Mardi 7 novembre, une nouvelle stèle en hommage à Ilan Halimi tué en 2006, a été inaugurée à Bagneux dans les Hauts-de-Seine, après que la précédente a été détériorée pour la seconde fois par des inscriptions antisémites. Francis Szpiner, avocat de la famille du jeune juif, s’émeut du manque de réactions : « J’en ai un peu assez, depuis le temps, de voir les gens déplorer, commémorer et en réalité laisser aller les choses de pis en pis. Au moment de l’affaire Halimi, beaucoup ont contesté le caractère antisémite de ce crime, beaucoup n’ont pas voulu voir. Parce que c’était des jeunes qui venaient de banlieues, qu’ils étaient victimes eux-mêmes de discrimination, de racisme et que donc il ne fallait pas les stigmatiser. Et on a laissé s’instaurer dans ce pays un climat antisémite qui est nourri par une frange radicale de l’islam. »
L’avocat estime qu’aujourd’hui, l’antisémitisme vient plus de l’extrême-gauche que de l’extrême-droite : « Il y a un antisémitisme d’extrême-droite classique : (…) un antisémitisme (…) catholique, (…) un antisémitisme maurrassien, pétainiste, vichyste…et puis il y a l’antisémitisme aujourd’hui, d’extrême-gauche, qui, parce qu’il n’y a plus de prolétariat, va chercher dans les banlieues les nouveaux bataillons. ». Et d’ajouter : « La France insoumise est très ambiguë. J’aimerais que soit levée l’ambiguïté. Qu’il soit clair que l’on puisse dire qu’effectivement, une frange de la population aujourd’hui qui est en banlieue, même si elle est issue de l’immigration, même si elle a été victime de discrimination est elle-même une population raciste, antisémite et qui est capable effectivement d’actes violents ».
Pour Francis Szpiner, l’affaire Halimi est le point de départ des affaires Merah, Kouachi et Coulibaly : « Vous avez un Fofana [le chef du « gang des barbares » NDLR] qui va tenir des propos, qui sont des propos de l’islamisme radical, qu’on retrouvera chez les Kouachi, Coulibaly. C’est l’hyper cacher. C’est la même filiation. Et on ne l’a pas vu venir, ou plutôt, on n’a pas voulu la voir venir ».
Persuadé qu’il y a des zones de non-droit en France, l’avocat conclut : « Le problème c’est que dans une partie de la société aujourd’hui, il y a des territoires qui ont fait sécession, il y a des territoires qui ne reconnaissent plus les lois de la République. Il y a des territoires où des gens pensent que leur loi religieuse est supérieure à la loi de la République et qu’ils n’entendent pas la respecter. Et à partir de ce moment-là, évidemment, il y a une agressivité contre les forces de l’ordre, contre les juifs. Et d’ailleurs, l’affaire Merah c’est ça. On tue des gens parce qu’il porte l’uniforme de nos soldats. On tue des enfants parce qu’ils sont juifs ».
Interview de Francis Szpiner en intégralité
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