Alors que les députés PS soutiennent l’abrogation de la réforme des retraites portée par La France insoumise, qui efface également le mécanisme mis en place par l’ancienne ministre de la Santé Marisol Touraine sous François Hollande, le sénateur Bernard Jomier (Place publique), appelle les parlementaires de gauche à ne pas aller trop loin face aux enjeux démographiques.
Un « élu de terrain » pour le logement et la politique de la ville : des chantiers importants attendent Olivier Klein
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Il y a à nouveau un interphone pour la politique du logement. Parmi les nouvelles personnalités à entrer dans le gouvernement remanié d’Élisabeth Borne figure Olivier Klein, ministre chargé de la ville et du logement. Son portefeuille est rattaché au ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires, désormais occupé par Christophe Béchu. Jusqu’à ce 4 juillet, l’équipe gouvernementale ne comptait pas de ministre dédié au logement et la politique de la ville, c’est désormais chose faite.
L’Elysée et Matignon ont fait le choix d’appeler un connaisseur de ces enjeux. Olivier Klein est depuis 2011 maire de Clichy-sous-Bois, après en avoir été le premier adjoint pendant plusieurs années. Cette ville populaire de Seine-Saint-Denis est connue pour avoir été le point de départ en 2005 des émeutes dans les banlieues, après la mort de deux adolescents, Zyed Benna et Bouna Traoré, électrocutés dans un transformateur en tant d’échapper aux forces de l’ordre.
L’élu local est également depuis 2017 président de l’ANRU, l’Agence nationale pour la rénovation urbaine, un établissement public qui finance et accompagne la transformation et la réhabilitation de quartiers sur l’ensemble du territoire. Le parcours d’Olivier Klein s’est forgé à gauche. D’abord membre du Parti communiste, il rejoint le Parti socialiste en 2006. Avant de progressivement se rapprocher d’Emmanuel Macron. Aux municipales de 2020, le soutien de La République en marche pour sa candidature et la présence d’un député LREM sur sa liste l’avaient exclu « de facto » du PS. Lors de la dernière campagne présidentielle, Olivier Klein avait apporté un soutien à Emmanuel Macron, en qualifiant son programme dans une lettre ouverte de « seule et meilleure voie possible pour les habitants des quartiers populaires ».
« Des sujets qu’il connaît très bien »
La sénatrice Dominique Estrosi Sassone (LR), spécialiste des questions de logement au sein de la commission des affaires économiques du Sénat, se montre en premier lieu, satisfaite des attributions du nouveau ministre, à savoir la réunion de la politique de la ville et celle du logement. « Emmanuelle Wargon n’avait que le logement. On voit combien c’est compliqué d’avoir deux interlocuteurs différents. Qu’on les regroupe dans un seul portefeuille, c’est plutôt une bonne chose », nous explique la sénatrice des Alpes-Maritimes. L’ancienne adjointe au maire de Nice, chargée du logement, salue également un « élu de terrain ». « Evidemment, ce sont des sujets qu’il connaît très bien, et sur lesquels il a une légitimité incontestée. »
Une inquiétude toutefois. « Je ne voudrais pas que son parcours, qui est quand même de gauche, ne lui fasse aborder le logement que sous le biais du logement social et de la politique de la ville. Le logement, ce n’est pas que ça. Comment demain on arrivera à faire en sorte que des bailleurs privés et des institutionnels portent également le logement ? » s’interroge-t-elle.
Un de ses collègues du groupe LR, lui-même ancien ministre délégué au logement et à la ville, a fait part de son étonnement sur Twitter au sujet de la montée en puissance de « l’aile gauche de la Macronie » dans le gouvernement Borne II. « A l’évidence, le président de la République n’a toujours pas compris le message des législatives », grince Marc-Philippe Daubresse.
« Il ne faudrait qu’il oublie la grande diversité des besoins dans les territoires »
A gauche, le profil du nouveau ministre rassure. « Il connaît bien les problématiques de logement social, mais aussi l’enjeu des copropriétés dégradées, un autre volet important. C’est quelqu’un qui connaît ses dossiers, avec une vision sociale intéressante », considère Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice rattachée au groupe CRCE (communiste, républicain, citoyen et écologiste). Par deux fois ministres du logement dans des gouvernements socialistes, la parlementaire parisienne connaît « de longue date » Olivier Klein. Reste à savoir, selon elle, quelle sera sa marge de manœuvre. « Le vrai sujet, c’est le rapport de force politique entre le ministre du logement et Bercy. Je suis incapable de dire s’il va être en situation de créer un rapport de force ». Autre espoir, que l’intégralité de la thématique du logement soit prise en compte. « Comme il a une vision très banlieue, très région parisienne, il ne faudrait qu’il oublie la grande diversité des besoins dans les territoires », fait-elle le vœu.
Au sein des acteurs du secteur du logement, l’arrivée d’Olivier Klein est également bien accueillie. Jean-Marc Torrollion, président de la Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim) qualifie Christophe Béchu et Olivier Klein d’ « élus pragmatiques, à la mesure d’une politique du logement ». Emmanuelle Cosse à la tête de l’Union sociale pour l’habitat (USH), qui regroupe les bailleurs sociaux, évoque un « fin connaisseur de nos sujets ».
Comme pour beaucoup d’autres de ses collègues, les dossiers chauds ne manqueront pas pour le maire propulsé au gouvernement. Ses premiers mois seront notamment marqués par l’inflation, et ses effets sur le logement, premier poste de dépense des ménages. « L’annonce faite d’un plafonnement de l’indice de référence des loyers à 3,5 %, en dessous de l’inflation réelle, ne va pas dans le bon sens », conteste aussitôt Marie-Noëlle Lienemann, dont le groupe a déposé une proposition de loi pour lutter contre les effets de l’envolée des coûts du logement ces dernières années.
Pénurie de logements, aides à la pierre, logement social, massification des opérations énergétiques, la liste des sujets est longue pour Olivier Klein. « Il y a des chantiers immenses qui l’attendent », résume Dominique Estrosi Sassone, selon qui le secteur a été « considérablement attaqué sous la précédente mandature ». « Arrivera-t-il à mobiliser des moyens budgétaires ? »