Santé : le plan d’Emmanuel Macron pour sortir « d’une crise sans fin »

Santé : le plan d’Emmanuel Macron pour sortir « d’une crise sans fin »

A l’occasion de ses vœux aux acteurs de la santé, le président de la République a dévoilé plusieurs « axes » de réforme du système de santé. Principale ambition pour le chef de l’Etat : revoir l’organisation du travail afin de « gagner du temps médical ».
Quentin Calmet

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

A l’occasion des vœux aux acteurs de santé, Emmanuel Macron a annoncé plusieurs chantiers en réponse à la crise que rencontrent les acteurs de la santé en France. L’objectif pour le chef de l’Etat : « gagner du temps de soignant ». Selon Emmanuel Macron : « Notre défi collectif est de dégager du temps de médecin face aux patients et donc de totalement repenser notre organisation collective. »

Avec ce discours de 50 minutes prononcé devant les équipes du Centre hospitalier Sud Francilien de Corbeil-Essonnes, en région parisienne, Emmanuel Macron a tenté de répondre à « l’épuisement personnel et collectif » exprimé par les équipes dans les hôpitaux depuis plusieurs mois, voire plusieurs années.

L’heure des mesures radicales

Le président de la République a tout d’abord rappelé l’effort important acté avec le Ségur de la Santé : « On a déjà collectivement agi, a-t-il plaidé. On a investi 19 milliards d’euros dans notre système de santé. […] On a mis fin au numerus clausus ». Avant d’ajouter : « On doit aller beaucoup plus vite, beaucoup plus fort, prendre des mesures radicales, mais […] jouer aussi d’intelligence collective et de liberté donnée au terrain. »

Coopération entre personnel administratif et soignants

Afin de gagner du « temps médical », Emmanuel Macron entend continuer de délester les médecins de leurs charges administratives, notamment avec le recrutement des assistants médicaux : aujourd’hui, déjà 4000 d’entre eux ont été embauchés, « on doit arriver à 10 000 d’ici la fin de l’année prochaine », a promis le chef de l’Etat afin de « délester » les soignants des tâches périphériques au soin.

Le président de la République a également fait des annonces en faveur du recrutement d’infirmières : le nombre de places ouvertes avait déjà augmenté de 20 % en trois ans, Emmanuel Macron appelle à « aller encore plus loin ».

Repenser l’organisation du temps de travail

Très critique envers l’application des 35 heures à l’hôpital, le président de la République appelé à « remettre à plat » les systèmes de planning et de calculs du temps de travail.

Cette réorganisation doit être actée « d’ici au 1er juin », avec une équipe dédiée à la mise en place de cette réforme et placée auprès du ministre de la Santé.

Plus de liberté d’organisation

Cette réorganisation de l’hôpital pourra s’organiser directement « au niveau du service », « pour prendre les décisions du quotidien ».

Vers une nouvelle gouvernance de l’hôpital

Le chef de l’Etat « souhaite qu’on puisse […] mettre à la tête de nos hôpitaux un tandem administratif et médical, […] pour que tout le monde travaille bien ensemble main dans la main. »

La tarification à l’acte « lèse le cœur des activités »

« La tarification à l’acte a créé beaucoup de dysfonctionnements, a également expliqué le chef de l’Etat. « Le mode de rémunération que l’on a créé ne valorise que l’acte. Il prend mal en compte les soins non programmés, il prend mal en compte les activités les plus complexes, qui vont prendre du temps […] et au fond, il lèse le cœur des activités qui se retrouvent à l’hôpital public aussi parce que beaucoup d’autres ne veulent plus les faire. »

« On doit sortir de la tarification à l’activité dès le prochain projet de loi de financement de la sécurité sociale, a plaidé Emmanuel Macron, pour aller vers un nouveau financement que l’on doit rebâtir sur la base d’un travail en profondeur et d’une concertation qui repose sur une rémunération basée sur des objectifs de santé publique. »

« Nouveau pacte avec la médecine libérale »

Le chef de l’Etat veut « un pacte de droits et de devoirs » avec les médecins de ville. Ces derniers souhaiteraient voir la consultation passer de 25€ à 50€, Emmanuel Macron souhaiterait plutôt « mieux rémunérer » les praticiens qui « assurent la permanence des soins » et « prennent en charge de nouveaux patients ».

Plusieurs réformes de l’organisation de l’hôpital devront être actées d’ici au 1er juin mais le chef de l’Etat a fixé à la fin de l’année une autre ambition : que chaque citoyen ait accès à une offre de soin dans son bassin de vie. Un défi auquel le chef de l’Etat aimerait que les soignants répondent par la coopération et en « travaillant ensemble ».

Dans la même thématique

Santé : le plan d’Emmanuel Macron pour sortir « d’une crise sans fin »
5min

Politique

Européennes 2024 : après le discours d’Emmanuel Macron, Olivier Faure veut saisir l’Arcom au nom de « l’équité » entre les candidats

Le Parti socialiste demande que le discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe, prononcé jeudi 25 avril à la Sorbonne, soit décompté des temps de parole et inscrit dans les comptes de campagne de la majorité présidentielle. Pour le patron du PS, invité de Public Sénat, le chef de l’Etat est devenu « candidat à cette élection européenne ».

Le

Paris : Speech of Emmanuel Macron at La Sorbonne
6min

Politique

Discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe : « Il se pose en sauveur de sa propre majorité, mais aussi en sauveur de l’Europe »

Le chef de l'Etat a prononcé jeudi 25 avril à la Sorbonne un long discours pour appeler les 27 à bâtir une « Europe puissance ». À l’approche des élections européennes, son intervention apparait aussi comme une manière de dynamiser une campagne électorale dans laquelle la majorité présidentielle peine à percer. Interrogés par Public Sénat, les communicants Philippe Moreau-Chevrolet et Emilie Zapalski décryptent la stratégie du chef de l’Etat.

Le

Paris : Speech of Emmanuel Macron at La Sorbonne
11min

Politique

Discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe : on vous résume les principales annonces

Sept ans après une allocution au même endroit, le président de la République était de retour à La Sorbonne, où il a prononcé ce jeudi 25 avril, un discours long d’1h45 sur l’Europe. Se faisant le garant d’une « Europe puissance et prospérité », le chef de l’Etat a également alerté sur le « risque immense » que le vieux continent soit « fragilisé, voire relégué », au regard de la situation internationale, marquée notamment par la guerre en Ukraine et la politique commerciale agressive des Etats-Unis et de la Chine.

Le

Police Aux Frontieres controle sur Autoroute
5min

Politique

Immigration : la Défenseure des droits alerte sur le non-respect du droit des étrangers à la frontière franco-italienne

Après la Cour de Justice de l’Union européenne et le Conseil d’Etat, c’est au tour de la Défenseure des droits d’appeler le gouvernement à faire cesser « les procédures et pratiques » qui contreviennent au droit européen et au droit national lors du contrôle et l’interpellation des étrangers en situation irrégulière à la frontière franco-italienne.

Le