. Il explique : « ces spots ont eu une audience énorme. Parfois à la limite du ridicule, objectivement hors-sol mais il n’empêche que cette volonté d’autodérision de la part de la Fédération Nationale des Chasseurs est réussie car ces spots ont été très écoutés ».
Choisir ses armes
En mettant en scène des personnes que l’on n’imagine pas chasser, les chasseurs tentent à la fois de renverser les clichés et de permettre à chacun de l’identifier. Une constance que l’on retrouve déjà dans le clip mis en ligne par la Fédération en 2018 dans lequel l’historienne note que l’on ne voit « ni fusil, ni scène de chasse ». Avec de grandes vues sur la nature et les grands espaces, « on insiste sur la sensibilité du chasseur à la nature, à la biodiversité… » décrypte l’historienne qui ajoute « le clip se termine sur la musique du film Mission, comme si la mission du chasseur était de protéger la nature, c’est de la communication, c’est peut-être un peu beaucoup… »
En termes de communication, les chasseurs auraient donc la volonté de jouer sur le même tableau que ceux qui sont devenus leurs principaux adversaires : les militants écologistes.
Mais cette stratégie est-elle efficace ? Pour Gilles Masson, c’est un peu de la provocation. « Plus vous mettez des mots nouveaux qui vont peu à peu agrandir la fenêtre de l’acceptable, plus l’acceptable devient fort. Le mot écologiste qui n’était pas accolé aux chasseurs, l’est maintenant. Il fait débat, mais il l’est. Alors qu’avant il ne l’était pas ».
Ne plus se cacher
Autre stratégie, pour tenter de séduire ceux qui ne chassent pas : adopter une communication « plus musclée », en montrant du gibier fraîchement chassé et en se mettant en scène fusil à la main. Cette stratégie c’est celle de Johanna Clermont qui sur son compte Instagram cherche à parler, en images, aux chasseurs mais aussi grand public. Sur le plateau de Hashtag, elle explique notamment, « je me suis rendu compte que les personnes qui consomment de la viande ne se rendent pas forcément compte que ça vient d’un animal mort. Donc j’ai trouvé ça intéressant de montrer que lorsque l’on va à la chasse, on dépèce puis on mange ce que l’on attrape ». Montrer l’envers de la chasse, avec glamour, tel semble être le choix fait par Johanna Clermont. Une communication qui, elle l’affirme, « a beaucoup changé » depuis que les médias s’intéressent à elle.
« Au début, on s’adresse uniquement à des chasseurs, on montre la mort plus facilement parce que c’est normal pour nous et qu’on comprend ce qu’il y a derrière. Désormais, je fais plus attention parce que la chasse ce n’est pas que ça et il faut aussi le montrer, l’expliquer ».
Expliquer et montrer la chasse sous un jour moderne tel semble donc être le crédo des chasseurs en 2020.
Cet épisode de Hashtag est rediffusé ce lundi 21 décembre, à 16h30, sur le canal 13 de la TNT.