Alors que les députés PS soutiennent l’abrogation de la réforme des retraites portée par La France insoumise, qui efface également le mécanisme mis en place par l’ancienne ministre de la Santé Marisol Touraine sous François Hollande, le sénateur Bernard Jomier (Place publique), appelle les parlementaires de gauche à ne pas aller trop loin face aux enjeux démographiques.
Réélu à la tête du groupe LR, Retailleau « ne sera pas candidat » face à Wauquiez
Par Public Sénat
Publié le
Le suspense était pour le moins faible. Bruno Retailleau a été réélu président du groupe Les Républicains du Sénat. Il était le seul candidat. Avec 17 sénateurs de plus, le groupe sort comme attendu renforcé des sénatoriales de dimanche dernier, passant de 142 à 159 membres. Les nouveaux, reconnaissables à leur badge, ont fait leur arrivée. « Ma Catherine, tu dois être vachement émue » lance un ancien à une néo-sénatrice. Deux sénateurs qui ont quelques années de maison au compteur se saluent : « Bravo mon général ! ». Jean-Pierre Raffarin est venu pour sa dernière réunion de groupe, avant de quitter la vie politique et de créer une ONG. « C’est un passage de relais » dit l’ancien premier ministre. Il y a trois ans, il avait été candidat face à Gérard Larcher dans une primaire interne pour le Plateau. Mais aujourd’hui, « il n’y a pas de débat, c’est la paix ! » lance Jean-Pierre Raffarin.
Après le renouvellement de 2014, Bruno Retailleau avait été élu face à Roger Karoutchi et Gérard Longuet pour prendre la succession de Jean-Claude Gaudin. Cette année, aucun candidat ne s’est lancé face à lui. Des urnes avaient été installées. Comme Gérard Larcher, désigné quelques minutes avant pour être le candidat LR à la présidence du Sénat, le sénateur de Vendée a été élu par acclamation. Ce qui empêche de compter d’éventuelles abstentions.
Les Constructifs restent à la maison
En réalité, les sénateurs LR ne sont pas tous sur la même ligne. Et le risque de scission était là. Les Constructifs LR, sous la houlette de Fabienne Keller et de Claude Malhuret, ont menacé de constituer leur groupe, comme à l’Assemblée. Mais la première s’est montrée plus hésitante ces derniers jours quand le second a annoncé son intention d’aller au bout. Ce matin, Fabienne Keller était bien présente à la réunion. Pour voter, il fallait s’inscrire au groupe…
Peu avant la pause déjeuner, que les sénateurs LR ont passée aux Salons de Boffrand, à la présidence du Sénat, la sénatrice du Bas-Rhin a envoyé un communiqué : « Après avoir échangé avec mes collègues constructifs issus des Républicains, nous sommes une grande majorité à avoir décidé de choisir l'option la plus efficace pour la défense et la prise en compte de nos idées et de nos valeurs humanistes et européennes » en faisant « le choix de demeurer dans notre groupe d'origine mais un groupe refondé autour du respect de ses différentes sensibilités ». Mais d'autres Constructifs veulent toujours faire un groupe au Sénat, où les clivages sont cependant moins marqués qu’à l’Assemblée. « Le groupe a toujours été assez solidaire ici. Au moment de la guerre Copé/Fillon, il n’y a pas eu de R-UMP ici. Ce n’est pas le parti » rappelle un élu du groupe.
« Le groupe n’est ni une auberge espagnole, ni une caserne »
Pour assurer l’unité du groupe, Bruno Retailleau a montré quelques gages de bonne volonté. « L’unité est toujours à faire. Et après les défaites qu’on a connues, les tentations de division ont été là. (…) Le groupe n’est ni une auberge espagnole, ni une caserne. (…) Je veillerai à ce que chacun puisse s’exprimer et ait accès au temps de parole et que la liberté de vote soit garantie à chacun » a affirmé Bruno Retailleau à Public Sénat, après sa réélection. Mais « si le premier groupe se divisait, ça nuirait non seulement au groupe mais aussi au Sénat » insiste le sénateur de Vendée (voir la vidéo, images de Jérôme Rabier et Alicia Arpaia).
D’autres sénateurs LR ont aussi reproché à Bruno Retailleau son rôle dans la campagne présidentielle. Il a poussé jusqu’au bout François Fillon à maintenir sa candidature. Mais aucun candidat sérieux ne pouvait se présenter face à Bruno Retailleau. Et les LR essaient de tourner la page de l’épisode douloureux de la présidentielle.
Symbole d’un groupe plus équilibré, les deux nouveaux vice-présidents sont Dominique Estrosi Sassone (Alpes-Maritimes) et Philippe Mouiller (Deux-Sèvres). L’une a été plutôt sarkozyste, l’autre a soutenu Alain Juppé lors de la primaire. Bruno Retailleau y voit une « complémentarité politique et territoriale », entre une élue d’une grande ville et le maire d’une commune de 3.000 habitants.
« Je ne serai pas candidat pour l’élection » pour la présidence du parti
Réélu à la tête du groupe, Bruno Retailleau a décidé en revanche de ne pas se lancer dans la course pour la tête du parti, face à Laurent Wauquiez. Possibilité qu’il n’avait pas écartée début septembre. « La responsabilité de président de groupe est incompatible avec la candidature au mouvement. Donc je ne serai pas candidat pour l’élection du mois de décembre prochain » annonce le président de groupe à Public Sénat (à 4'05 dans la vidéo). La décision n’a pas été évidente à prendre, comme celle de quitter la présidence de la région Pays de la Loire.
Mais au Sénat, Bruno Retailleau pourra jouir d’une bonne exposition et d’un rôle de contre-pouvoir face à Emmanuel Macron. Il explique sa vision du groupe :
« On sera à la fois une opposition intelligente et une force de proposition. On ne doit pas être ceux du temps d’avant mais ceux qui ont un temps d’avance. J’ai proposé qu’on soit un laboratoire d’idées, qu’on se saisisse de beaucoup de sujets d’actualité, de sujet législatifs et qu’on ait une position en amont bien avant que ne tombent les textes de loi ».
« Il n’est pas question d’adopter une révision de la Constitution qui appauvrirait, en termes de représentation, la France périphérique »
Après la grogne des élus locaux, qui a marqué les sénatoriales, les sénateurs LR se placeront en défenseur des collectivités. « Ça va être notre combat. On ne laissera rien passer » prévient Bruno Retailleau. A commencer par la question de la réduction du nombre de parlementaires et de la représentation des territoires. « Il n’est pas question d’adopter une révision de la Constitution qui appauvrirait, en termes de représentation, la France périphérique. On se battra pied à pied (…) C’est un avertissement qui est clair. Nous portons le message des grands électeurs de dimanche. (…) Nous ne sommes fermés à rien, mais ce ne sera pas un chèque en blanc ». Voilà Emmanuel Macron prévenu…