Retraites : « Qui a la lance à incendie entre les mains ? C’est le Président de la République », estime Boris Vallaud

Retraites : « Qui a la lance à incendie entre les mains ? C’est le Président de la République », estime Boris Vallaud

Invité de notre matinale, Boris Vallaud est revenu sur la crise politique et sociale depuis l’activation du 49-3 à l’Assemblée nationale. Le président du groupe socialiste estime qu’Emmanuel Macron est le seul responsable, et qu’à ce titre, seul un retrait de la réforme des retraites pourra « apaiser » la situation.
Louis Mollier-Sabet

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Les échos de la réunion tenue par Emmanuel Macron avec les parlementaires de la majorité ce mardi soir ont rappelé à certains celle tenue dans les jardins de l’Amérique latine en pleine affaire Benalla. « Il y a un côté bravache chez Emmanuel Macron, il y avait un côté ‘qu’ils viennent me chercher’ », estime par exemple Boris Vallaud.

« C’est un Président forcené, en tête à tête avec lui-même »

Le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale fustige l’attitude du Président de la République depuis qu’il a lancé cette réforme des retraites : « Il n’est prêt à aucun compromis, il est dans une forme d’obstination qui me paraît déraisonnable. C’est un Président forcené, en tête à tête avec lui-même. On a ce sentiment de plus en plus net qu’il y a dans ce mouvement social des causes plus profondes, avec un sentiment d’injustice, une aspiration à un nouvel ordre social. »

Par conséquent, si Boris Vallaud affirme qu’Élisabeth Borne est « largement disqualifiée », il estime qu’un remaniement ne suffirait pas à faire désescalader la situation : « La seule manière d’apaiser, c’est de retirer cette réforme. Il n’y a pas d’ordre sans justice et cette réforme est injuste. Il n’en finit pas d’annoncer une nouvelle méthode. » À ce titre, l’attitude d’Emmanuel Macron « inquiète » le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale : « Je ne sais plus quoi attendre du Président de la République, je suis peiné, inquiet et consterné par cette obstination déraisonnable. »

« La démocratie ne meurt pas de mouvement, elle meurt d’immobilité »

D’après lui, Emmanuel Macron a « abîmé un certain nombre d’institutions » par ses choix. « Il est allé tellement loin que je ne sais pas comment il peut raccommoder. Il le faut, mais il faut des actes forts et espérer l’essoufflement ce n’est pas un acte fort, c’est se moquer de ceux qui ont fait grève. » Le président du groupe PS confie que la majorité présidentielle est fragilisée à l’Assemblée : « Il y a des parlementaires qui ne vous le diront pas, mais dans les couloirs ils en parlent assez ouvertement. Je crois qu’il y a une rupture, à bien des égards. »

L’exécutif va-t-il donc durablement devoir contourner le Parlement à cause de l’utilisation du 49-3 ? Le projet de loi sur l’immigration a par exemple déjà été abandonné. « Quand j’entends qu’on procéderait plus par voie réglementaire que par voie législative, il faut arrêter de creuser la tombe d’une démocratie qui ne demande qu’une chose, vivre. La démocratie ne meurt pas de mouvement, elle meurt d’immobilité. » Finalement, Boris Vallaud « ne sait plus quoi attendre du Président de la République », mais une chose est sûre pour lui : « Qui a la lance à incendie entre les mains ? C’est le Président de la République. »

Dans la même thématique

Paris: Interministerial Innovation Committee
10min

Politique

40 milliards d’économies dans le budget 2026 : les pistes sur la table du gouvernement

François Bayrou organise ce mardi un grand raout pour tenter de partager un constat d’« état d’urgence » sur les finances publiques. Un préalable pour préparer les esprits aux économies qui se préparent dans le budget 2026. Alors que les collectivités pourraient être mises à contribution, le rapporteur du budget au Sénat, Jean-François Husson, en a « assez qu’on se défausse les uns sur les autres ». Le sénateur LR n’écarte pas en revanche une mesure sur les retraités : « Ils sont conscients qu’il y aura un effort à faire », quitte à « revoir certains acquis ».

Le

Ministere des finances – Bercy
4min

Politique

Suppression de niches fiscales dans le budget 2026 : « Économiquement tout est possible, politiquement, c’est plus compliqué »

Alors qu’Eric Lombard a déclaré que 40 milliards d’euros d’économies devraient être réalisés d’ici le budget 2026, l’une des pistes évoquées ce matin par Marc Fesneau, président du groupe Modem à l’Assemblée nationale, est de réduire les niches fiscales. Pour Anne-Sophie Alsif, professeur d’économie à la Sorbonne, la suppression de certaines niches fiscales peut entraîner des économies, au détriment de la croissance.

Le

Retraites : « Qui a la lance à incendie entre les mains ? C’est le Président de la République », estime Boris Vallaud
3min

Politique

40 milliards d’euros d’effort supplémentaire dans le budget 2026 : « C’est une marche très haute », reconnaît Marc Fesneau

Ce lundi, Marc Fesneau, président du groupe Modem à l’Assemblée nationale et député du Loir-et-Cher était l’invité de la matinale de Public Sénat. Il est revenu sur l’annonce faite hier par Éric Lombard d’un « effort supplémentaire de 40 milliards d’euros » en vue du budget pour 2026 afin de remplir l’objectif de déficit de 4,6% du PIB en 2026.

Le

Retraites : « Qui a la lance à incendie entre les mains ? C’est le Président de la République », estime Boris Vallaud
3min

Politique

Dany Brillant : « Le swing rapproche les gens, les noirs et les blancs, les gens d’âges différents »

Auteur de nombreux titres à succès comme C’est ça qui est bon, C’est toi, Viens à Saint-Germain ou Havana, il a réalisé 13 albums, écoulés à plus de 5 millions d’unités. Éduqué aux rythmes du jazz, de l’opéra, de la salsa, avec un oncle qui jouait du luth et chantait de la chanson orientale, cet artiste vit sa musique comme un art universel. Cette semaine, Rebecca Fitoussi reçoit Dany Brillant dans Un monde, un regard sur Public Sénat.

Le