Rapport confidentiel sur la gestion du covid : « Cela donne l’impression de vouloir cacher les choses »
Catherine Deroche, ancienne rapporteure de la commission d’enquête du Sénat, juge sévèrement le fait que le rapport de l’Igas sur la gestion du covid n’ait pas été publié. Ce rapport révélé par le Parisien, avait été commandé à l’été 2020 par Olivier Véran alors ministre de la Santé.
Il aura fallu attendre plus de deux ans. Deux ans que ce rapport de l’Inspection générale des affaires sociales était dans les tiroirs du ministère de la Santé. Le Parisien révèle, mercredi 4 janvier, les grandes lignes de ce « retour d’expérience du pilotage de la réponse à l’épidémie de covid ».
Les conclusions ont été rendues en novembre 2020, mais elles étaient restées confidentielles. Et pour cause : le document de 205 pages, rédigé par quatre inspecteurs de l’IGAS, dresse une liste de défaillances graves dans la gestion de la crise covid. « Il n’a jamais été rendu public, je trouve, à titre personnel que cela n’est pas normal », a réagi auprès de Public Sénat, Catherine Deroche, à l’époque rapporteure de la commission d’enquête sur la gestion du covid. « L’IGAS est une inspection reconnue, cela donne cette impression de vouloir cacher les choses. »
Dans le rapport de l’IGAS, l’exécutif se voit reprocher trois décisions : « Le manque de masques, le délai avant d’activer le centre de crise interministériel ou encore le maintien des élections municipales en mars 2020 ». Certaines de ces décisions avaient déjà été dénoncées par un rapport sénatorial, publié fin 2020. La commission d’enquête sénatoriale avait ainsi déjà évoqué le fait que « le gouvernement a sciemment dissimulé la pénurie de masques » au début de la crise sanitaire.
Un centre de crise sous-dimensionné
Deuxième reproche majeur et détaillé dans le rapport de l’IGAS : les autorités françaises ont disposé d’un centre de crise relativement modeste, le Corruss (Centre opérationnel de régulation de réponse aux urgences sanitaires et sociales), peu habitué aux grandes crises sanitaires. Le gouvernement a ainsi manqué d’un dispositif « véritablement ministériel » avec des renforts « préalablement désignés et formés à la gestion de crise ».
Jérôme Salomon aurait ainsi eu à gérer des aspects stratégiques, scientifiques et la direction des opérations. « Il en résulte une surcharge au niveau du DGS, directeur général de la Santé », écrit ainsi l’IGAS. Dans leur rapport sénatorial, le rôle de Jérôme Salomon était également pointé du doigt. « Un ministère précocement sensibilisé, mais tardivement engagé dans la lutte contre l’épidémie », écrivaient les sénateurs en décembre 2020. En effet, Agnès Buzyn avait eu une intuition assez tôt mais la cellule de crise n’a été activée qu’à partir du 17 mars, « soit à une date relativement tardive » avaient écrit les sénateurs.
Le rapport de l’IGAS pointe également la désorganisation du centre de crise avec une fragmentation de son pilotage, avec, par exemple, vingt-cinq organigrammes en trois mois. « Ce manque de vision d’ensemble a conduit à des activités conduites en doublon mais aussi à l’absence de prise en charge de certains sujets, en particulier par anticipation », écrivent les inspecteurs.
Olivier Véran sur le rapport de l’IGAS : « J’ai fait effectivement face à une organisation qui n’était pas suffisamment préparée »
A l’occasion du premier conseil des ministres de 2023 ce mercredi 4 janvier, le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran a été interrogé sur le rapport de l’IGAS. Il a rappelé qu’il avait demandé ce rapport lorsqu’il était ministre de la Santé, avant d’ajouter : « J’ai fait effectivement face à une organisation qui n’était pas suffisamment préparée pour faire face à des crises de cette ampleur ».
Il a ajouté : « Par définition, aucun pays au monde n’était prêt à faire face à cette crise d’une telle ampleur, puisque tous les pays ont été percutés par le même virus, dans des conditions à peu près analogues. »
Olivier Véran botte en touche, évitant de revenir sur les conclusions de l’IGAS : « C’est tout à fait nécessaire, et tout à fait normal et j’allais dire ‘Heureusement qu’on demande ce type d’évaluations pour pouvoir adapter notre système de réponse pour faire face à d’éventuelles crises à venir’. »
« Pas de surprise », pour les sénateurs de la commission d’enquête
Entre juillet et novembre 2020, la commission d’enquête du Sénat avait déjà pointé les failles dans la réponse de l’exécutif. « Il n’y a pas de surprise nouvelle par rapport à ce que nous avions écrit », a réagi l’ex-rapporteure de la commission d’enquête, Catherine Deroche.
Interrogée sur la désorganisation du centre opérationnel de régulation, la sénatrice ajoute : « Cela corrobore ce que l’on a dit dans notre commission d’enquête. Il y a eu une multiplication de cellules, quelque chose d’assez brouillon. »
Quant aux reproches adressés au directeur général de la Santé, qui concentrait trop de tâches, Catherine Deroche rappelle : « On a bien dit qu’il faudrait qu’il y ait un délégué interministériel, auprès du premier ministre. »
Ce rapport, fruit des entretiens entre les inspecteurs de l’IGAS et 375 personnes, est désormais entre les mains des magistrats instructeurs de la Cour de Justice de la République. Cette haute juridiction est la seule en France à pouvoir juger des responsables politiques pour des faits commis lorsqu’ils étaient en fonction.
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