Sénatoriales : Mauvaises nouvelles en série pour LREM

Sénatoriales : Mauvaises nouvelles en série pour LREM

En moins d’une semaine, la jeune formation, qui peine à boucler ses investitures pour les élections sénatoriales, a perdu trois têtes de liste. Mais d’autres signaux d’alerte se rajoutent.
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

La loi des séries ? Alors que la République en marche accumule du retard dans le bouclage de ses listes pour les élections sénatoriales du 24 septembre (45 candidats connus sur 170), ce ne sont pas moins de trois candidats qui viennent de jeter l’éponge depuis lundi.

Le dernier en date, le député socialiste sortant Jean-Pierre Le Roch, a annoncé son retrait ce jeudi après après-midi, selon Ouest-France. Investi tête de liste dans le Morbihan le 21 juillet, l’ancien maire de Pontivy se retire de la vie politique. « Mon ambition était de constituer une liste de rassemblement […] Je constate que les conditions de cette ambition ne sont pas réunies », a-t-il indiqué.

La veille, c’est l’ancien directeur de Sciences Po Lille, Pierre Mathiot, qui annonçait qu’il ne conduirait pas la liste LREM dans le Nord. L’ex-candidat, qui traverse une période de deuil, a invoqué des « raisons personnelles », précise la Voix du Nord. Son départ rebat en tout cas les cartes dans ce département, et pourrait redonner espoir à Delphine Bataille d’intégrer la liste. La sénatrice LREM élue en 2011, a siégé jusqu’en juin avec les socialistes au palais du Luxembourg.

Une marcheuse de la première heure jette l’éponge

Mais le plus gros coup de théâtre est venu lundi avec le retrait soudain de la sénatrice sortante de la Seine-et-Marne Nicole Bricq, qui reproche au numéro 2 de sa liste, Arnaud de Belenet, une trop grande ambition. L’ancienne ministre est, avec François Patriat (le président du groupe), l’un des premiers soutiens à avoir soutenu la démarche d’Emmanuel Macron au Sénat, dès le printemps 2016. La République en marche comptait notamment sur son profil pour assurer une éventuelle présidence de la commission des Finances.

Ces départs risquent de perturber le travail de la commission nationale d’investiture, présidée par Jean-Paul Delevoye, dont les conclusions tardent à se faire connaître. Le « monsieur élections » d’En Marche pensait rendre sa copie mardi, une date considérée comme déjà bien tardive par certains membres du groupe au Sénat.

La commission d’investiture jongle avec cinq critères

L’équation reste délicate à résoudre pour le parti, qui vit ses premières élections. Outre les critères de parité et de probité, difficilement contournables, LREM tient aussi à assurer le renouvellement des visages, tout en gardant l’équilibre des différentes familles politiques, de gauche, de la droite et du centre : la fameuse « recomposition ».

Il reste un dernier élément capital, propre aux élections sénatoriales : la connaissance des collectivités territoriales et des grands électeurs. Or,  LREM, inexistante il y a un an, ne dispose d’aucun relais massif dans les assemblées des départements, des grandes régions et surtout des conseils municipaux, qui forment l’essentiel du corps électoral des élections sénatoriales. Le parti n’est pas encore véritablement taillé pour ce type d’élection.

Pour autant, François Patriat s'attend à passer d’un groupe de 30 sénateurs à une force de 50 à 60 sénateurs, dans sa prévision réaliste.

Des espaces au centre convoités, et inquiétudes sur les finances locales

Le groupe LREM né en juin sera-t-il en septembre le deuxième groupe du Sénat, par son poids numérique ? Il reste encore d’autres obstacles. Localement, les autres formations politiques alliées jettent elles aussi leurs forces dans la bataille. On recense par exemple six départements ou territoires [sur 45 renouvelables] où le MoDem présente des candidats, là LREM investit aussi ses propres représentants.

Le groupe RDSE (Rassemblement Démocratique et Social Européen), cher au ministre Jacques Mézard, tient lui aussi à conserver sa place à la Haute Assemblée, de même que l’Union centriste, qui participera à la majorité. Des divisions qui pourraient coûter cher.

LREM va devoir par ailleurs faire face à la grogne des élus locaux, qui protestent contre l’annulation de 300 millions euros de dotations aux collectivités. L’Association des maires de France, par la voix de son président François Baroin, a ainsi déploré « l’utilisation des collectivités locales comme variables d’ajustement budgétaire ».

Portée par les députés de la majorité présidentielle, la suppression prochaine de la réserve parlementaire, qui alimente le budget de certaines petites communes, pourrait également venir grossir la défiance de certains maires de territoires ruraux.

Dans la même thématique

Paris: French Government Weekly Cabinet Meeting
5min

Politique

Pour Bruno Retailleau, les conditions sont réunies pour rester au gouvernement

Alors que François Bayrou souhaite pouvoir avoir le ministre de l’Intérieur sortant dans son équipe, Bruno Retailleau a obtenu les garanties qu’il attendait, selon l’entourage du ministre. Il est prêt à lâcher l’idée d’un grand texte immigration, qui susciterait une levée de boucliers, pour « saucissonner » les sujets via plusieurs propositions de loi. Globalement, les LR sont rassurés et devraient rester au gouvernement.

Le

Sénatoriales : Mauvaises nouvelles en série pour LREM
4min

Politique

Retraites : « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », dénonce Ian Brossat

C’est le signe d’ouverture vers la gauche qu’on retient de la réunion, ce jeudi 19 décembre, entre les différents représentants des partis politiques (hors Rassemblement national et La France insoumise) et François Bayrou. Le nouveau Premier ministre propose de remettre en débat la réforme des retraites, pour aboutir à un nouveau compromis avec les partenaires sociaux d’ici septembre. Sans nouvel accord, c’est la réforme adoptée en 2023 qui continuerait à s’appliquer. « Lorsque François Bayrou met tous les représentants de partis et de groupes autour de la table, je pense qu’il envoie un signal d’ouverture qui va le légitimer. Il est conscient de la situation politique inédite et il tend des mains », salue la députée Renaissance Eléonore Caroit, sur le plateau de Parlement Hebdo, au lendemain de la rencontre. « Au lieu d’avoir cette posture de contestation permanente, travaillons ensemble ! » « La première des choses, c’est de suspendre l’application de cette réforme, pour permettre aux 50 000 salariés qui devaient partir en retraite et qui en ont été empêchés cette année de pouvoir le faire », rétorque le sénateur communiste Ian Brossat. Une position partagée par l’ensemble des partis de gauche, à la sortie de la rencontre à Matignon la veille. Tous attendent davantage de compromis de la part du Premier ministre, avant de s’engager à ne pas le censurer. « Pour l’instant, il n’y a absolument rien qui garantisse à François Bayrou d’échapper à une motion de censure, parce que tout ce qu’il dit va dans le sens d’une perpétuation des politiques macronistes menées depuis 7 ans », fustige le sénateur communiste. Une position que dénonce vivement la députée Renaissance : « S’il faut revenir sur cette réforme, s’il y a des choses à améliorer, je suis tout à fait prête à ce qu’on en discute. Mais je pense qu’il faut qu’on arrête de polariser le débat. Au lieu d’avoir cette posture, cette attitude de renfermement et de contestation permanente, travaillons ensemble ! » Ian Brossat dénonce un « déni de démocratie » Ce n’est pas la première fois que le débat des retraites revient sur la table ces derniers mois. À la fin du mois de novembre, La France insoumise avait profité de sa niche parlementaire à l’Assemblée pour introduire une proposition de loi visant à abroger la réforme. Après des débats houleux, le texte n’avait pas pu être voté en raison du trop grand nombre d’amendements déposés par les groupes de la droite et du centre. « Lorsqu’ils ont eu la possibilité de voter aux dernières élections, les Français ont massivement soutenu des partis politiques qui s’engageaient à abroger la réforme. Quand ce sujet a, à nouveau, été débattu à l’Assemblée, les députés macronistes ont pratiqué l’obstruction pour éviter le vote d’une loi d’abrogation », dénonce Ian Brossat. « Si nous étions dans un pays véritablement démocratique, cette réforme serait déjà abrogée », ajoute-t-il, dénonçant un « déni de démocratie ». Une expression qui ne passe pas pour Eléonore Caroit. « C’est une réforme dont l’examen a pris trois semaines, vous pensez qu’elle aurait pu être abrogée dans une niche parlementaire ? C’est fantaisiste », fustige la députée. De son côté, François Bayrou a répété sur le plateau de France 2 après la rencontre à Matignon, qu’il était ouvert à une autre solution que le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans pour financer le système des retraites. Le nouveau Premier ministre a notamment rappelé qu’il avait été « un militant de la retraite à points ».

Le

Sénatoriales : Mauvaises nouvelles en série pour LREM
4min

Politique

« Consternés », « dépités », « enfumage » : après sa rencontre avec François Bayrou, la gauche menace plus que jamais le Premier ministre de censure

Les chefs de partis et de groupes parlementaires étaient reçus à Matignon par François Bayrou, qui promet de former un gouvernement « avant Noël ». Une rencontre dont les socialistes, écologistes et communistes ressortent sans avoir « trouvé de raison de ne pas censurer » le nouveau Premier ministre, rapporte Olivier Faure.

Le