Quel Premier ministre pour Emmanuel Macron ?

Quel Premier ministre pour Emmanuel Macron ?

Vendredi dernier, Emmanuel Macron a annoncé au micro d’Europe 1 qu’il avait choisi le Premier ministre qu’il nommerait s'il était élu Président. Homme ou femme, Républicain, socialiste ou centriste, le mystère reste entier puisqu’il a décidé de taire son nom, contrairement à Marine Le Pen qui a annoncé qu’elle nommerait Nicolas Dupont-Aignan.  L'ancien candidat, désormais Président élu, avait donné quelques indications.
Public Sénat

Par Alice Bardo

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« In petto ». Par ces mots usuellement réservés au Pape, Emmanuel Macron a signifié vendredi dernier qu’il tairait le nom de son « cardinal ». Invité d’Europe 1, il venait d’annoncer avoir choisi celui ou celle qui aurait la responsabilité de conduire la politique du gouvernement dans l’hypothèse où il serait élu Président.

Pour Marcelo Wesfried, journaliste au service politique du Figaro, il y a deux explications à la volonté du leader d’En Marche de garder le silence. « Ca ferait le candidat qui a déjà gagné », explique t-il. D’autant qu’il s’agit d’une accusation qui a déjà été portée à son encontre au lendemain du premier tour, après qu’il soit allé fêter sa « victoire » à La Rotonde. 

Outre de se garder d’un triomphalisme déplacé, le journaliste politique suppose qu’« il maintient le suspense pour que tout le monde reste mobilisé ». Le film de la campagne n’est pas encore terminé et le leader d’En Marche ne compte rien lâcher bien qu’il soit pour l’instant en tête des sondages.

Wesfried explique pourquoi Macron garde secret le nom de son Premier ministre
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« Portrait chinois »

Emmanuel Macron a disséminé quelques indices. « Il sera à l’image des engagements que j’ai pris et du portrait chinois que j’ai pu faire » a-t-il confié. Les rumeurs vont bon train. De Jean-Yves Le Drian à Xavier Bertrand, en passant  par Gérard Collomb, Nathalie Kosciusko-Morizet, Sylvie Goulard ou Richard Ferrand, chacun y va de sa supposition. Marcelo Wesfried n’exclut pas non plus qu’il s’agisse de quelqu’un de la société civile, l’un de ces « nouveaux visages » que le candidat s’est engagé à nommer pour incarner le « renouveau politique » qu’il appelle de ses vœux. Ce matin, le leader d’En Marche a pourtant affirmé qu’il s’agirait de « quelqu’un qui aura une expérience dans le champ politique ». Il apparait donc plus probable que son nom soit déjà connu.

L’autre grande incertitude est de savoir s’il s’agit d’un homme ou d’une femme. « Quand on fait la liste des Premiers ministrables possibles, on trouve quand même assez peu de femmes dans son entourage », indique le journaliste du Figaro avant de passer en revue leurs noms. Anne-Marie Idrac est la première qui lui vient à l’esprit. Cette ancienne dirigeante d’entreprise a le mérite de compter parmi ces « nouveaux visages » tout en bénéficiant d’une expérience politique puisqu’elle a été secrétaire d’Etat à deux reprises - sous Jacques Chirac puis sous Sarkozy – ainsi que députée.

Sylvie Goulard, « un signal envoyé à Bruxelles »

Le nom de Christine Largarde a aussi été évoqué mais sa nomination à Matignon apparait « très peu probable » aux yeux de Marcelo Wesfried à cause de l’affaire Tapie dans laquelle elle a été empêtrée. La moralisation de la vie politique à laquelle Emmanuel  Macron se dit très attaché, notamment depuis son alliance avec François Bayrou, devrait suffire à écarter son nom de la liste des potentiels Premiers ministres. Sylvie Goulard, elle, semble plus le convaincre. Si la députée européenne arrivait à Matignon cela serait « un signal envoyé à Bruxelles que la France veut être très active dans l’UE ». Une aubaine pour le candidat euro convaincu. Mais son absence d’expérience politique au niveau national pourrait pêcher.

« Un profil expérimenté »

Wesfried : Macron a besoin d'un profil expérimenté
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« Il a besoin à Matignon de quelqu’un qui sache animer une majorité hétéroclite dans laquelle il y aura beaucoup d’élus qui n’ont jamais fait de politique, explique Marcelo Wesfried. Il a donc besoin d’un profil expérimenté, sans doute d’un ancien ministre, de quelqu’un qui a une vie parlementaire remplie. » Il est en effet fort probable que les résultats des élections législatives, qui se dérouleront les 11 et 18 juin prochains - soit après la nomination du Premier ministre – imposent au nouveau président de la République de gouverner avec une majorité composite. Et comme Emmanuel Macron a indiqué vouloir que son chef de gouvernement reste « aussi longtemps que possible », il lui faut une personne qui « survive à aux élections législatives ». « Quelqu’un capable de faire des deals politiques avec différents groupes » et donc « une personnalité rôdée » complète l’ancien de L’Express. Selon lui, les seuls qui répondent à cette exigence sont François Bayrou, Gérard Collomb et Jean-Yves Le Drian.

L’actuel ministre de la Défense a beau être « un ministre socialiste très apprécié de la droite », il porte comme fardeau d’avoir été dans les gouvernements de François Hollande. « Emmanuel Macron pourrait alors apparaître comme étant dans sa continuité, ce qui lui a souvent été reproché ». Le leader d’En Marche est souvent qualifié par ses adversaires, à commencer par sa rivale Marine Le Pen, d’ « héritier de François Hollande ».

« Macron doit beaucoup à Bayrou »

Wesfried : "Macron doit beaucoup à Bayrou
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Reste alors François Bayrou, « figure du centrisme » pour Marcelo Wiesfried. Il bénéficie de l’expérience politique demandée par le candidat d’En Marche puisqu’il a été ministre de l’Education et qu’en tant qu’ancien député, le palais Bourbon ne lui est pas inconnu.  « Macron lui doit beaucoup », renchérit le journaliste. Alors qu’il envisageait de postuler à l’Elysée pour la troisième fois, le président du Modem a finalement décidé de s’allier avec le candidat d’En Marche. Il tempère : « Le point faible du profil de Bayrou est qu’il a été ministre depuis longtemps, deux fois candidat à la présidentielle et a voté pour François Hollande au second tour en 2012 donc une partie de l’électorat de droite ne l’aime pas trop, tempère Marcelo Wiesfried. Il n’incarne pas le renouveau de la vie politique ».

Au final « Macron n’a pas le choix : il doit choisir entre expérience et renouvellement. Pour le poste de Premier ministre, il choisira très vraisemblablement une personnalité rodée, expérimentée ». Au vu de ses précédents arguments, il s’agit donc du président du Modem. « Il n’a pas de solution idéale, il va devoir choisir la moins mauvaise des solutions à ses yeux », conclut-il.

Invité de l’Epreuve de Vérité le 25 avril dernier, sur Public Sénat, François Bayrou s’est dit attaché à sa ville et prêt à faire tout son possible « pour qu’elle se développe » avant d’ajouter qu’il « ferai(t) tout ce qu’(il) peu(t) pour que (s)on pays sorte de la crise dans laquelle il est ». A bon entendeur…

Bayrou : "Je ferai tout ce que je peux pour que mon pays se sorte de la crise dans laquelle il est"
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