Université : « On ouvre la boîte de pandore avec la sélection dans les filières en tension » selon le SNESUP-FSU

Université : « On ouvre la boîte de pandore avec la sélection dans les filières en tension » selon le SNESUP-FSU

Pour Hervé Christofol, secrétaire général du SNESUP-FSU, premier syndicat de l’enseignement supérieur, le plan pour l’université présenté ce lundi par le premier ministre Edouard Philippe « n’est pas à la hauteur des enjeux ni financièrement, ni politiquement ». « La sélection dans les filières en tension est inacceptable » affirme-t-il à publicsenat.fr. Entretien. Le plan du gouvernement pour l’université veut […]
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Pour Hervé Christofol, secrétaire général du SNESUP-FSU, premier syndicat de l'enseignement supérieur, le plan pour l’université présenté ce lundi par le premier ministre Edouard Philippe « n’est pas à la hauteur des enjeux ni financièrement, ni politiquement ». « La sélection dans les filières en tension est inacceptable » affirme-t-il à publicsenat.fr. Entretien.

Le plan du gouvernement pour l’université veut mettre en place un système de mise à niveau pour les étudiants qui n’ont pas les prérequis nécessaires dans une filière. Il institue aussi une sélection en fonction de « la motivation, des aptitudes et du dossier » dans les filières en tension. Comment accueillez-vous ces mesures ?
La première chose positive, c’est que le gouvernement identifie bien les enjeux, notamment en termes de démocratisation. Mais le plan qu’il propose n’est absolument pas à la hauteur de ces enjeux, ni financièrement, ni politiquement.

Financièrement, il propose 1 milliard d’euros sur 5 ans. C’est-à-dire 200 millions par an dont 100 millions pour la vie étudiante. C’est très bien. Mais 100 millions pour les nouvelles places et la mise en place des nouveaux dispositifs pédagogiques, c’est très insuffisant. Par exemple, cette année 10.000 étudiants n’ont pas eu de place en STAPS. Or l’ouverture de 10.000 places nouvelles, c’est un coût de 10.000 euros par étudiant. Ça représente au total 100 millions d’euros… et avec ça on n’a pas résolu les problèmes en psychologie, droit, etc.

Politiquement, Edouard Philippe propose clairement d’acter la sélection dans les filières en tension où le nombre de places ne sera pas suffisant. Pour nous, c’est inacceptable. Cette sélection des étudiants va nécessiter une modification du code de l’éducation. On ouvre la boîte de pandore et derrière, la sélection peut se répandre partout. Toutes les facs élitistes vont s’engouffrer là-dessus en limitant leur nombre de places.

La fin du tirage au sort n’est-elle pas au moins une bonne chose ?
Oui, mais ce tirage au sort a été imposé par le fait qu’on n’a pas créé les places suffisantes pour accueillir les nouvelles cohortes, les nouvelles générations qui arrivent alors que rien n’était plus prévisible. Ça fait 10 ans qu’on n’investit plus dans l’enseignement supérieur. Le tirage au sort ne convient à personne. Mais pour nous, le moyen d’y remédier n’est pas la sélection, c’est d’ouvrir des places, augmenter le taux d’encadrement.

Mais a-t-on les moyens de la massification de l’enseignement supérieur ?
Pour y répondre, c’est 2 milliards d’euros par an pendant 10 ans, si on veut atteindre 2 % du PIB consacré à l’enseignement supérieur et à la jeunesse. C’est tout à fait possible. Les réductions d’impôts dans le cadre de l’ISF, ça représente 5 milliards d’euros... Et aujourd’hui, dans une bataille de communication, le gouvernement essaie d’instiller l’idée que l’université serait un choix par défaut, ce qui est faux. Malgré un sous investissement dans l’université, 80% des bacheliers qui s’engage dans des études supérieures s’en sortent avec un diplôme.

L’orientation renforcée au lycée : est-ce l’arlésienne ou une bonne chose ?
Bien sûr c’est une bonne chose d’informer les lycéens sur les différents métiers, les taux de réussite en fonction des différentes formations. Maintenant, il ne faut pas se leurrer. Est-ce qu’à 16 ou 17 ans tout le monde sait ce qu’il veut faire ? On met en garde contre une orientation précoce qui enfermerait le lycéen.

Les facs devront déterminer si les étudiants ont les prérequis – c’est le « oui, si » – et organiser la sélection sur dossiers et motivations dans les filières en tension. Les enseignants-chercheurs auront-ils le temps pour ça ?
Aujourd’hui, non. La surcharge existe déjà. On a déjà de nombreux collègues proches du burn-out. Aujourd’hui, l’intensification du travail, on la vit. Si cela est accompagné d’un plan de recrutement à la hauteur des missions demandées, pourquoi pas. Mais nous sommes contre ce processus de sélection. On voudrait plutôt embaucher pour réduire les tailles de groupes.  

Allez-vous appeler à manifester contre le plan du gouvernement ?
Oui, on appelle à manifester le 16 novembre (comme l’Unef, ndlr). Face aux enjeux actuels de la démographie, l’objectif est d’imposer au gouvernement une sortie par le haut, avec un plan d’investissement massif et immédiat, et non une sortie par le bas, avec un investissement minimum et la sélection.

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