Samedi soir, la France a subi la treizième attaque terroriste sur son territoire depuis 2015. Une attaque au couteau dans le quartier de l’Opéra qui porte à 246, le nombre de victimes depuis quatre ans. Et comme à chaque fois, les réactions politiques n’ont pas manqué. La présidente du Front national, Marine Le Pen, propose « d’expulser manu militari les étrangers radicalisés ». Le premier Secrétaire du PS, Olivier Faure, demande, lui, de « ne pas céder aux facilités de la démagogie », tandis que Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement tance « ceux qui expliquent que des mesures sorties du chapeau suffiraient à régler le problème ».
Les mesures chocs de Laurent Wauquiez
Dans son viseur ? Le patron des Républicains, Laurent Wauquiez qui, dimanche, a publié, une nouvelle fois, tout un arsenal « de mesures qui s’imposent » en matière de lutte antiterroriste comme : « interner de manière préventive les fichés S les plus dangereux », « expulser systématiquement les fichés S qui n’ont pas la nationalité française », « créer un délit d’incitation à la haine de la France », et enfin « refuser le retour des jihadistes partis en Syrie ou en Irak ». Des propositions mises en avant, ce lundi, par le secrétaire général délégué du parti, Geoffroy Didier, lors d'une conférence de presse au siège du parti.
Bruno Retailleau, président du groupe LR au Sénat, a lui aussi publié un communiqué de presse à la suite de l’attentat. « Une vraie réponse passe par un réarmement moral et culturel de notre pays (…) Nous devons imposer nos valeurs républicaines partout et toujours et mener une lutte implacable contre toutes les manifestions de l’islam radical quelqu’en soit la nature » préconise-t-il. En guise de propositions, le sénateur de Vendée se contente d’évoquer des « mesures fortes et efficaces » sans reprendre à son compte l’énumération de Laurent Wauquiez.
Attaque terroriste: quand Bruno Retailleau souhaitait l’application de « l’arsenal juridique » actuel
Fin mars, après l’attentat de Trèbes, le patron de la droite sénatoriale avait déjà pris ses distances avec la réponse apportée par Laurent Wauquiez. Dans l’émission l’Epreuve de vérité, Bruno Retailleau avait estimé que le retour à l’état d’urgence, tel que demandé par le président de la région Auvergne Rhône-Alpes, « n’était pas le fond du problème ». Le sénateur LR se prononçait, en faveur d’un « réarmement moral » et l’application de « l’arsenal juridique » actuel.
Autre différence : alors que Laurent Wauquiez voulait, déjà, exclure du pays les étrangers fichés S, Bruno Retailleau se limitait à leur expulsion « dès lors qu’il y a une condamnation ».
Une proposition de loi visant à renforcer le contrôle parlementaire du renseignement
Ce lundi, c’est le vice-président de la commission des lois du Sénat, François-Noël Buffet, qui rejoint les préconisations de Bruno Retailleau. « Nous devons être d’une fermeté absolue concernant des situations signalées pouvant comprendre des risques. Un étranger qui se livre à ce type d’action doit être expulsé du territoire français, à condition que nous ayons les éléments suffisants pour le prouver. Ça n’a pas de sens d’expulser systématiquement les fichés S étrangers » estime-t-il.
Pour François-Noël Buffet, « Il faut améliorer davantage les services de renseignement, augmenter les moyens budgétaires, pour un meilleur traitement, et insister sur le renseignement territorial, ça pourrait changer la donne ». Avec Philippe Bas, président LR de la Commission des lois du Sénat, et Christian Cambon, président LR de la commission des affaires étrangères, il vient d’ailleurs de déposer une proposition de loi visant à renforcer le contrôle parlementaire du renseignement. (voir notre article)
« Le droit doit céder face à l’intérêt supérieur de la Nation »
Au sein de la droite sénatoriale, d’autres élus accueillent avec enthousiasme les propositions de Laurent Wauquiez. C’est le cas de Sébastien Meurant, sénateur du Val d’Oise, pour qui « le droit doit céder face à l’intérêt supérieur de la Nation qui est de protéger les Français ».
En effet, hors période d’état d’urgence, priver de liberté « préventivement » une personne contreviendrait à l’État de droit mais Sébastien Meurant confirme, malgré tout, son soutien à cette mesure choc. « Mieux vaut une injustice qu’un grand désordre ». À l’instar de la présidente du FN, le sénateur souhaite également « une révision complète de notre politique de naturalisation » et « expulser manu militari les étrangers radicalisés ». « La question n’est pas d’être d’accord ou pas avec le FN, la question c’est avant tout la sécurité du pays » assure-t-il