Une Assemblée nationale très CSP+

Une Assemblée nationale très CSP+

Même si l’Assemblée nationale est fortement renouvelée après les législatives, elle est toujours composée d’une majorité de députés issus des classes moyennes supérieures.
Alexandre Poussart

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Après ce second tour des législatives, le renouvellement de l’Assemblée nationale est indéniable : la moyenne d’âge passe de 54 ans en 2012 à 49 ans en 2017, 223 femmes entreront dans l’hémicycle contre 155 députées en 2012.

Mais cette nouvelle Assemblée nationale ne représente pas toutes les couches de la population française. Parmi les 577 députés, 180 sont des cadres (31%), 103 occupent une profession libérale (18%), 130 sont fonctionnaires (22,5%).

Un seul ouvrier député

“Malgré un profond renouvellement, malgré une entrée des femmes et de députés plus jeunes, cette Assemblée nationale continue de passer à travers le filtre sociologique d’une classe moyenne supérieure”, analyse Bruno Cautrès, politologue au Cevipof. “Les classes populaires y sont peu représentées.” Même si 21 députés sont des employés contre 8 en 2012, seulement un ouvrier et un étudiant ont été élus ce dimanche.

Les classes supérieures encore plus représentées qu’en 2012

“Cette élection a même amplifié les traits sociologiques aisés de la précédente Assemblée”, analyse Bruno Cautrès. En effet, le nombre de cadre a augmenté de 8%, la part des professions libérales grimpe de 5%, celle des fonctionnaires reste stable. A noter que le nombre de députés retraités a chuté considérablement passant de 106 en 2012 à 41 en 2017 (-11%).

Le mode de scrutin en cause ?

Selon Bruno Cautrès, le mode de scrutin majoritaire à deux tours des élections législatives pourrait expliquer cette sociologie uniforme de l’Assemblée : “ce mode de scrutin amplifie la victoire du mouvement en tête au premier tour, donc la sociologie de la République en Marche (classes moyennes supérieures) a un impact fort sur la future assemblée.” Avec un mode de scrutin plus proportionnel, les députés pourraient être plus représentatifs de la société.

Les classes populaires et les jeunes se sont abstenus

Sans lien de cause à effet évident, on peut rapprocher la sociologie de l’Assemblée avec celle de l'abstention lors de ce scrutin.  L’abstention au second tour des législatives s’élève à 57%, soit 12% de plus qu’il y a cinq ans et atteint un record historique.

Selon une étude Ipsos Sopra Steria pour France Culture, 69% des ouvriers se sont abstenus lors de ce second tour contre 50% des cadres. Plus de 70% des jeunes n’ont pas participé à ce scrutin. “Les catégories sociales les plus élevées se sont aussi davantage mobilisées car elles s’intéressent plus fortement à la politique”, explique Guillaume Petit, directeur du département Opinion de l’institut Ipsos.

Les électorats de Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon démobilisés

Cette abstention des classes populaires et des jeunes correspond également à la démobilisation des électeurs de Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, les candidats FN et France Insoumise ayant été absents de nombreux seconds tours de ces législatives. “Cette démobilisation des classes populaires s’explique aussi car les deux candidats ont beaucoup déçu lors de la présidentielle, Marine Le Pen avec son débat de l’entre-deux-tours, Jean-Luc Mélenchon avec son refus d’appeler à voter contre le Front national”, rappelle Guillaume Petit.

Pour Bruno Cautrès, “les milieux populaires se sont désintéressés de ces législatives car à la fin de cette longue succession d’élections depuis septembre 2016, il y a une grande lassitude politique.”

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