Alors que les députés PS soutiennent l’abrogation de la réforme des retraites portée par La France insoumise, qui efface également le mécanisme mis en place par l’ancienne ministre de la Santé Marisol Touraine sous François Hollande, le sénateur Bernard Jomier (Place publique), appelle les parlementaires de gauche à ne pas aller trop loin face aux enjeux démographiques.
Présidentielle : les parlementaires PS tentés par l’aventure Montebourg iront-ils jusqu’au bout ?
Par Public Sénat
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En marge des journées parlementaires socialistes à Montpellier, les commentaires vont bon train sur 2022, et la situation politique. Les sénateurs et députés préparent les prochains mois de campagne, pour la présidentielle et les législatives. Leur future candidate, Anne Hidalgo, qui doit se lancer officiellement ce dimanche à Rouen, fait un carton. La candidature, le 4 septembre à Clamecy, de l’ancien ministre Arnaud Montebourg en totale autonomie, alimente aussi les conversations. « C’est quand même dommage qu’on en soit là », peste un ancien membre du gouvernement, attablé avec ses collègues sénateurs. Le lendemain, Arnaud Montebourg poursuit sa tournée des médias, sur France Inter.
Alors que le parti devrait mettre en orbite Anne Hidalgo à l’issue du congrès des 18 et 19 septembre (seul Stéphane Le Foll va se présenter face à elle), le cas Arnaud Montebourg risque d’embarrasser la famille socialiste. L’ancien ministre du Redressement productif part en campagne sur le thème de « la Remontada », totalement affranchi du PS, dont il n’est plus adhérent. Au groupe PS du Sénat, qui compte 65 membres, le nombre de ses soutiens oscillerait entre six et dix personnes. Le mouvement est pour l’heure limité.
Ses plus fervents soutiens ne voient aucun souci à l’encourager, lui, plutôt que le ou la candidat(e) qui sera investi(e) par le PS. « Il faut déjà donner sa chance à chacune des candidatures du plateau et pour l’instant Arnaud Montebourg a déposé la sienne, d’autres ne l’ont pas encore fait, je suis assez serein », se défend Jérôme Durain, l’un de ses fidèles amis au Palais du Luxembourg. Dans une période où « rien n’est stabilisé », le sénateur de Saône-et-Loire estime qu’aucun des pro-Montebourg n’est « en marge » dans le groupe. « Arnaud Montebourg, il a une équation personnelle, il a des idées qui sont posées sur la table, il a une démarche politique qui est claire. Que la fête commence. » Un autre soutien au groupe PS constate un certain attentisme. « Il y a quelque chose qui va se déterminer, quand les gens seront convaincus qu’il est installé. »
« Il faut qu’un des deux s’écarte, sinon on va dans le mur »
Un autre proche d’Arnaud Montebourg, Patrice Joly, a lui aussi fait le déplacement la semaine dernière à Clamecy, dans la Nièvre. Le sénateur du département, engagé avec Arnaud Montebourg au début des années 2000 dans le courant du Nouveau Parti socialiste (NPS), aime « regarder avec intérêt » l’aventure de son ami, dont il vante une « stature d’homme d’Etat ». Même s’il manifeste beaucoup d’enthousiasme sur son programme, Patrice Joly précise qu’il soutiendra néanmoins « le candidat le mieux placé ». « On va voir ce que ça va donner, si cette candidature porte ou non. Si elle ne passe pas, il ne faudrait pas qu’elle vienne abîmer la candidature d’Anne Hidalgo. Il faut qu’un des deux s’écarte, sinon on va dans le mur. »
Pour d’autres au sein du groupe, la démarche personnelle de l’ancien ministre est vue comme un facteur de division à gauche, marquée par l’inflation des candidatures. « Plusieurs idées de Montebourg sont utiles, mais sa candidature ne l’est pas. Il sera peut-être plus utile dans une démarche collective que dans une aventure individuelle », commente l’un des piliers du groupe sénatorial. Ce dernier est persuadé que le chantre du Made in France va manquer de soutiens, d’éventuels parrainages mais aussi de moyens financiers pour mener campagne. « Deux ou trois millions d’euros sans être remboursé, cela fait réfléchir. » Tous ces risques, le principal intéressé entend les surmonter sans difficulté, assure-t-il au JDD.
« Légitimiste », le sénateur de Seine-Maritime, Didier Marie, qui connaît également Arnaud Montebourg depuis de nombreuses années, se rangera derrière l’incarnation du Parti socialiste. « J’ai de l’estime et de l’amitié pour lui. Je regrette une chose : qu’il n’inscrive pas sa candidature dans le cadre du parti ». Le sénateur reconnaît que le match Hidalgo-Montebourg ne plaide pas en faveur de ce dernier. « Je ne suis pas convaincu qu’il y ait un élan d’adhésion en sa faveur. » Nombreux sont les collègues au groupe à partager cette analyse. « Arnaud Montebourg était un ministre vaillant. Je préférerais qu’il s’inscrive dans une dynamique au sein du parti, et qu’il se rallie au plus fort », abonde le sénateur Jean-Luc Fichet.
Olivier Faure botte en touche à propos les parlementaires engagés pour Arnaud Montebourg
L’hypothèse du retrait ? Impensable pour Jérôme Durain à ce stade. « Il ne faut pas prendre ses rêves pour des réalités et puis, on verra, bien malin celui qui peut prédire ce qui va se passer dans les prochaines semaines. » L’offre politique à gauche est encore loin d’être arrêté en ce début du mois de septembre. Quant aux conséquences d’un éventuel maintien, certains ne veulent pas non plus y penser. Comment réagir face aux parlementaires qui soutiendraient Arnaud Montebourg, au détriment d’Anne Hidalgo ? « Nous n’avons pas encore de candidat ou de candidate. Donc pour l’instant cette question ne se pose pas », balaye un peu gêné Olivier Faure, depuis Montpellier. Le premier secrétaire du PS donne rendez-vous après le congrès, suivi du processus de désignation. « À partir de là nous aurons à faire en sorte que tout le monde se retrouve, se rassemble autour du candidat ou de la candidate. »
Un soutien affiché pour Arnaud Montebourg ne devrait en tout cas pas avoir d’incidence dans le groupe sénatorial. Dans ce groupe socialiste, écologiste et républicain (SER), tous les membres ne sont d’ailleurs pas tous encartés au PS. « Kanner il a une obsession dans la vie c’est de rester le deuxième groupe au Sénat », témoigne un soutien d’Arnaud Montebourg. En 2017, plusieurs membres dans le groupe avaient, rappelons-le, refusé de s’engager dans la campagne de Benoît Hamon.
Dans cette campagne qui s’installe à peine, Anne Hidalgo, l’invitée de marque aux journées parlementaires des socialistes, a évité toute petite phrase sur la candidature d’Arnaud Montebourg. « Chacun a le droit de présenter ses propositions, essayer de se faire entendre des Français. Je respecte chacun qui se lance dans l’aventure politique. » Une façon de ne pas insulter l’avenir en cas de retrait de l’un ou de l’autre.