Alors que les députés PS soutiennent l’abrogation de la réforme des retraites portée par La France insoumise, qui efface également le mécanisme mis en place par l’ancienne ministre de la Santé Marisol Touraine sous François Hollande, le sénateur Bernard Jomier (Place publique), appelle les parlementaires de gauche à ne pas aller trop loin face aux enjeux démographiques.
Transports : « L’Etat doit s’engager à compenser » les pertes financières liées au covid-19, demandent les régions
Par Public Sénat
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A croire qu’ils ne se quittent plus, ou presque. Xavier Bertrand et Valérie Pécresse, quasi côte à côte, derrière les tables d’un café parisien, près de Matignon. Nouvelle image partagée, après un dîner, la semaine dernière pour la rentrée des députés LR. « Entre Valérie et moi, c’est La Réunion ! » lance avec le sourire le président des Hauts-de-France. Il parle d’Huguette Bello, présidente de la région de l’île de La Réunion, longtemps membre du Parti communiste réunionnais.
Explication de ces nouvelles retrouvailles : les présidents de régions ont été reçus ce lundi, en fin d’après-midi, par le premier ministre. L’association des Régions de France, présidée par la socialiste Carole Delga, tient une conférence de presse quelques minutes après la rencontre. Excepté ce clin d’œil à la course élyséenne à droite, c’est plutôt de décentralisation, de compétence, de formation et de transports dont on parle.
« Reconversion » de la filière automobile
Un sujet central a été évoqué : celui de l’emploi. En annonçant à la presse la rencontre la semaine dernière, Jean Castex avait insisté sur la question de la formation professionnelle et la volonté de « renforcer la formation » des demandeurs, alors que 300.000 emplois sont non pourvus. Du côté des régions, on insiste sur la nécessité de ne pas oublier les filières locales. On entend être dans la boucle des discussions. Point qui semble en partie entendue, du moins sur le principe.
« On a reçu l’engagement que les régions seront associées au plan d’investissement France 2030, avec un volet aéronautique » et pour « la filière automobile », avec la question de la « reconversion », explique Carole Delga, qui préside la région Occitanie. Elle attend « un plan d’une plus grande ampleur ». Des concertations, pilotées par le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, et les régions, vont s’engager sur ce point.
Le gouvernement va présenter fin septembre « un plan » sur les compétences
La présidente de l’association a profité de la réunion pour rappeler une demande des régions, qui n’est pas nouvelle : « Avoir la coordination du service public de l’emploi pour la région, avec la question de la formation ». Carole Delga compte sur « la loi 3DS », dont les députés vont s’emparer avant la fin de l’année, après les sénateurs, pour répondre aux attentes des régions. Pour François Bonneau, président PS du Centre Val-de Loire, elles ne peuvent pas « avoir la responsabilité d’une partie de l’orientation, du développement économique et ne pas être dans ce carrefour essentiel » de la politique de l’apprentissage.
Le gouvernement entend bien investir sur le volet des compétences et de la formation. Du côté de Matignon, on explique que « le premier ministre a annoncé des fonds supplémentaires, dès 2021, mais aussi pour 2022 et 2023 ». La ministre du Travail, Elisabeth Borne, va « creuser les différentes pistes. Un plan dans les compétences sera annoncé dès la fin du mois », précise-t-on à Matignon.
Les régions veulent « un renflouement de toutes les lignes de transports »
Autre sujet, en haut la pile des demandes des régions : les pertes financières liées à la gestion des transports, en raison des conséquences de l’épidémie de covid-19. Plusieurs régions sont concernées, à commencer par l’Ile-de-France. « Pour nous, il ne peut pas y avoir de sortie de la crise covid sans compensation des pertes pour les autorités organisatrices des mobilités. C’est ce qui a été fait dans tous les pays. On ne peut pas dire quoi qu’il en coûte et laisser de côté la question des mobilités, qui ont été extrêmement impactées par les confinements et le télétravail », alerte Valérie Pécresse, qui attend « un renflouement de toutes les lignes de transports, […] à hauteur de 50 % de subvention et 50 % en prêts et avances remboursables. Cette compensation est une exigence et une exigence morale, l’Etat doit s’engager à cette compensation ».
Pour la présidente de l’Ile-de-France, « on ne peut pas parler de France 2030 sans parler de l’investissement en infrastructure de transports. […] Le sujet des transports ne peut pas être exclu. Aujourd’hui, l’Etat nous dit, on est prêt à contractualiser avec vous tout, sauf le transport. Ce n’est pas acceptable ». Le sujet « ne concerne pas que l’Ile-de-France », ajoute le centriste Hervé Morin, qui préside la Normandie. « Pour certaines régions, le déficit observé est de 50 % de ce que nous payons annuellement, pour faire fonctionner nos trains. C’est absolument hors de portée pour nos régions », alerte à son tour François Bonneau.
Île-de-France Mobilités, présidé par Valérie Pécresse, a demandé fin juillet à l’État une subvention de 1,3 milliard d’euros pour compenser les pertes anticipées pour 2021. Hors Ile-de-France, la perte de recettes s’élève à 650 millions d’euros pour 2020. Les régions attendent des réponses sur cette question de la perte des recettes tarifaires, lors de leur congrès du 30 septembre. Mais on avoue ne « pas être trop optimiste… »
Le gouvernement veut donner la « priorité » à l’investissement
A raison. « La priorité a été donnée, pour la mobilité et le travail, à l’investissement », explique-t-on à Matignon, où on prévient qu’« il ne faut pas donner l’impression que la période est propice à ce qu’il ait une demande, et qu’on y réponde en dégageant des crédits ». Si le Premier ministre a annoncé la semaine dernière 400 millions d’euros pour les transports, lors du congrès de France urbaine, il s’agit de « redéploiement de crédits du plan de relance », en raison de la sous-utilisation de certaines lignes budgétaires. « Le gouvernement est plus sur une ligne de soutien à l’investissement. C’est là-dessus qu’on va travailler avec les régions », précise-t-on. Comprendre, pas sur le reste. Le quoi qu’il en coûte, c’est fini, petit à petit. Il n’y aura pas forcément de cadeau, malgré « la période préélectorale présidentielle, avec des amoncellements de promesses faits par le gouvernement, mais sans engagement concret », pointe Valérie Pécresse.
La présidente de l’Ile-de-France et celui des Hauts-de-France, qui visent une autre présidence, sont cependant eux aussi en campagne. On leur demande s’ils seront capables de mener cette dernière, tout en assurant leur fonction à la tête des régions. Xavier Bertrand, qui semble avoir déjà prévu sa réponse, répond du tac au tac : « Posez la question à Emmanuel Macron comment il va faire ». « Comment il fait déjà », ajoute Valérie Pécresse. La conférence de presse à peine terminée, le président des Hauts-de-France, qui n’a pas pris la parole sur les sujets du jour, file. Il est attendu sur une chaîne info. Mais semble déjà ailleurs.