Le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau a déposé vendredi une proposition de loi visant à interdire les "listes communautaristes" aux élections, a-t-on appris dans son entourage.
Déposée à quatre mois et demi des municipales, cette proposition de loi "tendant à assurer le respect des valeurs de la République face aux menaces communautaristes" avait été annoncée il y a quelques semaines par M. Retailleau, qui doit être reçu la semaine prochaine par le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner.
Le texte vise notamment à empêcher le dépôt de listes ou le financement de candidats menant une "campagne communautariste" et soutenant des revendications "fondées sur l'origine ethnique ou l'appartenance religieuse", selon l'exposé des motifs.
Concrètement le matériel électoral devra bannir toute revendication communautariste, et le préfet pourra "faire procéder au retrait des affiches" contrevenant à ce principe, précise la proposition de loi. L'élu aura aussi "obligation de respecter les valeurs de la République".
Ce texte, déposé avant la "marche contre l'islamophobie" dimanche qui divise la gauche, intervient alors que les thèmes inflammables du voile et de la laïcité seront revenus sur le devant de la scène.
M. Retailleau doit être reçu la semaine prochaine par M. Castaner pour parler du communautarisme, aux côtés du président de la région Hauts-de-France (ex-LR) Xavier Bertrand qui a lui aussi appelé à interdire les listes de ce type.
"Si la religion musulmane a naturellement toute sa place dans notre pays, le fondamentalisme islamique ne saurait en aucun cas trouver la sienne dans notre vie politique", détaille l'exposé des motifs.
Le texte s'inquiète de "l'essor de l'islam radical", projet "ouvertement sécessionniste" visant notamment "à isoler les musulmans du reste de la communauté nationale et à substituer des lois religieuses aux lois de la République".
Dans une interview au Figaro vendredi, M. Retailleau a appelé le chef de l'Etat à "sortir de l'ambiguïté", estimant qu"'il vaut mieux prévenir que guérir car lorsque nous aurons des listes communautaristes élues, il sera trop tard".
Objets de toutes les inquiétudes, les listes communautaristes restent en France un phénomène marginal selon les experts, qui soulignent que personne ne revendique ce terme. Souvent mise en cause, l'Union des démocrates musulmans français (UDMF) réfute cette classification. Le parti créé en 2012 a recueilli moins de 29.000 voix aux européennes, avec cependant des pics dans quelques communes en région parisienne.