13 départements français ont annoncé vouloir expérimenter le revenu de base, une allocation minimum d’existence versée aux plus précaires, sous la forme d’une fusion des aides sociales.
Ce revenu de base serait compris entre 431 et 765 euros et accessible à partir de 18 ou 25 ans.
Pour Raphaël Legendre, journaliste à l'Opinion, il s’agit « d’un exercice de simplification et d’unicité des différentes aides sociales, qui sont versées déjà aujourd’hui (…) notamment [le] RSA [Revenu de solidarité active - NDLR) et la prime d’activité. L’idée derrière (…) c’est d’abord de maximiser le recours à ces aides qui ne sont pas demandées par tout le monde (…) Par ailleurs il y a tout un maquis d’aides qui sont dans différents organismes, auquel personne ne comprend rien. »
Nicole Teke, coordinatrice au Mouvement Français pour un Revenu de Base, considère que cette annonce est « une bonne nouvelle » : « Cela constitue une avancée vers l’amélioration, notamment du RSA, dans le sens où ça l’élargit aux 18/25 ans, où cela propose une automaticité du versement et donc une réponse au non recours. Après, pour le Mouvement Français pour un Revenu de Base et pour l’ensemble des militants et des penseurs de l’idée depuis des dizaines et des dizaines d’années, ce qui est proposé par les départements à l’heure actuelle, n’est pas un revenu de base. La définition d’un revenu de base (…) c’est un revenu qui soit garanti mais qui soit inconditionnel, universel et individuel. Et là, en l’occurrence, ce qui est proposé par les départements est plus une étape vers le revenu de base mais pas un revenu de base en soi. »
De son côté, Marc de Basquiat, docteur en économie, contributeur au think tank Génération Libre, explique que de toute façon, il n’est pas possible d’expérimenter un revenu de base : « Parce qu’un vrai revenu de base, c’est une mesure fiscale. Et on ne peut pas expérimenter une mesure fiscale. En réalité, un revenu de base nécessite quatre réformes : une réforme des minima sociaux (…), une réforme de l’impôt sur le revenu (…), [une réforme] des cotisations sociales (…), [une réforme] des aides familiales. Pour l’instant, on ne touche qu’à une des quatre parties, la plus facile. C’est bien de le faire mais on est vraiment très très loin du revenu de base. »
Pour Nicole Teke, le revenu de base renvoie à la question du changement « de logiciel » : « Quand on voit que l’automatisation va détruire de plus en plus d’emplois, quand on voit que les personnes qui sont déjà dans l’emploi accumulent les burn out et les maladies liées au travail, quand on voit que d’un autre côté les chômeurs n’arrivent pas à trouver d’emplois, on a l’impression qu’il est nécessaire maintenant de trouver une autre solution (…) L’idée est (…) d’arrêter avec cette valeur travail, qui place le travail au cœur de toutes les préoccupations, qui est presque le seul outil d’estime de soi et qui fait aussi en sorte que finalement les chômeurs sont taxés d’assistés. »
Vous pouvez voir et revoir le débat sur le revenu de base, en intégralité :
Revenu de base : vers un changement de « logiciel » ?